Comme cela était attendu, l'ANC (African National Congress) a de nouveau remporté les élections législatives en Afrique du Sud pour la 4ème fois consécutive depuis l'avènement dans le pays, en 1994, de la démocratie multiraciale. Une victoire qui, par son ampleur, a démenti les analyses présentant ce parti en nette perte de popularité pour cause d'un bilan de gestion décevant et de dissidence dans ses rangs. Le score sans appel réalisé par le parti de Nelson Mandela prouve au contraire que la majorité des électeurs sud-africains continue à lui faire confiance malgré les promesses non tenues par les équipes gouvernementales ayant assumé en son nom la gestion des affaires du pays durant les mandats présidentiels de Thabo Mbeki. Il est surtout un triomphe pour son leader, Jacob Zuma, dont le charisme et la popularité ont été pour beaucoup dans ce renouvellement de confiance que vient d'obtenir l'ANC. Zuma, personnalité controversée et aux nombreux démêlés avec la justice, sera donc, au grand dam de ses détracteurs, le prochain président de l'Afrique du Sud. Il prend la direction de ce pays alors que celui-ci subit de plein fouet l'impact de la crise financière et économique internationale. Première puissance économique du continent, l'Afrique du Sud est en effet touchée plus que tous les autres pays africains par cette crise, ce qui aggrave la situation économique et sociale à laquelle est confrontée la majorité de sa population. Celle-ci a accordé ses voix à l'ANC présidé par Zuma parce que ce dernier promet d'en finir avec le programme et la politique du tout libéral qui ont été appliqués par Thabo Mbeki et dont les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes populaires. Zuma est de ce fait dénoncé par ses adversaires politiques et les milieux d'affaires de développer une rhétorique populiste dont les applications risquent d'être fatales à l'économie sud-africaine déjà mal en point. Le futur président sud-africain a en effet beaucoup promis à ses concitoyens, aux plus démunis d'entre eux surtout, qui sont l'écrasante majorité dans un pays où, sur 50 millions d'habitants, ils sont entre 20 et 40% à être sans emploi, en proie à une pauvreté grandissante et confrontés aux fléaux du sida et de l'insécurité généralisée. Jacob Zuma a fait triompher l'ANC parce que son discours a renoué avec les fondamentaux du programme constitutif de ce parti qui sont, comme l'a rappelé son fondateur, le mythique Nelson Mandela : la lutte contre la pauvreté et la construction d'une société non raciale. Cela est possible pour un pays aussi riche que l'Afrique du Sud, qui a su en finir avec l'apartheid sans vengeance et sans exclusions. En difficultés conjoncturelles, le pays de Nelson Mandela reste le phare et l'exemple pour le continent. Le lutteur et militant qu'est Jacob Zuma sait que le continent a les yeux fixés sur ce qui va se passer en Afrique du Sud durant son mandat présidentiel. Le meilleur, comme ce qu'a réalisé Nelson Mandela dans le sien, ou le pire, ce qu'a fait Robert Mugabe au Zimbabwe, entraîné par le naufrage de la vieillesse.