Le plébiscite de la radicale plèbe trouve toute sa plénitude dans le scrutin du 9 avril dernier. Le Président a eu et le suffrage et la majorité absolus. Les constituants de la classe moyenne, si elle puisse encore exister, et de la masse des petites gens : sans logis, sans emploi, handicapés, malades chroniques, personnes âgées, mères célibataires, pupilles de l'Etat (l'hypocrisie sociétale et le négationnisme faussement religieux font qu'ils n'existent pas !), petits retraités ont probablement émis chacun, un à plusieurs vœux en glissant leur bulletin de vote dans l'urne. Maintenant que le peuple s'est exprimé et a donné un blanc seing, mais à terme échu, au Chef de l'Etat, il est en droit d'en attendre de meilleurs lendemains. La promesse d'investir 150 milliards de dollars pour la création de 3.000.000 d'emplois et la réalisation de 1.000.000 de logements demeure pour le commun des citoyens une vague et imprécise déclaration d'intention. Le développement fulgurant des technologies de l'information et de la communication (TIC) doit permettre de s'inscrire dans une dynamique prospective où rien ne sera laissé au hasard. Leur domestication pourra même faire fantasmer, tant il est vrai que bénéficier d'un toit et d'un boulot peut parfois participer du merveilleux. Pourquoi pas un site web où toutes les futures implantations de logements y soient visualisées avec les plans des cellules habitables à la clé et que l'intention d'y souscrire ne suive le même canal ? Que la correspondance via le courrier électronique entre de plain-pied dans les m_urs d'une administration en mal de conservatisme. Le paradoxe actuel fait que le responsable de haut rang peut disposer d'une ou plusieurs adresses électroniques personnelles, mais pas d'une seule dans son département. L'anonymat, cet autre paradoxe qui permet tous les louvoiements et les fuites en avant doit être mis à nu. Un commis de l'Etat et quelque soit son rang est, avant tout, un personnage public ; il n'a rien à cacher dans son activité professionnelle. Il doit même en rendre compte par la transparence communicative. Investi d'une mission conférée par le chef de l'Etat détenteur de la souveraineté populaire, il ne doit avoir aucun complexe pour restituer à ce même peuple. Ne répète-t-on pas à qui veuille l'entendre, opposition comprise, que : la souveraineté est au peuple ? Passons donc à l'acte ! En ce qui concerne le logement, les rouages de l'Etat chargés de ce segment doivent, à l'inverse d'une agence immobilière, non pas faire la promotion du produit, mais celle de l'individu. Que de séquences télévisuelles ne montrent-elles pas des responsables locaux, des camions déménageurs en arrière-plans, ergotant sur « Le programme de son excellence le président de la République... ». Donnant ainsi la désagréable impression de faire l'aumône à ces couches sociales «désanoblies» par les vicissitudes de la vie, ces scènes humiliantes ne semblent pas déranger outre mesure. Il est recommandé par la règle religieuse et même par l'éthique tout court, de ne point user d'ostentation même dans la générosité. Maintenant pour ce qui est de l'emploi, il s'agira de trouver une définition consensuelle pour ce vocable. S'agira-t-il d'activités pérennes et proportionnellement lucratives ou d'occupations toujours précaires et révocables ? Un emploi décent doit pourvoir à une double sécurisation, celle de la durabilité et celle du revenu. Dans le cas où ce binôme n'est pas réuni, il n'est nul besoin de laisser entrevoir des éclaircies pour les postulants. Ne faut-il pas ici laisser gambader l'esprit pour envisager une seule structure nationale érigée en office et directement rattachée à la plus haute instance dirigeante du pays pour gérer ce lourd dossier ? Il sera même permis à travers une carte nationale en Intranet de débusquer le moindre poste de travail non pourvu. Alléger le dossier administratif de recrutement participera de l'œuvre utile ; ce carcan n'a que trop duré ! Là aussi, l'utilisation du Net, ne fera qu'améliorer les performances dans la distribution des richesses, le travail n'est-il pas une richesse en soi ? Un simple C.V est considéré de par le monde, comme un solide référentiel de compétence, le reste pourra toujours suivre. Les institutions en charge du secteur peuvent beaucoup innover en suscitant l'offre d'emploi au lieu de se cantonner dans la réponse lapidaire aux sollicitations. La vulgarisation du courrier électronique personnalisé peut être l'une des voies qui peut battre en brèche la citadelle bureaucratique. Ces masses compactes de jeunes gens et de jeunes filles, surtout elles, agglutinées à l'entrée principale des directions de l'Emploi et des bureaux de l'ANEM (Agence nationale de l'Emploi) relèvent d'un autre âge. Ces cohortes issues de l'Enseignement Supérieur le plus souvent, sont là et toujours là dans l'espoir de décrocher un emploi, même précaire. Après le désespoir de l'échec c'est carrément la rage. Certains fonctionnaires semblent jubiler en annonçant la fin de non recevoir à ces jeunes venus le plus fréquemment de loin. Ceci rappelle étrangement le comportement des contre maîtres coloniaux distribuant les jetons aux ouvriers agricoles ou aux dockers de l'indigénat de sinistre mémoire. Qu'y- a-il derrière cette insouciante et impunie suffisance ? L'opacité érigée en règle cardinale, fait le lit du passe droit par la concussion et la corruption. Les rejetons des nantis ne sont pas concernés par le dispositif d'insertion des jeunes, ils ont leur propre circuit tout comme certains patients qui dédaignent le circuit national des soins. Dans sa campagne électorale le président a-t-il sciemment éludé la bureaucratie, mère de toutes les dérives ou bien lui réserve-t-il un sort que les petites gens espèrent des plus funestes ? Le terme du troisième mandat nous le dira sans nul doute !