La Russie parle trop, mais sans trop agir pour soutenir, en tant que pays producteur non membre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). C'est en filigrane le message adressé par Chakib Khelil aux décideurs russes concernant leur position vis-à-vis de l'OPEP. Dans une déclaration à l'agence russe Ria Novosti, le ministre algérien n'a pas fait dans la dentelle en accusant la Russie, un des plus gros producteurs de brut non membre de l'OPEP, de trop parler sans résultats en ce qui concerne un quelconque soutien à l'organisation pour soutenir les prix du pétrole. Pour M. Khelil, l'OPEP «ne bénéficie pas de soutien réel de la part des producteurs indépendants, dont la Russie, afin de stabiliser les prix mondiaux du pétrole». Plus direct, il a ajouté que «la Russie ne nous a apporté aucun soutien par le passé et je ne pense pas qu'elle le fasse à l'avenir». Il a ainsi estimé que la Russie parle trop mais n'agit pas. «On constate dans ce domaine beaucoup de bavardages, mais pas de progrès». Lors de la conférence ministérielle de décembre à Oran (Algérie), la Russie avait tenu pour la première fois à participer en tant qu'observateur à cette réunion, manifestant «son intérêt» pour une intégration à l'organisation. Du moins travailler de concert avec l'OPEP pour stabiliser les prix et réguler le marché pétrolier, à un moment de violents effritements des prix pétroliers sur le sillage de l'éclatement de la crise économique mondiale. «Les efforts visant à stabiliser le marché n'ont été entrepris que par les membres de l'OPEP: ni la Norvège, ni le Mexique, ni la Russie n'ont fait quoi que ce soit dans ce sens», a-t-il constaté. M. Khelil précise que les relations entre la Russie et l'OPEP se limitent actuellement «à un échange de vues et d'expérience». Rien de plus. D'autant que les non-dits de cette relation représentent toute la dimension politique qui sépare les intérêts directs d'un pays non-OPEP à une organisation qui veut organiser durablement le marché pétrolier. L'OPEP, qui représente 40% de la production mondiale, a demandé à plusieurs reprises aux pays non membres de travailler avec elle autant pour stabiliser le marché, éviter le délitement des cours et répondre d'une manière ordonnée à toute crise sur le marché pétrolier. Par ailleurs, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) devrait maintenir inchangé son plafond de production lors de la prochaine conférence ministérielle le 28 mai prochain à Vienne, a-t-il confirmé à Ria Novosti. Il a précisé que «je ne pense pas qu'il soit nécessaire de réduire ou d'augmenter la production». Lors de sa dernière réunion au mois de mars à Vienne où siège l'organisation, l'OPEP avait déjà décidé de ne pas revoir à la baisse sa production, pour stabiliser le marché. Elle avait, au mois de décembre dernier à Oran, décidé une coupe drastique avec 2 millions de barils/jour, soit une réduction cumulée de 4,2 MBJ depuis septembre 2008. Les prix du brut, qui avaient chuté à moins de 50 dollars/baril, ont depuis repris des couleurs. «Cette fois encore, nous adopterons une décision susceptible de stabiliser le marché», a-t-il ajouté, relevant que la situation économique mondiale a tendance à s'améliorer. M. Khelil a estimé que les prix du brut ne baisseront pas d'ici fin mai et que les pays membres de l'OPEP respecteront scrupuleusement leurs quotas de production. Actuellement, le respect par les pays membres de leur quota de production est évalué à 80%, ce qui constitue, selon M. Khelil, «un résultat remarquable. Mais, d'ici la réunion de l'OPEP à Vienne, cet indice atteindra 90%». Lors de cette réunion, l'OPEP va prendre en considération la situation de l'économie mondiale, et si celle-ci se renforce d'ici là (prochaine réunion de l'Opep), «c'est une bonne chose et ce serait en faveur de la décision de ne pas changer les quotas puisque ça va dans le bon sens», a précisé M. Khelil dans une déclaration à la presse à Alger. «Si les prix restent à ce niveau (50 dollars) ou stagnent même un peu au-dessous (de ce seuil), je pense que c'est une bonne chose parce qu'il ne faut pas oublier que l'économie mondiale est en décroissance» a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il ne faut dès lors plus s'attendre à un changement dans la production de l'organisation. En fin de semaine, les prix du pétrole avaient poursuivi leur hausse à la faveur d'une reprise des marchés boursiers et un impact positif des chiffres sur les réserves américaines publiées la veille. Le Brent de la mer du Nord (pour livraison en mai) a terminé à Londres en hausse de 1,18 dollar pour clôturer à 52,78 dollars le baril. A New York, le baril de «light sweet crude» (pour livraison en mai) a gagné 1,57 dollar à 50,95 dollars.