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A la recherche de l'université perdue
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 09 - 2009

Il y a quelque deux ou trois décennies, à peine, l'université algérienne était le fleuron de la culture et un haut lieu du savoir. Elle était la courroie de transmission de la science grâce à sa cheville ouvrière: un personnel pédagogique qui jouissait d'un standing de vie et d'une considération sociale digne de son rang et de la noblesse de sa mission.
Elle était la fierté, non seulement de l'Etat (quand il était en bon état), mais de la Nation tout entière. Elle formait l'élite de l'élite au pays. Elle était réellement le phare qui éclairait notre société. Ne réussissaient, alors, que les méritants. Autrement formulé, elle était la voie royale de «la promotion sociale des meilleurs». En un mot, c'était la véritable Kaaba du Savoir vénérée et respectée d'un respect religieux. Dieu n'a-t-Il pas dit «Iqra'a» ?
Les temps ont changé. Aujourd'hui, les jeunots ne pensent qu'à décrocher leurs modules sans fournir trop d'efforts, donc sans mérite, voire en trichant. Ils s'intéressent de moins en moins aux études. Ils lisent juste ce qu'il faut pour pouvoir répondre - «un peu près» - aux sujets des examens pour tenter de s'assurer une réussite vaille que vaille. Notre université semble avoir changé de statut. Autrement dit, il ne reste de supérieur dans «l'Enseignement supérieur» que son épithète qui ne s'accorde, d'ailleurs, ni en genre ni en nombre avec sa mission originelle citée supra.
La stimulation intellectuelle que nous avions, étant potaches, pour la science et la culture a disparu de la circulation cognitive. C'est l'inculture qui semble prendre le dessus en raison de la massification de l'université. Le lycée ne fournit plus à l'université, comme par le passé, une population estudiantine suffisamment bien formée à même d'assimiler immédiatement un enseignement du «supérieur». L'enseignant de ce dernier se voit réduit à dispenser l'indispensable (qui n'est pas toujours suffisant, encore moins satisfaisant) à ses étudiants. C'est-ce que Thierry Desjardins appelle « l'inculture dans la haute culture ». C'est-à-dire une culture au rabais. Voilà comment l'université sombre doucement et sûrement dans une forme de léthargie intellectuelle sans précédent. Le savoir, la culture, la lecture, l'engouement d'apprendre ne sont plus un plaisir qui est, selon les psychopédagogues, la condition sine qua non pour l'équilibre mental et intellectuel.
Notre université rappelle le «bateau ivre» d'Arthur Rimbaud surchargé qui ploie sous la masse de sa population estudiantine sans commandant de bord chevronné, livré à des timoniers politiques sans expérience, sans cap ni compas gyroscopique, au beau milieu d'une tempête sociale qui [la société] ne sait plus ce qu'elle veut ni ce qu'on veut faire d'elle. Ce qui explique, en partie, la baisse crescendo du niveau.
Le débat qui continue à susciter des vagues houleuses, tant au niveau politique, pédagogique que social, est qu'on ne sait plus quoi faire de l'université si c'est un haut lieu du savoir, comme son nom l'indique, ou un simple centre «supérieur (?)» de formation professionnelle qui n'a rien avoir avec les Ecoles supérieures. Les professeurs sont souvent confrontés à un dilemme quasi insoluble: ils fixent leurs cours en fonction de leur formation pointue et non selon les besoins pédagogiques parce que chacun est spécialiste dans son domaine. Quant aux étudiants, ils veulent apprendre ce qu'ils considèrent utile au bassin de l'emploi à dessein de multiplier leurs chances à trouver un travail. Denrée, hélas, de plus en plus rare de nos jours, chez nous comme ailleurs.
L'université s'est fourvoyée de sa mission première en donnant la priorité à une sorte de culture de formation professionnelle au détriment de la culture générale. Voilà comment on devient un pays sans grande culture. C'est-à-dire « on forme » un peuple d'incultes. Si le personnel pédagogique s'emporte dans de saintes colères, c'est pour exprimer son ire de voir l'enseignement supérieur sérieusement éprouvé, voire malade, très malade. Il refuse de voir mourir son université, encore moins d'assister à son enterrement. Il reste impuissant à son chevet juste pour la veiller sans trop savoir comment y remédier. Ce n'est pas la volonté qui lui fait défaut, mais les moyens lui manquent parce qu'ils relèvent exclusivement du politique. Est-ce la descente aux enfers pour notre université ? Elle fait cruellement défaut d'un personnel hautement qualifié, à l'instar des grandes universités de renom. Toujours selon Thierry Desjardins: «On ne peut pas être un enseignant du supérieur sans être chercheur car sinon on se coupe des réalités, et on ne peut pas être chercheur sans enseigner car sinon on se sclérose.»
