Le ministre de la Petite et Moyenne entreprise (PME) et de l'artisanat, Mustapha Benbada, a défendu hier, à son tour, la loi de finances complémentaire dont certains articles ont soulevé le mécontentement du patronat mais aussi de simples citoyens, après la suppression du crédit à la consommation, notamment. Mustapha Benbada a soutenu hier à l'occasion d'une conférence de presse animée au siège de son ministère, à Alger, que le «patronat productif» soutient à 95 % les mesures contenues dans la LFC 2009. Ainsi, selon le ministre, il existerait deux patronats, celui qui produit et celui qui importe. Ce dernier, estime encore le conférencier, serait en partie derrière la «saignée des devises» en Algérie. Les textes de la loi de finances complémentaire sont venus pour arrêter cette «saignée» et encourager la production nationale, argue M. Benbada qui souligne qu'en tout état de cause, les organisations patronales ont signé le pacte économique et sociale avec le gouvernement en étant convaincus de la nécessité de protéger l'investissement en Algérie et l'économie nationale. «Nous n'avons rien fait en dehors de ce pacte», s'est défendu hier, le ministre de la PME et de l'artisanat pour qui, toutes ces mesures vont dans le sens de la protection de l'économie, son développement et la lutte contre l'informel. Interrogé par «Le Quotidien d'Oran» sur le risque «d'effondrement» de certaines PME après l'instauration du «crédit documentaire» comme seul mode de paiement pour les opérations de commerce extérieur, le ministre a assuré que les entreprises, qui importent de la matière première pour sa transformation pour leur propre production, n'ont rien à craindre puisque la législation prévoit des mesures qui consistent en des «lettres de crédits bancaires» et les «crédits d'exploitations». Mieux, le ministre fait savoir que le FGAR sera appelé dans un avenir proche à assurer l'achat de matières premières des entreprises, ce qui n'est pas prévu actuellement. Benbada pense que tout le bruit fait autour du «crédit documentaire» est exagéré et que le gouvernement, par cette mesure, soutient les vrais opérateurs économiques qui luttent, à l'instar des pouvoirs publics, contre le marché informel. Toutefois, dira le ministre, la porte n'est pas fermée au dialogue et la prochaine tripartie prévue pour la rentrée sociale sera l'occasion de «rectifier les erreurs» et de les corriger dans la prochaine loi de finances. Plus de 321 000 PME créées... Le nombre de PME privées créées à la fin de l'année 2008 s'élève à 321 387, soit une évolution de l'ordre de 9 % par rapport à 2007, a indiqué M. Benbada au cours d'une présentation de son secteur, qui relève que les emplois générés à la fin de l'année dernière sont estimés à 1.233.000 postes de travail avec une évolution de 15 % par rapport à 2007. Ces indicateurs de croissance, soutient le ministre, «reflètent les efforts consentis par les pouvoirs publics depuis une décennie dans la dynamique de création et de développement des activités productives». Ils traduisent également, poursuit le ministre de la PME et de l'artisanat, la démarche volontaire de l'Etat à travers les programmes d'infrastructures et d'équipements engagés et qui ont stimulé, selon lui, la création des PME, notamment dans les secteurs d'activités dominant, à savoir le BTPH 34,8 %, le commerce et la distribution 17,2 %, le transport et la communication 8,9 %, les services fournis aux entreprises 5,7 % et enfin l'industrie agroalimentaire 5,3 %. Cependant, il y a lieu de relever que sur les 321 387 PME existantes, seules 400 exportent leurs produits et seulement 200 le font d'une manière «régulière». C'est ce qu'a déclaré le ministre quand il a été interrogé sur le sujet en soulignant que «la politique de développement économique, impulsée par l'Etat au plus haut niveau, requiert des mesures appropriées de consolidation pour la création, le maintien et la sauvegarde de la PME, vulnérable par essence aux fluctuations du marché». Benbada rappelle en outre que les PME en Algérie représentent près de 94 % du tissu des entreprises et jouent un rôle important employant 56 % de la population active. Ces entreprises représentent, ajoute-t-il encore, 52 % du total de la production du secteur privé hors hydrocarbures et près de 48 % du PIB hors hydrocarbures avec une valeur ajoutée de l'ordre de 35 %. Mustapha Benbada a rappelé, en outre, toutes les mesures prises ces dernières années par le gouvernement et qui visent, a-t-il soutenu, «la promotion des activités à forte valeur ajoutée». Par ailleurs, les sept groupes de travail mis en place par son département pour se pencher sur les problèmes que rencontrent les PME ont remis leur rapport qui a fait l'objet d'un examen en Conseil interministériel le 20 juin 2009 ainsi qu'en Conseil des ministres le 21 juillet. Huit mesures ont été retenues par le Conseil des ministres, a déclaré hier Mustapha Benbada. Il s'agit de «l'augmentation du niveau des garanties des crédits aux PME dont le plafond passera à 250 millions de DA», «la CGCI-PME sera chargée des projets évalués entre 51 et 250 millions de DA», «le FGAR sera chargé des projets évalués entre 1 et 50 millions de DA», «la garantie d'état est élargie au FGAR», «La CGCI-PME et le FGAR sont chargés d'ouvrir des représentations régionales pour se rapprocher de la clientèle», «l'amélioration du traitement des dossiers de crédits aux PME par les banques», «la création de filiales, par les banques publiques, qui seront chargées du capital investissement et du leasing» et enfin, «la création de fonds d'investissements locaux (un par wilaya)».