Les bénéfices générés par le commerce informel des cosmétiques en Algérie ne pourront jamais être calculés avec précision tant que le flou continuera à planer sur cette activité. Au vu de cette incroyable quantité de produits déversés sur le marché, l'on peut dire que l'affaire est très juteuse et attire de plus en plus de commerçants informels, qui vous «refilent» allégrement des flacons à moitié vides ou du savon qui ne mousse pas ! Entre savons de toilette contrefaits, shampooings, crèmes à raser, after-shave, déodorants, crèmes épilatoires, de beauté, anti-rides, écran solaire, gels etc., la gamme est immense pour tous ces produits qui nous arrivent de l'Asie du Sud-Est et pas forcément de Chine. Selon un dernier bilan de juin 2009, la direction du Commerce de la wilaya n'a pu enregistrer que deux 2 P.V après 64 interventions des agents de la DCW, ce qui, a priori, paraît quelque peu dérisoire. «C'est un domaine très dur à gérer et contrôler. Ce commerce se pratique la plupart du temps sur la voie publique, et nécessite la présence des services de sécurité pour assurer la protection physique des agents de la DCW. Généralement, les magasins que nous contrôlons sont en règle d'où les résultats que nous obtenons». A ce sujet, M. Ghoumazi, responsable de la qualité au niveau de la DCW, ne cache pas «qu'il faudrait des moyens humains énormes pour réguler cet immense marché des cosmétiques». En général, indépendamment des revendeurs clandestins de la ville, une importante partie du négoce se passe au niveau des souks hebdomadaires, et là encore ce sont des sommes faramineuses qui échappent au Trésor public. Mais, en plus de ces évasions fiscales, il faut considérer un second chapitre aussi crucial et qui concerne la santé du citoyen. Tout cet étiquetage difficile à contrôler, toutes ces dates de péremption maquillées font que ces produits peuvent s'avérer nocifs pour la santé de l'usager. Alors que des cas de chutes de cheveux sont signalés çà et là, et que des éruptions cutanées et autres irritations sont de plus en plus fréquentes chez certains usagers, le docteur Baghou nous apprend que le service de dermatologie du CHU «enregistre, à ce titre, une moyenne de 5 cas par mois et qui sont en relation directe avec l'utilisation de ces produits souvent contrefaits ou périmés. En été, précise notre interlocutrice, et surtout pour ceux ou celles qui utilisent les crèmes de protection contre le soleil, ce chiffre est souvent multiplié par deux (10 cas par mois). Nous sommes, au quotidien, confrontés à des problèmes d'allergies diverses, d'eczémas et d'irritations cutanées diverses provoqués par des produits douteux».