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Ghardaïa : La ville étouffe
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 08 - 2009

Le chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa s'étend sur près de 3.880 km² et dispose actuellement d'un réseau routier en deçà des nouvelles exigences d'une population en croissance continue et d'un parc roulant impressionnant. A vrai dire, le relief géographique exigu de Ghardaïa n'est pas suffisamment important pour permettre la conception de nouveaux réseaux routiers redimensionnés en fonction des spécificités et normes urbanistique locales et de la configuration de la ville. Néanmoins, pour le maintien en bon état des tronçons existants, les sources de financement existent, et on citera les fonds dont dispose Ghardaïa à la faveur de son placement comme chef-lieu qui lui permet d'accéder tant sur le plan de la relance économique que celui du Sud.
Malheureusement, à Ghardaïa, ces moyens de financement ne semblent pas dispatchés équitablement à travers tous les différents quartiers de la ville. Ce qui fait beaucoup de mécontents au sein d'une population locale très exigeante. En effet, sur le terrain, seules les routes et ruelles de certains quartiers sont bitumées. A cela vient s'ajouter le phénomène de la circulation. La situation est intenable, et la ville suffoque sous la pression d'incessants flux de véhicules, de motocyclistes «de grosses cylindrées», de poids lourds, d'engins et autres transporteurs qui envahissent chaque jour le centre de la ville.
Le parc roulant de la wilaya de Ghardaïa est de 35.957 véhicules, pour la majorité dans le seul chef-lieu de wilaya (15.000 véhicules), et chaque jour Ghardaïa en accueille plus de 10.000 déferlant des 13 communes qu'elle compte, en plus de ceux de passage. Le centre-ville est assailli tôt le matin par les automobilistes et motocyclistes et atteint à la mi-journée un seuil de saturation jamais connu. Les conséquences qui en découlent sont très nombreuses: les stationnements interdits, même sur les trottoirs, deviennent une pratique établie, le sens interdit se transforme en sens obligatoire pour certains conducteurs pressés à l'intelligence débordante pour contourner un bouchon. Quant aux motocyclistes qui sont la cause de très nombreux accidents parfois mortels, ils s'adonnent à des slaloms et à des dépassements dangereux et à des vitesses excessives, tantôt à gauche, quitte à empiéter sur la ligne jaune, et souvent à droite, question d'importuner les automobilistes. Les lieux de stationnement ne sont pas tous règlementés et la longue file des taxis, des bus et parfois des poids lourds, gêne considérablement les autres usagers et rend la visibilité nulle.
Le plus déplorant vient de ces engins roulants qu'on appelle communément et de façon impropre les «dumpers» dont l'état vétuste devrait les mener droit vers la casse. En plus de son habitacle à ciel ouvert, cette «quincaillerie» aux roues usées et sans éclairage circule même la nuit, pollue l'environnement par des émanations de gaz brûlés à la moindre accélération. Bien que la police de la voie publique fasse tant bien que mal montre de bonne volonté en occupant de bon matin certaines artères et certains carrefours de la ville, le nombre impressionnant de véhicules, de motos et la forte densité de la circulation sont tel qu'il lui est impossible d'assurer un bon aiguillage des véhicules. Fatalement s'ensuivent percussions et télescopages aidés en cela par un parc vieillissant, des moteurs fumants, des pneus presque hors d'usage et un mécanisme de freinage souvent défectueux.
Interrogé à ce sujet, le président de l'association de prévention contre les accidents de la circulation, M. Brahim Kraoua, devra nous répondre «qu'il faudrait montrer davantage de fermeté, de vigilance et songer surtout à instaurer un contrôle strict à l'intérieur de la ville, particulièrement vis-à-vis des motocyclistes. Quant à l'APC, elle est tenue de s'adjuger un plan de charge de sensibilisation utile pour les usagers des véhicules et des motocyclistes, en limitant ainsi ces incidents quotidiens qui provoquent des rixes et des accrochages à longueur de journée».
A Ghardaïa, la situation en matière de conduite d'automobile est donc devenue infernale et dangereuse tant pour les conducteurs sages que pour les piétons, particulièrement pour les femmes et les enfants qui aimeraient traverser une chaussée. Il est vrai que la mise en place de nouveaux ralentisseurs (pas aux bons endroits, pour la plupart) est louable et opportune, mais la décision est venue après une hécatombe. Devant cette situation comminatoire, que faut-il donc faire pour que les responsables locaux ressusciteront enfin le dossier inhérent au plan de circulation de la ville?


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