Les précisions apportées par les ministres des Finances, Karim Djoudi, et de la PME et de l'artisanat, Mustapha Benbada, au sujet des dispositions de la loi de finances complémentaire lors des conférences de presse animées dimanche n'ont pas pu convaincre les organisations patronales, notamment la CNPA, l'AGEA et la CGEO. Ces confédérations maintiennent leurs revendications, à savoir l'ouverture d'un débat de fond et une concertation. En dépit des clarifications apportées par les pouvoirs publics dans le cadre des conférences de presse animées ces derniers jours, les associations patronales sont toujours inquiètes à propos de certaines dispositions considérées comme des freins au développement des entreprises algériennes. «Il y a eu une communication des pouvoirs publics afin que les opérateurs économiques comprennent bien l'objectif des dispositions arrêtées dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Il est évident que nous avons saisi l'objectif de ce texte, notamment la problématique du crédit documentaire. Cependant, en ce qui concerne les déclarations faites par le ministre des Finances, dans lesquelles il a affirmé que le gouvernement veut restructurer notre économie et demande au secteur privé de produire d'abord, nous relevons une contradiction par rapport aux déclarations du ministre de la PME. Le ministre de la PME a donné des chiffres précis de l'apport de la production du secteur privé. Il a cité des chiffres de la valeur ajoutée du secteur. Il y a là une certaine contradiction à relever. Cela dit, nous avons saisi la portée de cette politique de communication en ce qui concerne la nécessité de préserver l'outil de production en Algérie et de réduire la dépendance constante des importations des biens de consommation», a tenu à nous confier le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Habib Yousfi. Textes d'application :des réajustements à apporter Pour le président de la CGEA, il est important que les pouvoirs publics puissent se pencher sur la problématique des textes réglementaires d'application concernant l'article 69 de la loi de finances (le paiement des importations s'effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire). «Nous savions que la loi de finances complémentaire pour 2009 avait été adoptée par ordonnance. Elle ne peut être donc annulée. Il est important que les pouvoirs publics puissent réfléchir sur la manière de rédiger les textes réglementaires afin de permettre aux producteurs de continuer à s'approvisionner sans contraintes particulières», a revendiqué M. Yousfi, persuadé que les entreprises algériennes seront pénalisées par ce mode de paiement. CNPA : un débat de fond Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohamed Naït Abdelaziz, tout en affirmant ne pas contester les mesures prises par le gouvernement, a soutenu, pour sa part, que l'ouverture du dialogue et la concertation sont indispensables pour expliquer aux autorités les risques qui pèsent sur certaines entreprises par l'application de certains articles. «Il est nécessaire de faire la part des choses pour ce qui concerne le crédit documentaire. Il faut séparer les activités de l'entreprise productrice par rapport aux produits destinés à la revente en l'état. Les importations destinées à la transformation, que ce soit pour l'industrie ou les autres secteurs, ne devraient pas être concernées par cette mesure de paiement par crédit documentaire. On ne peut pas mettre sur le même pied d'égalité les importateurs et les producteurs. Nous avons déjà attiré l'attention des pouvoirs publics sur l'hémorragie des importations. On aurait pu prendre des mesures depuis longtemps», a souligné le président de la CNPA estimant que les conférences de presse animées par les ministres du gouvernement ne peuvent pas atténuer l'inquiétude des opérateurs économiques. «La suppression de la procuration pour les opérations de domiciliations bancaires est également gênante pour certaines entreprises, même s'il y a eu des dépassements de part et d'autre. C'est au ministère du Commerce d'agir et de prendre des dispositions», a-t-il ajouté. Le président de la CNPA a plaidé pour «un débat et un consensus autour des objectifs nationaux, préservant les intérêts des uns et des autres». Selon le premier responsable de la CNPA, «beaucoup de choses ont été réalisées dans le cadre du dialogue social et du pacte économique et social et parfois au dépend des intérêts du patronat. Maintenant, il faudrait changer de politique et négocier. Nous demandons un débat de fond à remettre sur la table. Nous ne pouvons pas continuer de cette manière, car ce n'est pas bien et pour nous et pour le gouvernement». AGEA : gel des activités Pour l'association générale des entrepreneurs algériens, l'heure est grave. Dans un communiqué adressé à notre rédaction, l'Agea annonce la tenue d'une assemblée générale extraordinaire devant regrouper 1200 adhérents des différentes wilayas. L'ordre du jour porte, entre autres, sur la loi de finances complémentaire 2009, la hausse des prix des matériaux de construction et les impayés des entreprises. A l'issue de cette assemblée, les adhérents de l'Agea devront se prononcer sur le gel de toutes les activités des entreprises adhérentes et ce, jusqu'à connaissance des nouvelles dispositions de la nouvelle loi de finances 2010.