Suite et fin La bibliothèque Scolaire «Le plus grand service que puisse nous rendre une université ou une école de hautes études, c'est de nous apprendre à lire... L'endroit où nous acquérons les diverses connaissances théoriques, c'est le livre. Quand une fois, les professeurs ont fait leur possible pour nous, notre sort dépend de ce que nous lisons : la vraie université est une collection de livres.» a dit le philosophe Caryle. Toute école doit posséder sa bibliothèque, et même toute classe. Il est demandé instamment aux directeurs des grandes et petites écoles de considérer comme importante la constitution des bibliothèques de classe. Elle constitue pour bon nombre d'élèves le seul moyen valable de culture et d'éducation à leur disposition, et il importe qu'elle satisfasse leurs besoins et leur curiosité. Le maître doit donc s'attacher à choisir les livres qui conviennent à ses élèves et à enrichir progressivement le catalogue de la bibliothèque. Des listes types peuvent servir de guide, mais l'essentiel est de tenir compte du goût des enfants et en fonction de ce goût de ne leur offrir que des ouvrages de qualité. Il faut qu'elle soit gérée par les élèves. Elle n'est pas un meuble où l'on range les livres, mais un organe de la société scolaire. Il faut qu'elle soit vivante et active, et elle le sera dans la mesure où les enfants seront associés à son fonctionnement et à sa gestion et s'en sauront responsables. La coopérative de classe peut contribuer à l'achat des livres dont la liste est dressée sur la proposition des élèves et les conseils du maître. Un bibliothécaire a pour charge d'assurer l'ordre dans la bibliothèque, de veiller à la sortie et à la rentrée des livres. Il fait couvrir les livres et remplacer les couvertures usées. Quant au choix des livres, il est libre, mais il appartient au maître de guider et de conseiller les indécis en leur donnant le livre qui leur convient. De préférence, les prêts ont lieu à jours fixes. Mais on peut envisager que la bibliothèque soit ouverte chaque jour à la fin de la classe, de manière à ce que les liseurs les plus avides puissent satisfaire leur goût. La liberté de la gestion n'exclut pas le contrôle du maître. Au contraire chaque élève sera muni d'une fiche ; il y inscrira les dates d'emprunt et les titres des livres lus. Ainsi d'un coup d'oeil peut-on s'assurer de la fréquence des lectures et être en mesure de stimuler les paresseux. Les titres donnent également une idée des goûts des enfants. Faut-il leur faire tenir un cahier de lecture personnelle ? Cela dépend des classes. Il est bon d'encourager les enfants à résumer leurs lectures en les notant, note qui peut être reportée sur son carnet de correspondance. A cet égard, le meilleur contrôle est le contrôle oral sous forme d'une conversation dirigée par le maître pendant laquelle un jugement et les caractères du livre sont dégagés. Ainsi passe-t-on progressivement de l'acquisition et du perfectionnement d'un mécanisme à l'exercice du jugement et de l'esprit critique, à la mise en oeuvre de l'intelligence par la lecture. Jules Ferry disait : «On peut tout faire pour l'école. Si après il n'y a pas de bibliothèque, on n'aura rien fait». L'enfant et la télévision «Lire a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté», Montesquieu. Des parents s'inquiètent quand leurs enfants ne sont pas portés sur la lecture. Certains condamnent la télévision et le développement des méthodes visuelles d'expression et de communication qui provoquent le déclin de l'usage de la langue et contribuent à accroître les difficultés de lecture, que le temps passé devant la télévision diminue le besoin de lire des enfants. En Angleterre, le chercheur et sociologue Himmelweit avait fait en 1955 sur ce sujet une étude demeurée célèbre (elle disposait d'un groupe de contrôle parfaitement assorti composé d'enfants n'ayant pas accès à la télévision, condition impossible à retrouver aujourd'hui) dont la conclusion la plus révélatrice était la suivante : «il ne faut pas croire que les enfants lisaient beaucoup, puis que la télévision est arrivée et a détruit leurs aptitudes à la lecture», à savoir 2,7 livres par mois en moyenne pour les enfants de 10 ans, 2,5 à 13 ans et plus. F. Whitehead, 20 ans plus tard, a calculé (pour le conseil des écoles) que