Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement, réunis jeudi et vendredi en Conseil à Bruxelles, ont apporté un soutien unanime à Manuel Barroso, l'actuel président de la Commission. Ils ont, par ailleurs, réitéré leur plein soutien à un Etat palestinien. En marge, la Commissaire européenne aux relations extérieures a dénoncé l'attentat terroriste en Algérie contre les gendarmes et a réaffirmé son soutien à l'Algérie dans sa lutte antiterroriste. Difficile de comprendre ce que veut l'Union européenne en ces temps de crise économique internationale et surtout quelles politiques réserve-t-elle à ses citoyens pour les années à venir. Le Conseil européen de jeudi et vendredi n'a pas tranché, définitivement, sur le fond. Le Conseil a déclaré un soutien unanime à José Manuel Barroso, le président de la Commission sortant, pour un deuxième mandat de 5 ans, tout en laissant le « dernier mot » au Parlement européen (PE) lors de sa session inaugurale du 15 juillet prochain. La difficulté de comprendre tient au fait que ce sont les pays les plus critiques envers M. Barroso, soit la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne qui mènent campagne pour sa reconduction à la tête de « l'exécutif européen ». Des chefs d'Etat et de gouvernement tels Gordon Brown; Nicolas Sarkozy; Angela Merkel; José Luis Zappatero; Vaclav Klaus etc. qui ont plaidé au moment de l'apparition de la crise financière internationale pour un interventionnisme de l'Etat aux fins d'une plus grande régulation des marchés financiers; pour la lutte contre les paradis fiscaux; pour une transparence dans la gestion des flux financiers... sont ceux-là mêmes qui souhaitent un deuxième mandat à la Commission pour Manuel Barroso, c'est-à-dire un ultralibéral qui s'inscrit aux antipodes de tous ces principes de l'Etat régulateur. La confirmation de Manuel Barroso pour un deuxième mandat requiert, comme le veut le Traité de Nice sur lequel fonctionne l'UE aujourd'hui, l'avis du PE. Le 15 juillet, le candidat Barroso doit recueillir une majorité de voix des députés européens pour s'installer à la Commission. Et c'est là qu'apparaissent les incertitudes. Le PE a deux possibilités : voter le 15 juillet ou reporter le vote après le référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne prévu en octobre prochain. Dans le premier cas, une simple majorité des votes permet à Barroso de décrocher un deuxième mandat; dans le second cas, il lui faudra une majorité absolue si le Traité de Lisbonne est adopté par les Irlandais. Ce casse-tête politique et institutionnel entre le Conseil et le PE, n'est en réalité qu'une « illusion » politique destinée à contenter l'opinion européenne. Dans les faits, Barroso a déjà décroché un deuxième mandat de cinq ans. Ceci pour deux raisons au moins. La première est que le PE a basculé à droite lors des dernières élections du 7 juin. Les conservateurs des partis populaires (PPE) n'auront aucune difficulté à rallier leurs amis sociaux démocrates, voire même une partie des élus socialistes (espagnols par exemple, puisque Zappatero a déclaré son soutien à Barroso). La deuxième raison tient au fait que 21 Etats européens sur les 27 que compte l'UE sont gouvernés par la droite. Et sur les six restants, comment expliquer qu'un pays comme Chypre, gouverné par un communiste, déclare sans aucune gêne son soutien à M. Barroso ? On sait le pouvoir limité du PE dans les grandes décisions de l'UE. Il n'a qu'un rôle consultatif pour le moment. Rappelons-nous comment le Conseil a décidé la promotion d'Israël au rang de partenaire privilégié en décembre dernier, malgré l'opposition du PE. Enfin, repousser la nomination de Barroso à l'automne, après le vote irlandais sur le Traité de Lisbonne qui donne au PE la codécision), ne changera rien à la donne. L'UE est dominée, institutionnellement, par la droite libérale et Manuel Barroso a le soutien de ses principaux chefs de file : l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. ETAT PALESTINIEN ET GEL DES COLONIES Le Conseil s'est penché sur la situation au Proche et Moyen-Orient. Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur plein soutien à la création d'un Etat palestinien viable; au gel immédiat des colonies et à un statut particulier pour Jérusalem, dont la partie Est sous souveraineté palestinienne. En cela, l'UE, il faut le lui reconnaître, n'a pas changé. Elle, qui est le premier contributeur financier de la Palestine, a toujours milité pour la solution de deux Etats. La nouvelle donne vient du côté américain. Barack Obama demeure intransigeant sur la solution à deux Etats et le gel des colonies en Palestine. La même alternative soutenue par l'Alliance transatlantique peut peser sur le futur au Proche-Orient. Le président du PE, Hans Pöttering, a dans un discours devant le Conseil européen réitéré ces engagements de principes de l'UE. Sur ce chapitre, si le Traité de Lisbonne est adopté par l'Irlande, le PE qui verra ses pouvoirs accrus, dont celui de la codécision avec la Conseil et la Commission. Il sera plus vigilant quant à l'attitude de l'UE dans sa coopération avec l'Etat d'Israël. Ce dernier ne sera pas à l'abri de sanctions économiques en cas de persistance dans sa politique coloniale d'aujourd'hui. Poursuivant son examen de la situation au Moyen-Orient, le Conseil a exprimé toute son inquiétude sur la situation en Iran et a déclaré son souci de voir l'Iran s'enfermer dans une logique isolationniste, particulièrement dans l'orientation de sa politique nucléaire vers des applications militaires. Le Conseil a déclaré suivre avec attention l'évolution de la situation. Notons qu'en marge du Conseil, la Commissaire européenne aux relations extérieures, Mme Benita Ferrero-Waldner, a diffusé un communiqué par lequel l'UE dénonce le lâche attentat commis, jeudi, contre les forces de l'ordre algériennes dans lequel 18 gendarmes et un civil ont trouvé la mort. Le communiqué présente les condoléances de l'UE aux familles des victimes et à l'Etat algérien, auquel elle l'assure de son plein soutien dans sa lutte contre le terrorisme. Attentat qui intervient au lendemain de la tenue à Luxembourg de la 4ème réunion du Conseil d'Association UE-Algérie, est-il précisé.