Depuis son intronisation au statut de wilaya, Biskra a connu des fortunes diverses. Des actions de développement menées par à-coups durant les divers programmes de restructuration lui donneront un nouveau visage et tenteront de la sortir de l'oubli. Par endroits, la ville endurera hélas, du manque de technicité et de savoir-faire de commis de l'Etat, ne maîtrisant que peu ou pas du tout, l'architecture socio-économique de la ville ni de sa banlieue. Toutes ces entreprises de développement feront perdre à Biskra les senteurs et magies qui ont bercé sa vie et fait aimer ce quelle a de plus secret. A la lumière de ce qu'ont fait leurs prédécesseurs, d'autres cadres prendront le relais pour imposer à cette ville du Sud, des programmes de logements et d'infrastructures peu en harmonie avec son aspect originel. Ce n'est certes pas le propre de Biskra, mais tout le pays semble subir dans sa dimension urbaine, les assauts des nouveaux riches. Le déphasage entre le citoyen, qu'on refuse trop souvent de consulter, et le décideur, se sentant des airs d'envoyé du ciel, doté d'un savoir spécifique que les «indigènes» de cette contrée ne maîtrisent pas, a donné à Biskra un aspect cataclysmique. Que faire devant pareille situation ? Marche arrière ? Trop tard. Les décideurs actuels ont opté pour la devise scoute «Bien faire et laisser dire». Forts d'un programme établi sur les insuffisances décelées depuis une décennie, ils s'attaqueront aux entrailles de la wilaya en remuant les rues et les quartiers pour refaire, voire créer, de nouveaux réseaux d'eau potable et d'assainissement. Ainsi 715 km de conduites d'eau potable seront achevées durant cette période 1999/2008 et 35 châteaux d'eau renfermant une contenance de 47.290 m3 verront le jour. L'assainissement, dont le réseau vétuste date du plan de Constantine, c'est-à-dire d'avant l'indépendance du pays, sera lui aussi visité et un grand collecteur d'eaux usées sera réalisé sur 8 km pour la seule ville de Biskra. A Ouled Djellal, une extension sur le même type de réseau sera réalisée sur 24 km. Près de 18 ouvrages d'art seront conçus pour relier les daïrate et communes entre elles, et onze villes riveraines aux oued Djedaï, oued El-Hay et oued El-Arab bénéficieront de digues de protection contre les crues. L'hydraulique agricole bénéficiera à son tour de l'équipement et de l'aménagement de 1.137 ha sur le périmètre de Mekimnet. Par ailleurs, afin de ne pas baisser la garde contre la progression des sables, une bande verte de 50 ha vient d'être achevée et la plantation d'arbres fruitiers sur plus de 370 ha prolongés de 560 ha d'oliviers plantés sur 469 km. Avec ses 4 millions de palmiers-dattiers et son millier de serres, Biskra peut parler de son décollage agricole en dépit des prix affichés à la commercialisation, mais ça c'est une autre affaire. Pour permettre une meilleure fluidité du transport de marchandises et des personnes, les responsables locaux ont, tant bien que mal, trouvé des palliatifs et soulagé par endroits des populations jusque-là enclavées. Outre 190 km de pistes agricoles nouvelles, de grands travaux ont été entrepris sur le réseau routier où 67 km de dédoublement de routes nationales, 2 échangeurs et une trémie ont vu le jour ainsi que divers aménagements sur près de 600 km sur des chemins de wilaya sont aujourd'hui achevés. Par ailleurs l'extension de l'aérogare Mohamed Khider bat son plein et verra bientôt le site doté de toutes les commodités normalisées d'un aéroport international. Au chapitre habitat, la pression des années précédentes a baissé et le TOL (Taux d'occupation du logement) est passé de 7,6 à 5,4 grâce à la réalisation de près de 24.000 logements, tous programmes confondus. Au titre de la location-vente, 552 logements FNPOS ont été construits, dont une centaine, réalisée il y a près de 5 ans, tarde à être (dé) livrée. La wilaya de Biskra semble toutefois prise dans un circuit ferme quant à la résorption de l'habitat précaire. Malgré