A Tiaret, la saison des hirondelles a fait une entrée en la matière des plus caniculaires puisque le mercure flirte ces derniers jours avec les 26 degrés Celsius, une température peu habituelle à pareille époque de l'année. Nombreux sont ceux qui ont déjà rangé leurs habits d'été pour enfiler des tenues légères faisant fi de ce bon vieux diction qui voudrait qu'au mois d'avril, personne ne doit s'aventurer à enlever un fil sous peine d'une grippe carabinée. Pour revenir à la chaleur précoce de cette année, trois adolescents sont d'ailleurs morts noyés le week-end dernier en voulant faire trempette dans des mares remplies d'eaux pluviales. Chaque année à Tiaret, des jeunes périssent dans les oueds et autres flaques d'eau, à cause de l'absence criarde de piscines et autres lieux de distraction appropriés. Il est connu que Tiaret manque cruellement de lieux de détente et de distraction. Avec une population de jeunes parmi les plus importantes de l'Oranie, la capitale des Hauts Plateaux de l'Ouest est une ville où il n'est point possible de se détendre ni récupérer un brin après une longue journée de travail. A part les cybercafés qui affichent plein tous les jours que Dieu fait sans trop savoir ce que tous ces «teenagers» y cherchent, à Tiaret mieux vaut rentrer chez soi aux premières lueurs du crépuscule. La wilaya de Tiaret détient d'ailleurs la palme du plus vieux projet du pays avec une piscine olympique qui n'a pas vu le jour... depuis vingt-cinq ans. Malgré les «mesures correctives» prises par les autorités concernées, le projet, qui a englouti des dizaines de milliards, semble loin de devenir réalité au plus grand dam de la population juvénile. Et même si la piscine semi-olympique, ouverte il y a deux années, permet à quelques jeunes d'échapper à la canicule et aux dangers de la rue, le manque flagrant de lieux de distraction à Tiaret plonge les jeunes surtout, dans un vide sidéral avec tout le corollaire de maux qui lui sont attachés. Jadis lieu privilégié des familles tiarétiennes, le parc d'attractions et de loisirs, implanté au beau milieu de la magnifique pinède de la forêt des pins, n'est plus qu'un endroit malfamé où pratiquement plus personne n'y met les pieds à cause de l'insécurité et les maux en tous genres qui y sévissent. A l'image de la plus prestigieuse rue de la ville de Tiaret, l'ex-rue Bugeaud, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, même la dépréciée «place Carnot» a perdu de son charme à cause de travaux bâclés qui lui ont fait perdre son âme. Aujourd'hui avec un ville-mégapole qui s'étire indéfiniment vers le sud, les trois quarts de l'antique Tihert ne sont plus que des immeubles et autres blocs de béton laids où il n'est plus possible d'y faire autre chose que de roupiller en rêvant à une vie meilleure ou peut-être... ailleurs ! Annoncé avec tambours et fracas il y a presque deux années de cela par les autorités de la wilaya, ce qui devait être le futur parc aquatique de la ville n'est plus aujourd'hui qu'un mirage sur lequel plus d'un Tiareti continue de «surfer»... par-dessus la jambe en attendant des jours meilleurs... ! «A part tirer des plans sur la comète et faire des rêves à blanc, que voulez-vous qu'un jeune fasse dans une ville où même les chats meurent d'ennui», nous dit d'une voix enrouée Khalidou, un «joint» scotché au bec et le regard étrangement vide...