La localité de Sidi Bounouar est rattachée à la daïra de Remchi. Avec une population estimée à 6.500 habitants, c'est peut-être le plus grand village d'Algérie mais il est loin d'être connu et partant de sortir de l'ornière... de l'oubli. Et pour cause, les centaines de voitures qui empruntent quotidiennement la RN 6 ne voient même pas la plaque qui indique le village de Sidi Bounouar. Même les cortèges officiels passent inaperçus. Et puis que ferait un ministre dans un village où il n'y a rien à inaugurer ? Les habitants y sont humbles et ont affiché depuis plusieurs mandats communaux ou même présidentiels une certaine satisfaction de ne rien voir pointer à l'horizon. Mais, dans une correspondance adressée au wali de Tlemcen, et qui nous a été remise, ils expriment leur désarroi quant à l'absence de projets de développement qui seraient nécessaires pour améliorer un tant soit peu leurs conditions de vie. Ils exposent «un cas d'injustice manifeste auquel leur village est confronté depuis longtemps, de fait de peu de soucis et du manque de sérieux accordés par l'exécutif à leur égard». Plus loin, ils rappellent: «L'aisance financière de notre pays a laissé notre village en marge et jusqu'à maintenant aucune opération dans ce sens, si ce n'est l'éclairage public décidé par le président de la République, n'a été décidée». A part une école primaire et un CEM, on n'a pas répondu aux attentes puisque, çà et là, Sidi Bounouar accuse un déficit en bitumage des ruelles et routes qui restent impraticables en hiver et poussiéreuses en été, le bitumage de la cour de l'école. C'est aussi l'ouverture en permanence du dispensaire et l'acquisition d'une ambulance qui est une grande défaillance. Leur doléance comprend aussi la nécessité de refaire le réseau de distribution de l'eau qui n'a pas été réalisé dans les normes et qui cependant a été, en partie, renouvelé pas les habitants. L'habitat précaire reste un problème qu'ils souhaiteraient voir solutionner par les responsables. Les signataires émettent le voeu aussi de voir le village promu au statut de commune dans le cadre d'un nouveau découpage administratif. Des petits riens qui pourraient leur redonner une vie décente et «éviter toute contestation citoyenne». Au téléphone, l'un des signataires de la correspondance cherche à savoir si dans les mesures d'urgence, ils ne pourraient pas demander que le village soit raccordé au gaz naturel puisque le gazoduc ne se trouve qu'à quelques dizaines de mètres de la localité. Les signataires demandent au wali de Tlemcen que soit dépêchée une commission d'enquête pour mettre la lumière. Des revendications somme toute banales et ne feraient que favoriser la sédentarisation de ces habitants qui, eux aussi, voudraient être dérangés, un jour, pourquoi pas, par un cortège officiel. Peut-être alors que Sidi Bounouar perdrait le statut de douar.