Nouveau coup dur pour les pays exportateurs de pétrole. La demande mondiale a encore baissé au mois de mars, et les prévisions restent pessimistes. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a ainsi revu à la baisse la demande mondiale de brut pour l'année 2009, faisant déjà pointer le spectre d'une nouvelle baisse des cours du brut sur fond de crise économique mondiale. «La demande de pétrole souffre de plus en plus de la récession mondiale. Des données récentes sur l'économie mondiale indiquent un retard de son rétablissement jusqu'à 2010, conduisant à une réduction supplémentaire de la prévision de demande de brut de 0,4 million de barils/jour (mbj)», estime l'OPEP dans son rapport mensuel d'avril. L'organisation précise que dans les mois à venir, le marché devrait rester sous pression avec des prix à la baisse en raison d'incertitudes sur les perspectives économiques, d'une détérioration de la demande et d'un surplus substantiel de l'offre. L'organisation préconise «un examen vigilant pour évaluer les développements probables dans la seconde moitié de l'année et leur impact sur la stabilité du marché, dans la perspective de sa prochaine réunion le 28 mai à Vienne. Désormais, l'OPEP table sur une baisse de 1,37 mbj de la demande de pétrole (-1,6%) en 2009, par rapport à 2008. Dans son précédent rapport de mars, l'organisation avait estimé le recul à 1,01 mbj. La demande mondiale est ainsi évaluée pour toute l'année 2009 à 84,18 mbj contre 84,61 mbj en mars dernier et 85,55 mbj en 2008. L'annonce est sévère pour un marché déjà passablement stressé par les informations sur la poursuite de la crise économique jusqu'en 2010, tout au moins. D'autant que la réunion ministérielle de l'OPEP de mai prochain devrait fatalement se focaliser sur une autre probable réduction du plafond de production pour contrer les effets pervers de l'annonce de la baisse de la demande mondiale. En décembre dernier, elle avait décidé à Oran une baisse cumulée de 4,2 mbj pour soutenir les prix et éviter un effritement du marché sur le sillage des cris d'alarme quant à l'onde de choc à venir de la crise des subprimes américaines. Avec un plafond de production de 24,24 mbj, le plus bas niveau de production depuis 2003, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pourrait décider lors de sa réunion de mai à Vienne, au siège de l'OPEP, une autre réduction, même modérée de 500.000 bj qu'elle repartira entre les 12 pays membres. D'autant que l'annonce de la baisse de la demande mondiale de brut intervient au printemps, période durant laquelle les carnets de commandes des investisseurs baissent d'intensité à l'approche de l'été. Les cours du pétrole, qui avaient franchi en juillet 2008 la barre des 147 dollars/baril, sont aujourd'hui d'un peu plus de 50 dollars/baril pour le brut OPEP et 52 dollars/baril pour celui de la mer du Nord. Déjà, plusieurs pays membres veulent une autre baisse à la prochaine réunion ministérielle, notamment l'Iran qui pousse les autres pays membres à aller vers une décision courageuse, pour donner des signes forts au marché. Mais également pour les autres pays producteurs non membres que la capacité de l'OPEP de réguler et contrôler un marché qu'elle approvisionne à hauteur de 40%.