Une délégation d'experts britanniques en matière de réforme pénitentiaire est depuis une semaine en Algérie sur invitation de la direction générale des pénitenciers et de la réinsertion des prisonniers. L'objectif est d'aider les autorités pénitentiaires algériennes pour une meilleure gestion des prisons et cela dans le cadre de la réforme engagée par notre pays dans le secteur depuis plusieurs années déjà. Au cours d'une conférence de presse animée hier à la direction générale des pénitenciers et de la réinsertion des prisonniers à Château-neuf, El-Biar à Alger, le premier responsable de cette institution, M. Fellioune Mokhtar, a indiqué que la présence des Britanniques entre dans le cadre de la deuxième phase (juin 2008-mars 2010) d'un programme pilote et stratégique pour la gestion des prisons et ce, conformément aux normes internationales mais aussi en conformité avec les règles imposées par les Nations unies. Quatre prisons, notamment celle d'El-Harrach, Boufarik, Boussouf (Constantine) et Tidjelabine dans la wilaya de Boumerdès sont déjà engagées dans ce programme pilote dont l'objectif est d'assurer, explique M. Fellioune, la protection de la société du crime tout en offrant aux détenus des «conditions d'incarcération dignes». A ce sujet, Fellioune Mokhtar a assuré hier lors de son intervention qu'en termes de respect de la convention des droits des prisonniers mise en place depuis l'année 1957, l'Algérie dépasse même aujourd'hui ces normes, notamment en ce qui concerne la couverture médicale dans les prisons qui sont dotées, dit-il, de médecins et de tout le matériel nécessaire. Fellioune a déclaré que grâce au programme de réinsertion par la formation et l'éducation mis en place dans les prisons algériennes, beaucoup de détenus ont pu retrouver une vie normale, une fois purgée leur peine. Il soulignera, à titre d'exemple, que sur 8.778 détenus qui ont bénéficié d'une libéralisation pour avoir décroché leurs diplômes depuis l'année 2006, seule une personne a récidivé et s'est retrouvée encore une fois en prison. Pour cette année 2009, a-t-il encore ajouté, ils sont quelque 20.454 détenus à poursuivre des études en prison alors qu'ils n'étaient que 1.200 durant l'année scolaire 2002-2003. Fellioune explique que partant de ces données, le détenu qui fait des études ne verse pas facilement dans le crime une fois libéré. Par ailleurs le premier responsable de l'administration pénitentiaire a fait savoir hier qu'une nouvelle loi est en préparation et devrait entrer en vigueur prochainement et va permettre désormais à une certaine catégorie de détenus en attente de jugement d'être libérés en payant une caution. Bien évidement la décision de libérer un détenu sous caution restera du seul ressort du juge qui sera libre d'apprécier chaque cas. Tout comme la nouvelle loi prévoit également de faire bénéficier certains détenus de «peines alternatives» qui consistent à faire travailler gratuitement le détenu au lieu de l'enfermer dans sa cellule. Cette expérience sera lancée, apprend-on, dans les quatre prisons citées plus haut avant d'être généralisée à travers toutes les maisons de redressement du pays. «J'ai constaté qu'il y a des prisonniers en Algérie qui peuvent être punis en restant dans la société», a déclaré pour sa part M. Barckly, le chef de la délégation britannique. M. Barckly, ancien directeur de prison et qui a visité plusieurs établissements pénitentiaires lors de son séjour en Algérie, a déclaré que les conditions d'incarcération sont excellentes en Algérie par rapport à certains pays, notamment en matière de couverture médicale.