Les cours du pétrole touchent un nouveau plancher. Hier, le baril baissait en début d'échanges européens, pour la sixième séance consécutive.A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août perdait 51 cents, à 62,42 dollars, par rapport à la clôture de lundi soir, sur l'InterContinental Exchange (ICE). A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en août lâchait quant à lui 37 cents à 62,86 dollars. Les cours ont chuté jusqu'à 61,87 dollars à New York, leur niveau le plus bas depuis le 26 mai. A Londres, ils sont descendus à 62,30 dollars, un plus bas depuis fin mai également. Les cours, qui ont déjà perdu 8,56 dollars à New York sur les cinq dernières séances, entamaient ainsi leur sixième séance de repli. "Le pétrole a souffert de mouvements techniques" commentait Andrey Kryuchenkov, ajoutant que "cette correction à la baisse est un peu exagérée" et que "le marché reste soutenu malgré les derniers mouvements de vente". "Bien sûr les fondamentaux ne sont pas idéaux et même plus mauvais que l'an dernier, mais ils ne sont pas non plus apocalyptiques, avec une demande qui se stabilise" ajoutait l'analyste. Comme sur les places boursières, le pessimisme a gagné les marchés de matières premières, qui étaient nettement repartis à la hausse depuis fin mars, misant sur un retour plus rapide que prévu de la croissance mondiale. Mais une série de mauvais chiffres macro-économiques ont brisé net ces espoirs et, avec eux, la perspective d'un rebond de la consommation en produits pétroliers. Aussi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a revu à la baisse ses prévisions de demande mondiale de brut à moyen et long terme en raison de la crise économique, dans son rapport 2009 publié mercredi à son siège à Vienne. "La demande mondiale se situera en-dessous des 106 millions de barils par jour (mbj) en 2030 contre 113 mbj encore prévus l'an dernier", indique le cartel dans ce rapport annuel publié régulièrement en juillet. L'Agence internationale de l'Energie a pronostiqué une demande mondiale de 94,4 mbj en 2015 et 106,4 mbj en 2030 alors que l'Opep table sur respectivement 90,2 mbj et 105,6 mbj. Le rapport du cartel note toutefois que dans les pays de l'OCDE, dont les économies en récession actuellement ne devraient retrouver leur plein potentiel de croissance qu'en 2012, la demande va continuer à reculer au moins jusqu'en 2010 puis stagner jusqu'en 2013. En revanche dans les pays en développement la demande va croître sur le long terme avec une hausse prévue de 23 mbj pour la période 2008-2030 pour atteindre 56 mbj. "Près de 80% de la hausse nette" de la demande pendant cette période viendra des économies émergentes d'Asie. Et si l'on considère les chiffres de la demande de pétrole par personne, l'Opep affirme que la demande en Amérique du Nord restera toujours dix fois plus élevée que celle des pays d'Asie du sud. Le Secteur des transports sera toujours le secteur le plus gourmand en brut comptant pour 60% de la hausse de la demande d'ici 2030, encore que ce chiffre aussi a été revu à la baisse par l'Opep pour cause de récession économique et de développement de voitures plus sobres et de carburants alternatifs. Selon l'Opep d'ici 2030 on devrait compter 87 voitures pour 1000 habitants dans les pays en développement (contre à peine 31/1000 en 2007) comparé aux 530 automobiles pour 1000 habitants des pays de l'OCDE. Notons néanmoins, que les cours du brut pourraient bénéficier de la publication des stocks hebdomadaires américains que les analystes attendent une nouvelle fois en baisse. Les stocks de pétrole brut sont attendus en baisse de 2,3 millions de barils, selon la majorité des analystes interrogés par Dow Jones, les estimations s'échelonnant d'une hausse de 3 millions de barils à une baisse de 5 millions. Mais, même si les stocks ont baissé pendant les quatre dernières semaines, ils restent toujours à un niveau supérieur de 18% à celui enregistré l'an dernier à la même date. Ainsi, la révision à la hausse des prévisions de demande mondiale de pétrole de l'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) n'a pas calmé les inquiétudes. L'EIA attend désormais une baisse de 1,6 million de barils par jour de la consommation cette année, contre -1,8 million attendu précédemment. Pour l'année prochaine, le rebond escompté est de 900.000 barils par jour, soit 200.000 de plus qu'auparavant. Samira G.