les 2.761 logements puisés sur le programme socio-locatif, pour reloger ses «sans-abri», cette difformité dans le paysage urbanistique est loin d'être vaincue. Au volet électrification, même si la norme nationale est de 96% et que certaines améliorations ont été apportées dans le taux de raccordement, Biskra enregistre encore un déficit dans ce domaine. Seuls 44% des ménages utilisent aujourd'hui le gaz naturel et l'éclairage public fait encore défaut dans certains quartiers intérieurs de la ville. Des chantiers en perspective pour le secteur des mines. Le secteur éducatif, à la faveur des réalisations concrétisées, a permis l'amélioration du taux d'occupation des classes qui a dégagé une réduction sensible dans le primaire et le moyen, cela grâce à la réalisation de 5 lycées de 1.000 places, 8 lycées de 800 places, dont 2 sont en cours de réalisation, 33 collèges dont 5 sont en voie de finition, 36 groupes scolaires, dont 6 seront livrés incessamment. L'université Mohamed Khider continuera son extension à Chetma par la réalisation de 23.000 places pédagogiques, dont 8.000 sont en voie d'achèvement, une cité de 10.000 lits et un nouvel auditorium d'une capacité de 600 places seront érigés à Biskra. La formation professionnelle n'est pas en reste et profitera de cette vague de développement pour réaliser et équiper 1 institut national spécialisé dans la formation professionnelle et de 2 instituts pour l'apprentissage dans la région de Tolga. Le secteur de la santé, après sa longue traversée du désert, semble refaire surface par la rénovation de ses structures et de ses équipements, devenus plus fiables. L'effort consenti par les pouvoirs publics a permis la réalisation de 47 salles de soins, 2 polycliniques, 1 maternité urbaine de 84 lits, 1 pavillon des urgences médico-chirurgicales et le lancement de chantiers pour 2 hôpitaux de 60 lits à Zeribet El-Oued et El-Kantara, d'un hôpital psychiatrique à Biskra, d'un centre pour prendre en charge les toxicomanies et de diverses autres unités sanitaires de premières urgences en banlieue. Le secteur de la jeunesse et des sports, qui a fait sa mue depuis peu, a enregistré d'importantes réalisations, avec 12 salles polyvalentes, 3 auberges de jeunesse, dont une est en cours et une maison de jeunes répondant aux nouvelles normes de cette structure, 3 stades communaux, 2 pistes d'athlétisme, plus de 50 terrains de proximité, prêts à l'emploi. La réalisation d'un centre pour jeunes talents, qui regroupera les jeunes footballeurs de la région, pour en faire le creuset de l'équipe nationale, est entamée à 40%, 3 piscines semi-olympiques seront livrées d'ici l'été, un centre de loisirs scientifiques ouvrira bientôt ses portes à tous les férus des sciences expérimentales. Le secteur de la culture aura enfin attiré les regards des décideurs qui ont programmé un conservatoire de musique, 1 centre de manuscrits, 13 bibliothèques communales, 1 bibliothèque pour le chef-lieu de la wilaya, 1 théâtre et un centre culturel islamique. Au titre de ces programmes de développement, un budget global de 105,5 milliards de DA aura été consommé. Cependant, en dépit de ce bond remarquable, dont les bienfaits sont ressentis par toutes les populations, la wilaya de Biskra souffre encore du manque de cadres techniques, de moyens de contrôle et de transport et l'insuffisance de matériaux de construction, tel le rond à béton qui a par moments retardé les délais de livraison de certaines structures. Le manque de bureaux d'études en VRD contraint souvent à l'appel de bureaux hors de la wilaya et l'augmentation continue des prix des cut back (bitume) et des agrégats a aussi créé une instabilité dans les coûts de marchés. Aujourd'hui, dans l'espoir d'obtenir des enveloppes plus conséquentes, la population de Biskra accueille, parée de ses plus beaux atours, le Président de la République, dans la capitale des Ziban qui constitue une véritable richesse et un patrimoine historique et naturel exceptionnel.