La sécurité alimentaire du pays est le défi majeur auquel les Algériens seront confrontés quand, l'après-pétrole venu, ils ne pourront plus compter sur la même manne financière qui, jusqu'à cette échéance, leur aura permis d'assurer cette sécurité alimentaire si vitale à tout point de vue. C'est en ayant en perspective cet horizon après-pétrole et l'impérative nécessité pour le pays de s'y préparer que le président de la République a formulé ses orientations et donné des directives au gouvernement quand il a procédé à l'audition-évaluation du secteur de l'agriculture et du développement rural, dont les performances à venir devront tendre à garantir au pays cette sécurité alimentaire sans laquelle il sombrerait inévitablement. Pour le chef de l'Etat, faisant référence aux mesures et aides consenties par les pouvoirs publics à ce secteur, «les conditions sont réunies pour engager un développement structurel à même d'asseoir les fondements d'une croissance agricole soutenue et un développement durable du monde rural». Il s'agit, selon lui, par conséquent «de poursuivre et de renforcer dans le cadre d'une politique de renouveau rural dynamique les actions de modernisation de l'agriculture». Il est indéniable que depuis quelques années, le secteur de l'agriculture aligne des performances qui contribuent à atténuer la dépendance du pays en matière de sa sécurité alimentaire envers les marchés internationaux. Il reste, pour que ces performances s'installent dans la durée et deviennent la norme de la contribution du secteur dans la bataille pour la sécurité alimentaire du pays, que soient levées en partie les hypothèques qui risquent de remettre en cause leur poursuite. Dans ses orientations au ministre en charge du secteur, Bouteflika en a évoqué la plus cruciale. A savoir l'utilisation rationnelle et la valorisation des ressources en eau pour l'irrigation des terres agricoles, à l'effet de sécuriser un niveau acceptable de production. C'est un fait en effet que si le secteur de l'agriculture continue à dépendre uniquement des conditions climatiques qui ne sont pas globalement propices à des rendements performants, il sera dans l'impossibilité de répondre de façon déterminante aux besoins alimentaires du pays. D'où effectivement l'urgente nécessité d'une politique visant à lui permettre d'être protégé autant que faire se peut des aléas climatiques. Les conditions climatiques durant l'année 2008-2009 ayant été favorables, l'agriculture du pays a enregistré des résultats de production records en beaucoup de filières, que les mesures d'encadrement et d'incitation mises préalablement en oeuvre par les pouvoirs publics ont assurément contribué à amplifier. Mais il reste beaucoup à faire pour que le secteur de l'agriculture continue dans cette dynamique. L'horizon d'une sécurité alimentaire totale pour le pays n'est pas l'objectif que l'on peut rationnellement fixer à ce secteur, compte tenu des limites naturelles qui sont les siennes rapportées aux besoins d'une population qui outrepasseront toujours ses meilleures productions. Ce qui en est attendu, c'est qu'en complément d'un développement industriel productif, il participe à réduire le déséquilibre défavorable de notre balance commerciale. Et si cela se concrétise, l'après-pétrole serait susceptible d'être favorablement appréhendé par le pays.