3ème partie La modernité chez les chti's Impossible d'y répondre, n'ayant pas vu le film qui a eu le plus grand succès commercial de l'histoire du cinéma français. Un grand événement ..actuel! Donc moderne ! La seule remarque est que ce film français a été «construit» autour de deux personnages d'origine non-française Est-ce un signe actuel de la modernisation de la société française ? Certes les américains on fait plus-ils ont mis un « non-irlandais » à la tète des Etats Unis ! Mais il faut bien commencer...par les chti's d'abord ! La modernité selon le genre : femme ou femme ? Si on nous permet un retour- encore une fois-à un mathématicien (Quasiment impossible de faire de la transdisciplinarité sans passer par un mathématicien!) Bertrand Russell attirait notre attention sur le fait que - «compte tenu de nombreuses raisons plus ou moins contingentes, les choses se passent de manière à nous donner des idées qui se révèlent inexactes tout en s'imposant à notre esprit comme des évidences» Quel est le pays de la sphère arabo-musulmane où les femmes ont les indicateurs démographiques les plus modernes Réponse du démographe Youcef Courbage et Emmanuel Todd: l'Iran On a bien dit-indicateurs démographiques C'est-à-dire niveau d'alphabétisation des femmes et bascule à plus de 50% pris comme un indicateur d'une dynamique sourde et profonde de développement futur (dans les 15 à 20 ans qui suivent cette bascule) Hypothèse qu'a vérifiée notre démographe aussi bien pour le France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et autres pays d'Europe. Tous ont connu un processus de développement 15 à 20 ans après que le taux d'alphabétisation des femmes ait basculé à plus de 50%! Et cette bascule démographique était toujours précédée par celle des hommes sauf une exception : celle du Maroc où la bascule d'alphabétisation des femmes a précédé celle des hommes C'est le seul cas connu dans le Monde Arabe. Voilà bien un cas celui de l'Iran où «les choses se passent de manière à nous donner des idées qui se révèlent inexactes tout en s'imposant à notre esprit comme des évidences.» Mais qui a «construit» ces évidences ? La modernité selon le territoire : Suède ou Burkina Faso C'est quoi la modernité en Suède? C'est quoi la modernité au Burkina Faso? N'étant ni de l'un ni de l'autre je réserve ma réponse. Et le nec le plus ultra de la modernité: la pensée complexe La complexité a de vieilles origines. Dès les premiers temps humains, un minimum de hiérarchie sociale s'est imposé sur la base de rapports différents entre les individus des premiers clans. Mais d'où venaient ces rapports différents eux-mêmes ? L'hypothèse la plus admise : celle d'une répartition des taches entre ces individus. L'hypothèse la plus probable ! Et c'est aussi cette répartition qui imposa deux choses - Il est vrai une certaine hiérarchisation selon les domaines (conférer pour cela le « poids » des guerriers chargés de protéger le clan- le poids des militaires dirait-on dans un langage moderne) ou le genre (perte du matriarcat avec la révolution agricole du Néolithique) - Mais surtout le démarrage d'un processus complexe de ...complexité. Mais la subtilité de ces premiers rapports n'étant pas tant dans le nombre que dans la complexité naissante de ces rapports naissants signant l'apparition du vieux couple quantité-qualité modernisé par l'informatique actuelle en hard en soft. Bien sur au fur et à mesure que les besoins devenaient plus grands et surtout plus diversifiés, les systèmes de productions devenaient plus complexes aussi, impulsant les premiers balbutiements techniques voire scientifiques. Passons maintenant à la complexité «moderne» La problématique des «sciences de la complexité» peut s'articuler autour de deux questionnements - Quels sont les types de problèmes que les «sciences dites classiques» n'ont pu résoudre - point d'émergence donc de cette «science dite de la complexité» Les sciences classiques fonctionnant sur le présupposé de l'incapacité de l'Homme à saisir les phénomènes dans leur globalité d'où une séparabilité (spécialisation). - et en second lieu quels sont les problèmes que posent cette «nouvelle science» elle même Sans trop entrer dans le détail disons que la Complexité a trouvé deux champs particuliers d'expérimentation - Les Sciences de la Vie - Et les Sciences du Vivant. Deux champs eux mêmes d'une grande complexité ! Mais cette nouvelle science s'est trouvée confronté elle-même à sa propre problématique : - De sa définition et donc de son objet - Et de ses outils : méthodes, procédures et modes de raisonnement Rappelons que le mot complexe signifie littéralement, «entrelacés ensemble» qui vient de complexus: ce qui est tissé ensemble Quelles sont les définitions proposées 1. La pensée de la complexité vise à construire des concepts et modes de raisonnement aptes à appréhender des phénomènes aussi différents et divers que la vie, les civilisations, le fonctionnement du cerveau, les crises et régulations de l'économie, les déterminismes biologiques, culturels et psychologiques dans une action individuelle, les guerres et les révolutions, etc. Achille Weinberg 2. La pensée de la complexité se présente comme un nouveau paradigme né à la fois du développement et des limites des sciences contemporaines. Elle n'abandonne pas les principes de la science classique (ordre, séparabilité et raison) mais les intègre dans un schéma plus large et plus riche. Edgar Morin 3. La pensée complexe veut construire des outils de pensée pour articuler entre eux les savoirs spécialisés 4. elle veut articuler le tout à ses parties, le global et le particulier en un aller retour incessant 5. Une structure complexe présente des éléments reliés en de nombreux points et de multiples façons. Plus une structure dissipative est complexe et plus grande est l'énergie nécessaire pour maintenir toutes ces connexions. On dit qu'elle est «loin de l'équilibre» (c'est-à-dire loin de l'ultime dispersion de l'énergie au hasard, l'équilibre étant une sorte de mort). Ces connexions ne peuvent être soutenues que par un flux d'énergie, le système est toujours en mouvement. Remarquons le paradoxe : plus la structure est cohérente, faite d'une plus grande intrication des connexions, et plus elle est instable. Ilya Prigogine Peut-on intégrer ces définitions et en proposer une: la pensée de la complexité a pour objet l'étude des phénomènes qu'on ne peut appréhender de manière parcellaire (ou séparable comme dans les sciences spécialisés) et qu'on doit étudier en tant que tout interactif Une fois son objet clair, cette nouvelle science se doit de se doter d'outils principalement des méthodes et procédures voire des modes de raisonnement aptes justement à saisir ces phénomènes dans leur totalité (ou globalité) Et n'ayant pas encore d'outils propres-cette nouvelle science puise dans d'autres champs scientifiques - aussi bien dans les sciences classiques que dans de nouvelles approches. Encore faut-il être en mesure de faire la juste articulation de tous ces emprunts pour avoir son propre corpus théorique. Dans quelles approches la science de la complexité a-t elle puisé ses outils? Essentiellement dans quatre grandes sources - La théorie de l'information (informer=mettre en forme-Aristote) Dans les années 40-l'ingénieur Claude E Shannon-1949 - expose la théorie quantitative de l'information à savoir que l'information qui circule entre un émetteur et un récepteur peut être mesuré quantitativement. Une information est une réduction d'incertitude Par contre le bruit (noise) qui vient parasiter un message réduit l'information et augmente l'incertitude Le bruit est le contraire de l'information La quantité d'informations peut être considérée comme une mesure de l'organisation d'un système - L'approche systémique: - méthode d'étude des relations possibles qui se nouent au sein de systèmes. interaction entre biologie et électronique (étude des systèmes de pilotage automatique-années 40)- Les propriétés les plus connues sont- principe d'interaction ou d'interdépendance - principe de totalité-le tout est sup (ou inf) à la somme des parties - principe d'émergence: apparition de propriétés nouvelles du fait de l'agrégation d'éléments au sein d'un ensemble - principe de feed back ou rétro-action : boucle de feed back - La théorie de l'auto-organisation: années 70-comment penser les phénomènes d'organisations spontanés (galaxies) à partir de mouvements désorganisés 3 grands auteurs - Heinz von Foerster : secrétaire des conférences Macy-1960 principe - Order from Noise - il ne peut y avoir d'organisation qu'à la charnière entre l'ordre