Plusieurs dossiers attendent les ministres à la veille d'une rentrée sociale qui s'annonce chaude. Une rentrée mouvementée? Certes, le gouvernement ne cesse de nous «bombarder» de «nouveautés». Après le changement de week-end, la suppression de crédit véhicules, le retour de vacances des ministres du gouvernement Ouyahia s'annonce particulièrement mouvementé et épineux. Ainsi, tous les ministres ont été sollicités pour aller au charbon dans le but d'endiguer le mécontentement naissant. Le premier à essuyer les critiques acerbes et à monter aussitôt au créneau est le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui est déjà confronté à une minipolémique soulevée à propos de la suppression du crédit véhicules et le recours désormais au crédit documentaire. La loi de finances complémentaire prévoit désormais dans son article 69 que le paiement des importations s'effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire. Une disposition ayant abouti au blocage de nombreuses marchandises. Par exemple, le port de Marseille, qui réalise une partie importante de son trafic avec l'Algérie, subit de plein fouet la nouvelle mesure et ses effets sont immédiats. Bernard Vidil, directeur général de la compagnie maritime Mafret interrogé le 13 août par Le Moci, signale qu'il a dû «suspendre la semaine dernière le départ d'un navire roulier ou Ro-Ro dédié au transport de véhicules faute de marchandises». «Demain, ajoute-t-il, on va faire partir un navire avec 50% de marchandises en moins.» Même son de cloche du côté du manutentionnaire Intramar, qui gère le terminal à conteneurs de Mourepiane situé dans les bassins à Marseille, qui génère 35 à 40% de son trafic avec l'Algérie. Son directeur général, Michel Henry, déclare qu'en début de semaine, pour la première fois, un bateau à destination d'Alger est resté à quai pendant cinq jours dans l'attente de marchandises: «Aujourd'hui, il y a 50% de marchandises en moins qui sont envoyées vers l'Algérie et aucun approvisionnement n'a été réalisé au début de cette semaine», signale-t-il. Les concessionnaires automobiles ressentent déjà les retombées néfastes de cette mesure. Certains ont même dû recourir au licenciement du personnel. Cette interdiction va pénaliser également les banques et les compagnies d'assurance. Le mois de septembre devrait marquer un tournant dans l'hypothèse d'une levée de boucliers. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh doit, quant à lui, rencontrer tous les syndicats avant la prochaine rentrée sociale. Parmi les grands chantiers du gouvernement, figure notamment la réunion tripartite (gouvernement-syndicat-patronat) qui s'annonce des plus houleuses. Si l'Ugta a applaudi les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire, le FCE, un des partenaires majeurs du gouvernement attend de pied ferme cette réunion programmée à la fin du mois de septembre pour dire tout le mal qu'il pense de ces nouvelles mesures. Ainsi, les présidents du FCE, de la Cipa, de la CAP tentent de se mettre d'accord pour adopter une position commune lors de cette rencontre tripartite. Un à un, les ministres du gouvernement Ouyahia commencent à sortir de la torpeur des vacances pensant que l'orage est passé et tentent d'occuper le terrain laissé ainsi vacant une vingtaine de jours. Le début de semaine verra la sortie sur le terrain de pas moins de quatre ministres. Après Karim Djoudi, Tayeb Louh et Abdelmalek Sellal, le ministre de la PME/PMI et de l'Artisanat, Mustapha Benbada, tiendra une conférence de presse dimanche prochain pour expliquer les enjeux nés des nouvelles mesures proposées par son secteur. Le même jour, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, entamera une visite de travail et d'inspection sur le projet de la 2e rocade Sud d'Alger qui englobe Blida, Boumerdès et Alger. Le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, Chérif Rahmani, animera, quant à lui, une conférence de presse lundi prochain axée essentiellement sur les nouvelles dispositions financières, fiscales et économiques fixées par la loi de finances complémentaire. Enfin et sur un autre registre, les trois partis de l'Alliance présidentielle, le FLN, le RND et le MSP devront se rencontrer pour un sommet à la fois politique et social à la fin du mois de septembre. A l'ordre du jour de cette réunion, une proposition émanant de Bouguerra Soltani concernant un éventuel prêt bancaire étatique à taux zéro en direction des citoyens désireux d'acheter un véhicule.