Le commissaire européen à l'Energie s'est déclaré, jeudi à Lisbonne, défavorable à cette idée. Alors que l'idée d'une Opep du gaz gagne du terrain, les Européens expriment, une fois encore, leur crainte vis-à-vis de la réalisation de ce projet. «J'appelle à ce que cette idée n'avance pas car le marché du gaz doit être libéralisé pour fonctionner, sans conditionnement des prix», a déclaré jeudi le commissaire européen à l'Energie, M.Andris Piebalgs, en marge d'un colloque à Lisbonne. Il a estimé que le marché du gaz a besoin d'un environnement concurrentiel pour se développer. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a déclaré, lundi passé à Oran, qu'une Opep du gaz est possible si des producteurs sont intéressés par l'idée émise par le géant russe du gaz Gazprom. «Pour le moment, c'est une réflexion que nous aurons à débattre lors de la prochaine conférence de Doha des pays producteurs et exportateurs de gaz», a-t-il ajouté. La déclaration de M.Khelil est venue juste après celle du président de la République qui a annoncé, une semaine avant, dans un entretien au quotidien espagnol El Pais, qu'il ne fallait «pas rejeter a priori» l'idée d'une Opep du gaz. Selon un quotidien russe, cinq des principaux pays producteurs -l'Algérie, le Qatar, l'Iran, la Russie et le Venezuela- ont l'intention d'avancer sur ce projet au cours d'une réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) le 9 avril à Doha. Chakib Khelil est revenu quant à lui sur ce sujet, jeudi, pour rassurer les utilisateurs de gaz naturel en estimant que les producteurs et les acheteurs sont liés par une interdépendance bénéfique. «La relation entre les pays producteurs et les pays importateurs de gaz s'inscrit dans la durée et crée une interdépendance dont les implications peuvent être bénéfiques pour les deux parties et constituer une base pour la consolidation des relations durables et de coopération», a estimé le ministre. Il a déploré que cette interdépendance ne soit pas toujours perçue positivement par tous les acteurs qui la considèrent comme une source d'inquiétude quant à la sécurité de l'approvisionnement énergétique. «Les exportations gazières d'Algérie n'ont jamais connu de perturbations même durant les pires moments qu'a connus le pays durant les années 1990», a dit le ministre dans une allusion aux années de violences. Il a tenu à préciser en outre, que le prix du gaz allait suivre la tendance générale des prix du pétrole pour les prochaines années. S'agissant du marché pétrolier, le ministre de l'Energie et des Mines a estimé que ce dernier devrait rester stable en 2007 minimisant le risque d'une «chute significative» des prix. Dans une analyse rétrospective de ce marché durant ces 5 dernières années, M.Khelil a relevé que les prix du pétrole avaient connu une croissance continue passant pour le panier de l'Opep de 23,1 dollars le baril en 2001 à une moyenne de 61,08 dollars le baril en 2006, soit une augmentation de 160% durant la période. Cependant, a-t-il noté, cette hausse n'a pas cassé la croissance mondiale, encore moins provoqué une récession, comme on nous l'a asséné pendant des années. M.Khelil a précisé également que l'Opep, qui a réduit sa production de plus de 1 million de barils/jours ces derniers mois, a pu reconstituer une capacité de production non utilisée significative qui lui permet de maîtriser une éventuelle hausse trop forte des prix. Ainsi, a-t-il poursuivi, l'Opep s'est redonné les moyens de sa politique et peut agir avec efficacité sur le marché pétrolier dans le sens d'une concrétisation de ses objectifs, en l'occurrence un approvisionnement régulier de l'économie mondiale à des «prix justes». «Cette analyse nous autorise, sauf crise politique ou économique sérieuse, à un optimisme mesuré quant à l'évolution des prix du pétrole pour 2007», a conclu le ministre.