Dix jours après avoir reçu à la Maison-Blanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Président américain reçoit aujourd'hui le Palestinien Mahmoud Abbas. La rencontre entre les deux hommes sera certainement moins crispée que celle entre Obama et Netanyahu, qui ont totalement divergé en leurs approches du dossier du conflit israélo-palestinien. Mahmoud Abbas ne peut qu'exprimer la satisfaction des Palestiniens au point de vue réitéré par le Président américain que la solution au conflit israélo-palestinien passe par l'option des deux Etats vivant côte à côte. Mais si l'énoncé de ce principe par le locataire de la Maison-Blanche réjouit incontestablement les Palestiniens, ils vont vouloir arracher d'Obama qu'il aille plus loin qu'une simple réaffirmation de sa position. En clair, Mahmoud Abbas va demander au Président américain un soutien plus actif des Etats-Unis à la quête d'indépendance de son peuple dans le cadre de cette solution des deux Etats, que seuls Benjamin Netanyahu et ses ministres refusent d'envisager. Abbas proposera très certainement, comme l'a affirmé son porte-parole Abou Roudeina, qu'Obama exerce des pressions sur l'Etat hébreu pour le contraindre d'accepter l'objectif de création d'un Etat palestinien, mais aussi la mise en place d'un mécanisme pour atteindre celui-ci. Mais en fait de pression, c'est Barack Obama qui en subit actuellement pour le forcer, sinon à renier son choix pour la solution des deux Etats, du moins à ne prendre aucune initiative qui assombrirait l'alliance stratégique liant les Etats-Unis et Israël. A la veille de la rencontre Obama-Abbas, les autorités israéliennes ont exprimé un triple non à la création de l'Etat palestinien souverain, à un retour aux frontières de 1967 et à un gel de la colonisation. Ces trois non sont une attitude de défi à Washington que Barack Obama ne peut se contenter de déplorer seulement. Le négociateur palestinien Saeb Erakat a, avant la rencontre Obama-Abbas, fait comprendre que face à ce défi, le Président américain doit agir pour «transformer la vision des deux Etats en une voie politique réaliste». Mais Barack Obama est-il en position d'ignorer les pressions qui convergent actuellement sur la Maison-Blanche pour le dissuader d'aller plus loin que son souhait exprimé de voir les autorités israéliennes accepter le principe des deux Etats ? Les puissants lobbys juifs aux Etats-Unis ne sont pas restés inactifs à la série d'invitations aux principaux acteurs directement concernés par le dossier du conflit israélo-palestinien. Outre leur engagement sans équivoque derrière la position de refus affichée par le gouvernement Netanyahu, ces lobbys mènent des actions de sape contre le Président américain, consistant à lui créer des difficultés avec le Congrès et le Sénat, tant sur des problèmes d'ordre interne aux Etats-Unis que sur d'autres sujets de politique internationale. Avec comme point de mire à l'évidence de le forcer à «assouplir» sa détermination de faire du règlement du problème palestinien sa priorité au Proche-Orient, en contrepartie d'une attitude similaire du Congrès et du Sénat sur les autres questions où ils sont en désaccord. Quoi que décidera le président Obama, Saeb Erakat a prévenu. «Le Président américain a le choix : soit il contraint Israël d'accepter deux Etats et ouvre, ce faisant, une nouvelle page dans la région ; soit il continue de traiter Israël comme un Etat au-dessus des lois, ce qui est susceptible de faire le jeu des extrémistes dans la région.