Comme à chaque veille de Ramadhan, le secteur financier se fend d'une nouveauté, qui parfois, donne l'air d'un déjà vu par un passé plutôt récent. Cette fois-ci, c'est au tour de Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), qui a déclaré sur les ondes de la radio nationale que la Banque d'Algérie procédera prochainement et progressivement au renouvellement des billets de banque de 200 DA en cours actuellement sur le marché monétaire national. Sans donner plus de détails sur la teneur de cette décision, M. Benkhalfa remet sur le tapis un dossier, à multiples facettes malgré son apparence anodine, pourtant à maintes fois reporté sans aucune explication. Longtemps décriés par les citoyens, les opérateurs économiques et les banquiers, les billets usagés de 200 DA sont arrivés à faire l'unanimité contre eux. Rappelons que Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, avait annoncé, en octobre 2008 déjà, devant l'Assemblée populaire nationale, une opération de «renouvellement» des billets de 200 DA. L'explication rationnelle concernant cette énième convocation de ces coupures trouve ses racines dans le trop-plein des billets alimentant le circuit dit informel et qui échappent, vraisemblablement, à cette opération de lifting. Billet scotché sur toute la largeur, déchiré, froissé, sale, parfois à peine reconnaissable, la coupure de 200 DA a eu droit à tous les qualificatifs sans pour autant perdre sa place privilégiée dans le coeur et les portefeuilles des consommateurs. Principale monnaie dans les échanges hors factures, le «200 DA» s'est retrouvé le premier accusé et reconnu coupable dans la désaffection des distributeurs automatiques de billets de banque (DAB) installés au niveau des bureaux de poste et agences bancaires. Pour ses détracteurs, «il bloque souvent le système des DAB». Malgré toutes les déclarations de bonne intention, les guichets financiers, qu'ils soient bancaires ou postiers, continuent jusqu'à aujourd'hui à distribuer des billets en piteux état. M. Laksaci avait pourtant précisé qu'«il avait été procédé au renouvellement des billets de 200 DA», et d'ajouter «nous avons privilégié les pièces de 100 dinars avant de renouveler les billets de 200 dinars». Il avait assuré, par la même occasion, que l'opération se poursuivra durant l'année 2009. Il avait en outre rappelé, en août 2008, qu'après une opération de renouvellement qui a touché les billets de 1.000 DA et de 500 DA, celui de 200 DA fera sa toilette pour être flambant neuf. «La Banque d'Algérie va procéder prochainement à un rafraîchissement des coupures de billets de 200 DA en vue de faciliter leur utilisation dans les DAB installés au niveau des bureaux de poste et agences bancaires». Alors, est-ce que cette fois l'opération verra le rafraîchissement de tous les billets usagés de 200 DA en circulation ou simplement une partie détenue par les établissements bancaires servant à leurs dépôts ? Une interrogation qui subsiste sur la capacité du secteur financier à procéder à un «nettoyage» de la place ou assisterons-nous simplement à une autre déclaration d'intention. Mais de là à penser sérieusement que cette opération est un avant-poste pour une offensive plus générale contre la fraude fiscale, il n'y a qu'un pas à franchir. Mais à quel prix ?