Demain mardi, le Premier ministre présentera à l'Assemblée populaire nationale le plan d'action du gouvernement, approuvé par le Conseil des ministres lors de sa récente réunion. A la suite de quoi, les députés adresseront des questions et des remarques auxquelles Ouyahia fera des réponses. Mais au final, la copie gouvernementale sera adoptée sans changement, la majorité parlementaire n'étant nullement en état d'esprit de contester un programme dont le contenu colle aux promesses électorales du Président fraîchement réélu. Il est toutefois attendu, selon nos sources, que les députés de la majorité se distinguent en faisant une «bronca» à Louisa Hanoune et ses députés lorsqu'ils s'exprimeront sur le projet gouvernemental. Non pas pour manifester leur opposition aux réserves ou propositions que les élus du Parti des travailleurs feront, mais pour marquer «leur indignation» suite aux propos peu amènes émis par la porte-parole de cette formation sur l'institution parlementaire, dont elle demande avec insistance la dissolution, suivie d'élections législatives anticipées. Ce qui laisse présager une «belle empoignade» dans l'hémicycle parlementaire, qui ne fera que conforter l'opinion publique dans la détestation de sa représentation nationale telle qu'elle se complait dans l'insignifiant, en se montrant indifférente à l'essentiel. L'essentiel n'étant pas en effet que Louisa Hanoune ait dit tout le mal qu'elle pense d'une assemblée où elle siège et continuera à le faire ou qu'elle ait demandé sa dissolution. Il est dans les promesses que comporte le plan d'action gouvernemental, sans que l'on sache comment le staff exécutif s'y prendra pour les concrétiser. Pour aussi acquis qu'ils soient au gouvernement que représente Ahmed Ouyahia, les députés de la majorité savent pourtant que le programme qu'il a reçu mission de réaliser est, par la démesure de certains de ses objectifs, pratiquement impossible à concrétiser dans toutes ses promesses. Cela importe peu à ces parlementaires soucieux avant tout de complaire à un exécutif auquel ils demanderont le «renvoi d'ascenseur» quand cela leur sera nécessaire. Dans un pays où la représentation nationale est vraiment en symbiose avec la population qui l'a mandatée et surtout quand de surcroît une crise financière économique et sociale menace, les élus se font un devoir pointilleux d'examiner à la loupe les programmes et projets gouvernementaux, pour ensuite en corriger, si nécessaire, les dispositions qui ne cadrent pas avec les réalités de la situation nationale et les priorités qu'elle impose. La façon dont Bouteflika a décidé d'utiliser les disponibilités financières du pays, à travers le programme auquel sera consacré son troisième mandat, ne fait pas unanimité sur sa pertinence et la logique sur laquelle elle a été conçue. L'Assemblée populaire nationale est en principe le lieu où le débat devrait se faire en toute objectivité sur des mesures qui vont engager et conditionner l'avenir national. Mardi, «l'auguste enceinte» se contentera d'enregistrer ce que lui présentera le Premier ministre et réservera toute sa vigilance vindicative à ce que dira sa minorité qui n'ira pas dans le sens de l'approbation courtisane.