les enfants de dix ans lisaient en moyenne 3 livres par mois, les enfants de 12 ans 2,2 et de quatorze ans et plus 1,9. «Il est clair que la somme du temps passé devant la télévision par la plupart des enfants ne peut que limiter la somme du temps consacré à d'autres activités de loisirs, entre autres la lecture, et nous avons trouvé effectivement une relation inverse entre la quantité d'écoute et la quantité de lecture.» D'ailleurs, il paraît certain qu'avec l'âge, les enfants ont tendance à lire de moins en moins, et à regarder la télévision de moins en moins, proportionnellement à l'extension des activités qui les maintiennent hors de leur foyer. Chez nous la cherté du prix du livre, la diversité dans la lecture qui laisse à désirer, (romans, livres de poches, illustrés, revues de sciences, d'histoire, de géographie_) influent négativement sur l'attrait de nos enfants qui constituent un lectorat national très faible, quasi-nul. Et par manque de lecture et de loisirs, il est constaté que nos enfants ont la boulimie du tube cathodique. Il arrive, de ce fait, que des élèves somnolent en classe par manque de sommeil. Ce qui perturbe leurs études et fatigue leur vue. Les parents doivent les contrôler en ne les laissant pas de tout regarder. Le prix du livre est en hausse d'année en année, comme tant d'autres produits. D'après les éditeurs, non seulement cette hausse est parfaitement justifiée, mais elle est même largement insuffisante parce que tous les produits augmentent. Le papier et le carton ont augmenté ; l'imprimeur a augmenté, le cartonnier et le façonnier également. Commençons par intéresser nos gamins par la diffusion d'illustrés et bandes dessinées qui n'utilisent pas trop de carton et par conséquent reviennent moins chers. Ils raconteront les histoires et légendes puisées dans notre terroir comme par exemple : Djeha, H'didouane, Katous El R'Med (Cendrillon algérienne), Loundja Ben El Soltane, Bagrat El Itama... les exploits glorieux de syphax, Massinissa, Yougourtha, Hannibal, Tarek Ibn Zied, l'Emir Abdelkader, les héros de notre glorieuse révolution... La vie d'Apulée de Madaure, de Sophonisbe (que les grands classiques comme Corneille et Voltaire ont immortalisée), Saint Augustin... Les héros de ces récits incarneront le courage et le dévouement pour le pays. Les enfants s'y imprégneront d'idées de civisme, de dignité humaine, de tolérance, de respect des grandes personnes, de liberté et de justice, d'amour pour le prochain. Encourager la traduction et la diffusion de livres pour enfants à succès à l'étranger (par exemple la série Harry Potter de l'auteur britannique J K. Rowling qui connaît un succès international). L'ouverture de bibliothèques et médiathèques publiques dans les quartiers des grandes villes, dans toute commune est souhaitable, comprenant pour les ouvrages et pour les périodiques, un fonds permanent, et un dépôt temporaire alimenté par un organisme départemental de prêt et de circulation. Il serait même désirable qu'en dehors des prêts, on pût organiser la lecture sur place, dans une salle spéciale munie du matériel approprié. Créons «l'heure joyeuse à l'école », c'est-à-dire la lecture libre. Apprenons à nos élèves à bien lire, à lire avec intelligence et avec plaisir ; choisissons des textes vivants des récits captivants ; après la classe, les dernières 5mn avant la sortie, lisons-leur une belle page qui excitera leur intérêt, leur curiosité, leur désir de continuer le livre commencé, d'aller plus loin dans l'histoire. Nous recommencerons le lendemain pour une autre belle page. De la même manière, à la maison les parents, avant que leur enfant s'endorme le soir, lui feront la lecture d'une page ou deux de l'histoire choisie ensemble chez le libraire. Car si le livre est nécessaire, nos enfants doivent en posséder et les familles en acheter. S'il est l'instrument le plus démocratique du savoir, s'il est un facteur de connaissance, cette ouverture sur le monde qui introduit dans le milieu familial des données entièrement nouvelles autour des critères de l'universalité et de la modernité culturelle et sociale, ne devrait-il pas être moins cher à l'achat et soutenu par l'Etat, dans l'égale possibilité pour chacun d'accéder aux sources, aux outils et aux aides du savoir ? *Directeur d'école en retraite