L'Europe décide pour elle-même et pour les autres en matière de quotas de CO2 pour les compagnies aériennes. Air Algérie se rebiffe et veut mobiliser... Air Algérie est décidée à organiser une fronde arabo-africaine contre la directive européenne relative aux restrictions d'émission de gaz à effet de serre dans le transport aérien. Cette directive inclut, à partir de 2012, le transport aérien dans le système européen des quotas de CO2. Un plafond d'émission à ne pas dépasser est fixé pour les compagnies aériennes et celles qui le dépasseraient doivent acheter des quotas d'émission. L'Union européenne a décidé que les émissions de CO2 des avions devront être limitées en 2012 sur le territoire européen à 97% de leur niveau de 2005 puis à 95% de ce niveau sur la période 2013-2020. La directive s'applique pour toutes les compagnies effectuant des vols au départ ou à l'arrivée d'un des 27 pays de l'Union européenne. De fait toutes les compagnies vont se retrouver astreintes à payer des droits de polluer qui devraient rapporter près de 5 milliards d'euros par an. L'entreprise Air Algérie pour qui l'Europe représente 80% de l'activité est directement concernée par une mesure européenne très contestée au niveau international. Les compagnies qui refusent de se soumettre à ce système des quotas pourraient être exclues de l'espace aérien. Le PDG d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdallah, a lancé, hier, l'alerte en direction des pouvoirs publics et a annoncé qu'une réunion des compagnies arabes et africaines se tiendra prochainement à Alger sur cette question. Il a vivement critiqué la mesure européenne en marge d'un séminaire sur le réchauffement climatique. «D'abord, c'est une décision unilatérale qui pénalise lourdement la compagnie et ensuite elle est d'autant plus injuste que l'Algérie en tant que pays émergent n'est pas concernée par le protocole de Kyoto». Air Algérie, a-t-il déclaré, «a initié un mouvement de protestation, de concert avec les compagnies aériennes arabes et africaines, pour dénoncer cette instruction». L'OACI contre les directives Tout en soulignant qu'Air Algérie a renouvelé sa flotte et s'est débarrassé des avions pollueurs, M. Bouabdallah a estimé nécessaire de «poser les problématiques du marché du carbone. Tout le monde, notamment les ministères de l'Energie et du Commerce, doit s'y mettre, c'est pourquoi nous tirons la sonnette d'alarme à travers cette réunion». Pour Air Algérie, la mobilisation contre l'extension de l'application de la directive européenne est une question vitale. «Les enjeux sont énormes, le ciel européen représente 80% de nos vols et actuellement des négociations sont en cours au niveau de l'Etat et de l'OACI (l'Organisation de l'aviation civile internationale) qui dénoncent également cette décision et refusent cette approche». Air Algérie n'est effectivement pas seule dans la dénonciation de l'unilatéralisme européen. La directive européenne se heurte, depuis sa gestation, à l'opposition des Etats-Unis et de nombreux autres pays qui considèrent que l'Union européenne n'a pas autorité pour imposer cette directive aux compagnies non européennes. L'Europe, pour ne pas créer un désavantage pour les compagnies européennes, a décidé de passer outre les objections et d'appliquer la mesure à tous les transporteurs aériens. Les Etats-Unis aussi Le Congrès de l'Organisation de l'aviation civile internationale a rejeté en septembre 2007 toute réglementation européenne. Refusant une réduction contraignante d'émissions de CO2 demandée par l'Union européenne, l'OACI a prôné des «accords individuels avec les pays dont ressortent les compagnies aériennes». Les «Etats ne devraient pas appliquer de systèmes d'échange de droits d'émissions aux transporteurs d'autres Etats, sauf sur la base d'accords mutuels», avait estimé l'Organisation de l'aviation civile internationale. Les Américains ont d'ailleurs annoncé qu'ils porteraient l'affaire en justice. L'Administration fédérale américaine de l'aviation a également estimé que «les compagnies américaines ne doivent pas être incluses dans le système d'échange de quotas». Il faut relever également que la décision européenne imposant une «taxe CO2» est critiquée également par les compagnies aériennes européennes. Certains estiment que les compagnies étrangères feront tout pour éviter le ciel européen quand elles en auront la possibilité