La campagne électorale officielle en est à sa quatrième journée en ce dimanche 22 mars. Pour oser une comparaison du domaine sportif, disons que les six candidats en lice sont en période d'échauffement. Dans leurs premières apparitions et prises de parole, ils ont laissé l'impression d'être en recherche de la posture et du leitmotiv qui les distinguera les uns des autres. Candidat particulier parce que président sortant, Abdelaziz Bouteflika semble vouloir opter pour le discours modéré, sans agressivité à l'égard de ses cinq autres compétiteurs. A Batna puis à Béchar, le Président candidat s'est contenté de se présenter à ses auditoires en tant que «porteur des mêmes idées et du même programme économique et social basés sur la réconciliation nationale», sur lesquels il a été élu en 1999 puis réélu en 2004. Il se désigne ainsi comme le candidat de la continuité dans une gouvernance qui a déjà donné des fruits en matière de redressement national et dont il faut garder le cap afin qu'elle tienne toutes les promesses sur lesquelles lui, qui en est le moteur, s'est engagé. En concurrence avec le Président candidat, ses cinq rivaux en sont à tester pour leur part les arguments et le ton par lesquels ils seront à même de convaincre qu'ils constituent respectivement une alternative à cette gouvernance et à son bilan, dont ils n'apprécient évidemment pas à la même aune les résultats que Bouteflika et ses thuriféraires. Dans l'exercice, c'est Louisa Hanoun, la candidate du Parti des travailleurs, qui semble avoir le plus de facilité. Pour la raison que le programme sur lequel sont basés son discours électoral et ses engagements est doctrinalement dans la rupture avec ce qui s'est fait durant les deux mandats de Bouteflika au plan économique et social. Les quatre autres sont gênés aux entournures, s'agissant d'une condamnation franche des fondamentaux doctrinaux à la base du programme du Président candidat. Aucun d'eux ne remet en cause en effet le choix de l'économie libérale dans laquelle a basculé le pays depuis près de deux décennies. Ils n'ont de ce fait d'autre latitude que de stigmatiser le bilan de la gouvernance de Bouteflika et l'incurie des hommes dont il s'est entouré pour gérer le pays. Au quatrième jour de cette campagne, l'on ne peut parler d'engouement populaire visible pour la joute électorale et pas plus d'indifférence tranchée. Les six candidats n'ont pas encore drainé de grandes foules aux meetings qu'ils ont animés (ce qui, dans le cas du Président candidat, est toute de même inquiétant) ; mais cela n'a pas été non plus la Berezina électorale qu'ont prédit les partisans du boycott, même pour ce stade de la compétition. Les six sont d'ailleurs conscients que leur campagne électorale risque d'être confrontée à la désaffection populaire, d'où leur unanimité à présenter l'accomplissement du devoir électoral par les citoyens comme la contribution à l'effort de redressement national, au-delà des préférences de chacun en terme de programme et de candidat.