La main d'œuvre locale n'a pas la cote auprès des entreprises étrangères. Sur les 3.755 offres d'emplois déposées par les entreprises étrangères en 2008, l'Agence wilaya de l'emploi (ANEM) a réussi à satisfaire moins de 30% des offres. La cause : les entreprises étrangères sont exigeantes en matière de profils des candidats à l'emploi. «Les nombreux mégaprojets en cours d'exécution à Oran n'ont pas eu des répercussions sur la situation de l'emploi dans la wilaya», regrette la directrice wilaya de l'ANEM. Le taux de placement de la main-d'œuvre locale dans les entreprises étrangères ne décolle pas en dépit d'une batterie de mesures prises par le gouvernement pour contraindre ces entreprises à recruter localement. «Une grande partie de ces entreprises ne respectent pas leurs plans de mobilisation. Elles évoquent souvent des contraintes de respect des délais ou exigent des profils difficiles à satisfaire», confie notre interlocutrice. Un bac + avec maîtrise de l'anglais et du chinois apprécié, bonne constitution physique, disponibilité, expérience + 5 ans dans un service de sécurité... ce profil n'est pas exigé pour un cadre ou responsable de sécurité mais pour un simple poste d'agent de sécurité ! Les entreprises étrangères engagées dans des secteurs pourvoyeurs d'emplois sont trop exigeantes voire intraitables dans le recrutement de la main d'œuvre locale. L'argument souvent évoqué par ces entreprises de droit algérien pour contourner la réglementation est le manque de compétence de la main d'œuvre locale. Et pourtant ces entreprises s'étaient engagées à employer et former les ouvriers algériens. Certaines entreprises étrangères évoquent le handicap de la langue pour «débouter» les candidatures proposées par l'ANEM, d'autres plus perspicaces jouent sur le prétexte de l'expérience professionnelle. Selon la directrice de l'ANEM d'Oran, les réticences des étrangers à recruter localement sont d'abord une question de mentalité sinon comment expliquer que de nombreuses multinationales en Algérie importent une jeune main-d'œuvre étrangère non qualifiée pour des tâches que les ouvriers algériens peuvent facilement exécuter. «Les entreprises étrangères ne font pas confiance à la main-d'œuvre locale», confie notre interlocutrice. Nombre d'entreprises étrangères usent de certains subterfuges pour transgresser la réglementation en vigueur qui impose de recruter algérien. Conséquence : la main-d'œuvre étrangère établie en Algérie ne cesse de croître d'année en année. Elle est passée ainsi de 543 en 1999 à 45.000 au début de cette année. Ces 45.000 étrangers représentent quelque 105 nationalités. Les Chinois constituent la communauté étrangère la plus importante avec 45% des effectifs, suivis des Egyptiens (11%), puis des Italiens (3,5%), des Philippins, des Américains, des Français et des Canadiens, dans une proportion de près de 3% pour chacune de ces nationalités. Sur le plan de la répartition géographique, quatre villes concentrent à elles seules 67% de la main-d'œuvre étrangère, à savoir Alger, Ouargla, Oran et Adrar. Pendant ce temps, dans les agences de l'ANEM, des milliers de demandes d'emplois d'ouvriers qualifiés en bâtiment et dans d'autres secteurs pourvoyeurs d'emplois restent en instance.