Chacun (enseignants et étudiants) aimerait être ce qu'il aurait souhaité être, mais aucun d'eux ne peut l'être en raison de la désillusion qui s'infiltre insidieusement dans les esprits et les ronge tant des étudiants que des enseignants. Les réformes successives n'ont pas donné les résultats escomptés, encore moins rehaussé le niveau vu le nombre astronomique des nouveaux étudiants qui s'inscrivent chaque année. Une vraie réforme consiste, aux yeux de certains analystes, à démystifier quelques concepts qu'il faut analyser scientifiquement tels que «le bac», «l'université», «le diplôme». Lorsqu'on aura cerné l'acception de chacun de ces vocables, pourrait-on alors frayer un chemin qui sera la voie royale vers une réforme qui correspondra exactement aux objectifs de l'université algérienne sans singer les Autres dans ce qu'ils ont de médiocre. L'université algérienne, à l'instar des autres universités du monde, a besoin de réformes pour s'épousseter et de « se booster » afin de suivre la marche du temps et non fermer la marche. C'est lorsque des réformes sont politiquement larguées du haut que les esprits s'ébranlent et les boyaux se tordent.
Ainsi, on pourra éviter à notre université son actuelle précarité pour qu'elle puisse dispenser un enseignement de qualité irréprochable comme autrefois. Pour ce faire, il faut revoir la copie en vigueur qui veut résoudre les problèmes en les occultant et en évitant d'en parler. Ce qui est, en soi, une fuite en avant des plus absurdes politiquement. Il ne faut pas craindre de prendre le taureau par les cornes. C'est-à-dire faire remonter en surface tous les problèmes en suspens pour être objectivement mais définitivement résolus, de se concerter à dessein de trouver collectivement les solutions idoines qui existent, certainement, si la volonté politique y est.
Tout le monde sait que le métier de l'enseignant du supérieur s'est dangereusement dégradé, d'ailleurs, tout comme son niveau de vie. Cette dégradation est due au «mal-être» de l'enseignant. Il y a de quoi. A voir un député inculte, voire « analpha-bête » sans diplôme percevoir 300 000,00 DA/mois, sans prendre en ligne de compte les bonus et autres avantages, cela donne du vertige. Alors que le professeur-chercheur impétrant d'un doctorat en tant que dernier degré universitaire perçoit à peine le cinquième de ce salaire, cela démotive le plus motivé des enseignants. C'est une profession qui est en voie de décomposition latente mais active et effective.
Sans vouloir remuer « la plume dans la plaie », selon l'expression d'Albert Londres, il faut rappeler que le métier d'enseignant est de moins en moins valorisé en dépit de sa noblesse. Dante a raison de dire que « le premier besoin de l'homme après le pain est l'alphabet ». Le comble dans tout cela est qu'il est dévalorisé par des responsables politiques qui, eux-mêmes, étaient formés à l'école par leurs enseignants, tous paliers confondus. Il souffre du manque d'aisance matérielle et surtout du défaut de considération sociale. Voilà pourquoi le métier de professeur d'université est de moins en moins attrayant en Algérie. Un docteur est rémunéré à hauteur de 500 euros. En Somalie, l'enseignant du supérieur est nettement mieux payé, sans parler de nos voisins de l'Est et de l'Ouest.
Ce présent article ne doit pas être lu sous l'angle d'un pamphlet. C'est, tout au plus, un peu d'alcool versé sur la plaie pour désinfecter. S'il brûle, c'est qu'il agit. Ce constat amer pourrait, souhaitons-le, faire réagir les responsables compétents qui leur reste un petit reste de civisme. Il pourrait, aussi, leur dessiller les yeux, chacun à son niveau et éclairer leurs esprits enténébrés sur les risques que peut engendrer l'actuelle situation telle que les grèves à répétition, démotivation des enseignants, démoralisation des étudiants si rien n'est fait. A moins que ça ne soit leur but Fermer les yeux pour ne rien voir, se boucher les oreilles pour ne rien entendre est gravement impolitique tant pour la communauté universitaire que pour la société dans son ensemble.
Après tout, gardons espoir de retrouver, un jour, l'université perdue. Faut-il que nous soyons encore de ce monde. Enfin... bonne reprise.
Aux bons gestionnaires et amis du Savoir, l'université est reconnaissante.
*Docteur ès lettres
Maître de conférences
Université de Chlef


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