parfait et le désordre - Henri Atlan: Biologiste-1970-l'organisme vivant se situe dans un état d'organisation à mi chemin entre l'ordre parfait mais inerte (cristal) et le désordre (la fumée)-la caractéristique du vivant est justement de pouvoir intégrer le «noise» c'est-à-dire une information extérieure et d'en faire un facteur d'auto-organisation (un caillou facteur noise - jeté dans une mare donne des ondes ordonnées) - Ilya Prigogine : 1977 Prix Nobel de chimie pour les structures dissipatives-comment un ordre peut se former à partir d'un désordre initial - (le désordre se dissipe pour former de l'ordre ou l'inverse) - La théorie du chaos: modèles mathématiques décrivant le comportement de certaines fonctions au comportement instable, apparemment imprévisible. Equations « non linéaires » au comportement chaotique de Henri Poincaré mathématicien du début du siècle Essor les années 70 avec - L'effet papillon ou l'infime sensibilité aux conditions initiales-météorologue E Lorenz - Les bifurcations : zone ou une fonction chaotique change brusquement de trajectoires (en fonction d'une infime variation des conditions initiales) - Les attracteurs: point limite d'une zone de convergence de la fonction étudiée - Les fractales : découvertes par le mathématicien Benoit Mandlebrot - lignes désordonnées (comme un arbre) construites à partir de schémas géométriques simples On peut avoir cette impression d'imprévisibilité, d'aléatoire, voire de chaotique en parcourant ces différentes théories et approches. Mais même en reprenant la Théorie du Chaos-il ne faut pas perdre de vue que c'est un modèle mathématique avec des propositions parfaitement décidables (donc non chaotiques et prévisibles) Le caractère chaotique est plus une impression-ou un résultat - d'ensemble alors que paradoxalement on a une parfaite décidabilité des propositions du système donné. Avant de clôturer ce petit tour d'horizon de cette science non pas moderne mais plutôt post moderne car c'est la grande science du Futur dont les applications sont encore minimes actuellement faisons une brève présentation des «hommes complexes» 1. Les précurseurs: Héraclite, Pascal, Spinoza, Kant, Hegel, Nietzsche, Husserl 2. Les contemporains - L'économiste Herbert Simon - Le physicien Heinz von Foerster - secrétaire des conférences Macy - Le sociologue Edgar Morin - Le biologiste Henri Atlan-hasard organisateur - Le chimiste Ilya Prigogine - Les hommes de Macy (Fondation Macy 1946-1956 New York) - Le mathématicien John von Neumann (architecture Neumann en informatique) - L'anthropologue Grégory Bateson (Ecole de Palo Alto) - Le sociologue Paul Lazarsfeld - Le psychologue Kurt Lewin (dynamique des groupes) - Le neurophysiologiste W. McCulloch - Le mathématicien Norman Wiener-père de la cybernétique - du grec pilote=kubernetes (théorie des machines autonomes) Un dernier mot sur les applications actuelles - sciences de la nature: écologie, sciences de la terre, la cosmologie, la chimie - sciences de l'homme: début timide - économie : - sciences de la gestion - psychopathologie - géographie - prospective - sociologie Nous venons de passer en revue les 14 angles de perception de la Modernité selon les différentes sciences et disciplines. La pensée complexe nous proposera-t-elle dans les années à venir une définition «complexe» de la Modernité ? L'approche transdisciplinaire sera un bon outil au service de la pensée complexe afin de retrouver les critères qui traversent en «transversalité» ces 14 disciplines visitées. La science serait-elle une de ces «trans» ? Une vision ontologique serait-elle une de ces «trans» ? Une approche cognitive sera-t-elle aussi une de ces «trans» Les «fins» et le «pourquoi» seraient-ils parmi ces «trans» ? Francois Houtard-homme transdisciplinaire-soulignait le fait qu'il soit « indispensable de se pencher sur les fins et pas seulement sur les moyens.» Sinon le risque est de «techniciser» les problèmes et les résoudre «partiellement» Et pour éviter ce piège courant proposer des «critères qui dépassent les technicalités pour prendre en compte» les finalités. Mais il est si difficile de prendre en charge la...globalité ! Sans l'intervention de tous les ...hommes particuliers ! Vaste programme ! Vaste débat ! La non modernité nous apportera-t-elle un certain éclairage? A suivre