A la veille de la célébration de la Journée nationale de l'artiste le 8 juin prochain, dont les festivités officielles sont prévues cette année à Alger, la famille du chahid icône et martyr de la chanson patriotique algérienne, Ali Mâachi, est encore à revendiquer son corps dont «(...) personne depuis 51 ans ne sait où il est (...)», écrit-elle dans une longue lettre adressée au président de la République. La famille du chantre de la chanson patriotique algérienne veut récupérer le corps de cette figure historique «pour lui offrir une sépulture digne de son sacrifice suprême pour la libération du pays du joug colonial», est-il écrit dans la missive adressée au président de la République. Véritable armoirie de la première capitale musulmane au Maghreb, Ali Mâachi, né en août 1927, disparaissait il y a 51 ans de cela, le 8 juin 1958, assassiné par la soldatesque coloniale et pendu sur la place publique à l'ex-place Carnot, en plein coeur de la ville de Tiaret. Et c'est pour rendre hommage à cet homme élégant qui a travaillé en tant que technicien à la radio algérienne et qui sut manier aussi bien l'art que la lyre que la Journée nationale de l'article a été instituée en 1997. Mais depuis cette date dédiée aux artistes algériens et au combat qui est le leur, «jamais l'évènement ne s'est hissé véritablement à la hauteur de la stature du chahid», se plaint sa famille, puisque «depuis cinquante ans que nous revendiquons son corps, rien n'a été fait à ce jour». L'on se souvient encore qu'en juin 2000, l'incident diplomatique a été frôlé lorsqu'une visite programmée à Tiaret de l'ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement avait été annulée à la dernière minute après que la famille de Ali Mâachi, par presse interposée, est monté au créneau pour dénoncer les crimes coloniaux de la France et réclamer le corps du chahid martyr de la révolution de Novembre 54. Attristé de renom, Ali Mâachi s'est illustré par sa célèbre chanson «Angham El-Djazaïr» (mélodies d'Algérie), enregistrée à la radio algérienne en 1956. Né le 12 août 1927 dans le quartier populaire de Rass Essoug, dans le nord de la ville de Tiaret, il est mobilisé pour accomplir son service militaire à la base maritime de Bizerte, en Tunisie. Ses nombreux déplacements lui ont permis de visiter plusieurs capitales arabes. Il acquit ainsi une grande connaissance en matière de musique arabe à la faveur de ses rencontres avec les maîtres incontestés de l'art lyrique arabe. Il enrichit également son expérience en fréquentant l'association El-Andaloussia née du mouvement national en 1928. Il rejoint par la suite la section art des Scouts musulmans algériens (SMA), où il contribue à la création de la célèbre trompe musicale «Safir Ettarab». Aux côtés de l'illustre troupe, Ali Mâachi fera de «Safir Ettarab» une tribune pour la mobilisation et la sensibilisation du peuple algérien afin de le préparer au déclenchement de la lutte armée. Le chahid Ali Mâachi a à son actif seize chansons dont «El-Babour», «Tarik Ouahrane», «Mazal Alik Enkhamam», «Hadak El-Youm fi El-Achia», «Tahta Sama El-Djazaïr», «Ziarat Sidi Khaled», etc. Assassiné le 8 juin 1958 à Tiaret et pendu par les pieds en compagnie de deux de ses compagnons, son corps ne sera jamais retrouvé ni restitué à sa famille, qui en fait une revendication et un combat qui datent déjà de plusieurs années. Depuis 1997, le ministère de la Culture organise un concours national pour l'obtention du «Prix Ali Mâachi» de Son Excellence Monsieur le Président de la République. Le concours est ouvert aux jeunes de moins de 35 ans dans des disciplines comme les arts lyriques, cinématographiques, le roman, la poésie, les arts plastiques ou encore l'oeuvre écrite de théâtre.