L'envoyé spécial du président américain à Alger a affirmé hier être à la recherche d'appuis dans la région du Maghreb pour, a-t-il dit, «tenter de faire avancer les solutions que proposent les Etats-Unis» pour «un règlement pacifique de la question du Moyen-Orient». Chargé par Barack Obama du dossier Moyen-Orient, George John Mitchell est arrivé hier à Alger pour s'entretenir à ce sujet avec des personnalités politiques notamment avec le président de la République. Dès son arrivée à l'aéroport international d'Alger, l'envoyé spécial du chef de la Maison Blanche a remercié «l'Algérie pour l'appui qu'elle apporte à une paix globale au Moyen-Orient». Il a fait savoir que les Etats-Unis se sont engagés à aller vers une paix globale, par un règlement pacifique de la question du Moyen-Orient, y compris une solution au conflit israélo-palestinien. Solution qui, a-t-il précisé, «consiste en deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la prospérité». Bloqué depuis longtemps à cause de la politique guerrière d'Israël et de ses agressions contre les Palestiniens dont la plus meurtrière a été celle perpétrée contre Gaza en décembre dernier, le processus de paix peine à redémarrer. Obama tente de le relancer avec une nouvelle manière de voir les choses. Il a décidé d'y associer l'ensemble des pays arabes y compris ceux du Maghreb en ouvrant de larges discussions avec leurs gouvernants. Le président américain avait souligné tout au début de son investiture qu'il était prêt à écouter tout le monde pour le règlement de ce dossier. George John Mitchell a déclaré hier qu'il était venu, en effet, pour s'entretenir avec plusieurs personnalités en vue de les amener à appuyer les solutions proposées par les Etats-Unis à ce propos et «tenter de les faire avancer». Il estime que «vu la longue expérience et la grande connaissance de l'Algérie de la question du Moyen-Orient, et son rôle largement reconnu, j'attends impatiemment les conseils du président Bouteflika et son ministre des Affaires étrangères pour pouvoir trouver les voies et moyens d'aller de l'avant dans les solutions proposées». D'ailleurs, l'émissaire d'Obama qui entame une visite dans les pays du Maghreb, a été reçu dès son arrivée hier par le président de la République avec qui, a-t-il dit, «j'ai eu des discussions très intéressantes, très sincères et complètes sur plusieurs points et questions» relevant de sa mission et d'intérêt commun. John Mitchell a dit du président Bouteflika qu'il «est l'un des dirigeants les plus respectés et les plus considérés (...). Ses conseils et ses avis sont de la plus haute importance et du plus grand intérêt pour nous.» «Nous sommes d'accord sur les objectifs à atteindre» Mitchell a estimé toujours à l'issue de l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat que «c'est pour cela que nous comptons sur ses conseils et ses avis pour poursuivre la mission que nous devons mener dans la région». Il a souligné que le président Bouteflika lui a «accordé très généreusement beaucoup de son temps mais m'a également invité à retourner en Algérie, invitation que j'ai acceptée». Il a rappelé encore une fois que «la politique du président Obama, de la secrétaire d'Etat, Mme Hillary Clinton, et moi-même ainsi que celle de tout le gouvernement américain concernant la région est tout à fait claire. Elle est en faveur d'une solution pacifique et globale au Moyen-Orient.» Pour Mitchell qui visite pour la troisième fois le Maghreb, «c'est (d')essayer avec les dirigeants de la région de trouver rapidement la meilleure solution pour atteindre notre objectif commun à savoir la paix au Moyen-Orient». Il espère que «nous allons travailler davantage ensemble afin de faire aboutir le processus de paix dans la région (...). Nous sommes d'accord sur les objectifs à atteindre, nous sommes également d'accord sur le fait que la tâche ne sera pas facile.» Arriver à une solution pacifique est à ses yeux «dans l'intérêt des Etats-Unis mais aussi dans l'intérêt des peuples de la région». Les déclarations de John Mitchell recoupent celles exprimées par le porte-parole du département d'Etat, Richard Aker, au lendemain des résultats de la dernière élection présidentielle algérienne. «Tout d'abord, nous serons heureux de coopérer avec le président Bouteflika alors qu'il entame son troisième mandat», a-t-il déclaré à la presse. Il a affirmé que «nous voulons coopérer avec lui au moment où il poursuit ses réformes économiques et politiques et la réconciliation nationale qu'il a entamée lors de ses premiers termes». Obama veut coopérer avec Bouteflika Interrogé sur les irrégularités enregistrées par les candidats lors de la tenue du scrutin du 9 avril dernier, le porte-parole du ministère d'Hillary Clinton a avoué que «nous avons connaissance de plaintes et du fait que certains partis de l'opposition ont boycotté l'élection et nous coopérons avec le gouvernement algérien pour régler ce problème». Richard Aker ajoutera certes que «nous sommes préoccupés par ces questions et nous souhaitons que le gouvernement y réponde». Mais réitère la volonté de son pays de travailler avec Bouteflika en soulignant «mais pour l'instant, nous ne voyons aucune raison de ne pas croire que nous allons continuer à coopérer avec le président pendant son prochain mandat». Pour rappel, l'Algérie a exprimé récemment son soutien à la tenue à Moscou fin avril courant d'une conférence internationale sur le Moyen-Orient. Elle a aussi été parmi les pays qui avaient assisté entre autres au sommet de Doha organisé pendant la guerre menée par Israël contre Gaza. Sommet qui a été boycotté par l'Egypte et l'Autorité palestinienne mais auquel ont participé outre l'Algérie, l'Iran, la Syrie, le Soudan, la Somalie et la Turquie, des pays qui soutiennent la résistance palestinienne qu'incarne fortement le Hamas. La solution de deux Etats, palestinien et israélien, a fait l'objet durant le mandat de Bush d'un nombre important de consultations, de réunions et de pourparlers entre Américains, Palestiniens et Israéliens mais aussi au sein du Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Ligue arabe) mais sans résultats probants. Bush avait promis la création d'un Etat palestinien avant la fin 2008. Quatre groupes composés de ces trois parties ont été constitués pour «aller au fond des choses». Il était question de plancher entre autres sur le statut d'El-Qods, le démantèlement des colonies juives et le retour des réfugiés palestiniens. La guerre contre Gaza a remis tout en cause. L'histoire a déjà retenu au nouveau locataire de la Maison Blanche son mutisme lorsque les Palestiniens se faisaient massacrer à Gaza par l'entité sioniste. Son rapprochement des pays musulmans qu'il a voulu consacrer par sa visite à la Turquie et ses discours d'apaisement à l'égard de l'Iran et à propos de toutes les questions exposées lors du 24e sommet de l'OTAN tenu les 2 et 3 avril dernier à Strasbourg et Kehl concernant la paix dans le monde n'ont, cependant, laissé personne indifférent.