Demain débutera officiellement la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle d'avril prochain. A des degrés divers, les six candidats n'ont pas attendu ce coup d'envoi pour aller à la quête d'un soutien populaire. Dans cet exercice, c'est le Président candidat qui s'est le plus démené car ayant l'avantage, étant en exercice, d'avoir transformé des activité liées à sa charge en autant d'opportunités de battre campagne. Les autres se sont limités à des rencontres organiques pour ceux d'entre eux qui disposent d'un appareil partisan, à de simples contacts avec les médias pour ceux qui en sont dépourvus. Il est clair que les six candidats ne partent pas en campagne armés d'atouts égalitaires. Là encore, le Président candidat bénéficie d'un avantage disproportionné, celui de compter sur une véritable machine électorale qui permet à son camp d'envisager la tenue de 8.000 meetings populaires. Un maillage qui est hors de portée des cinq autres candidats, dont les mieux lotis ne parviendront, dans le meilleur des cas, qu'à animer des rencontres dans certains chefs-lieux des wilayas du pays. Bouteflika n'animera personnellement, dit-on, que six meetings électoraux durant sa campagne. Point n'est besoin pour lui effectivement de «mouiller la chemise», sa machine électorale s'en chargera. Et quelle machine !, qui regroupe les trois plus importantes formations de l'échiquier partisan, leurs innombrables organisations et associations civiles satellitaires, l'équipe gouvernementale presque au grand complet et tout ce que le pays compte de «notabilités» intéressées par la continuité qu'assurera un troisième mandat de Bouteflika. Qui plus est, cette machine aura à disposition les relais médiatiques lourds étatiques dont il ne faut pas attendre qu'ils respecteront la parité qui devrait être la règle pour leur couverture des manifestations électorales des six candidats. Que dire du «nerf de la guerre», la cagnotte financière ? Sinon que là aussi, et surtout là, il n'y a pas photo entre le pactole dans lequel puisera le camp du Président candidat et ceux des autres. L'on assistera en définitive à une campagne, celle en faveur du candidat Bouteflika qui va être menée sans compter, et celles des autres qui se feront à économie réduite. Les six candidats seront néanmoins à égalité sur un point, celui de devoir compter avec le climat d'indifférence populaire qui entoure l'entame de cette campagne électorale. Ils ont un intérêt commun, celui de faire prendre conscience aux citoyens que l'élection présidentielle est un rendez-vous aux conséquences déterminantes pour la stabilité du pays et ainsi espérer conjurer le spectre de l'abstention massive qui plane sur le scrutin du 9 avril. Une abstention de cette sorte serait préjudiciable au gagnant en terme de légitimité populaire, mais aussi pour les perdants qui en subiront un discrédit inévitable.