Au moment où l'espèce humaine entre dans le troisième millénaire, les questions de l'environnement restent à l'ordre du jour des débats scientifiques aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. Ainsi, les réserves forestières, à cause des incendies, des coupes illicites, de l'effet de serre et autres actions anthropiques néfastes se réduisent comme peau de chagrin et sont vouées à la disparition. Honaine, berceau de la dynastie des Almohades, escale phénicienne, cité numide qui a rayonné durant plusieurs siècles sur la rive de la Méditerranée, a connu tout au long de ces époques une végétation luxuriante et une agriculture prospère. A son apogée, elle était couverte de forêts sur de vastes étendues de terre. Ses montagnes, ses plaines, ses vallées, chaque parcelle de son sol foisonnait de verdure et de beauté, tandis que son petit port de pêche à l'ouest du pays faisait la voie méditerranéenne pour le commerce avec Tafilalet et l'ancien Soudan (actuel Mali). Hélas ! Ce fabuleux patrimoine s'est rétréci au fil du temps comme une peau de chagrin, pour ne plus couvrir aujourd'hui qu'une infime partie de la wilaya de Tlemcen. La désertification rampante à un rythme inexorable et la main de l'homme aidant ont dénudé des immensités de terre autrefois grouillantes de faune et de flore d'une rare diversité. La préservation de l'environnement contre la pollution et ses méfaits dévastateurs est un but que notre pays s'affaire à concrétiser par le biais de textes législatifs mais aussi de réprimande. Malheureusement, il est certaines entreprises qui font fi des obligations stipulées dans les cahiers des charges... Un exemple parmi d'autres est celui des carrières et usines installées du côté de Tajra (deux kilomètres à l'ouest de Honaine), des unités de grande production. Dans ces contrées, certains industriels, peu soucieux de l'environnement, agressent quotidiennement les zones forestières en y stockant leurs produits, résultat: un spectacle désolant de poussières nuisant à la faune et à la flore. Avec tous les risques de contamination (eaux usées, huiles, etc.) que cela peut générer ! En outre, après les extractions de sable à partir des plages de Agla, El-Ouardania, Tafsout, Honaine et M'khalled et les pillages du gravier et du tout-venant des oueds de Honaine, voici venu le temps de la déforestation, prohibée par la loi. La culture de la protection de l'environnement dans la région de Honaine ne fait pas partie du quotidien de toute la population, chaque individu y trouve son compte. Et en dépit de toute une batterie de textes de loi, la nature continue à subir les cortèges d'agressions, malheureusement dans l'indifférence. Ce n'est pas la première fois que les citoyens de la ville de Honaine tirent la sonnette d'alarme mais, dira Benyoub Abdelhafid, membre actif d'une association de préservation du patrimoine naturel et archéologique (Traras) de Honaine, la situation a atteint un seuil de gravité. Notre interlocuteur nous informera que les ressources naturelles de Honaine sont dilapidées par des bandes organisées, lesquelles sévissent dans plusieurs zones forestières, «des lots de terrain ont même été amputés de ces forêts et vendus pour la construction de maisons...», dira-t-il, et d'ajouter: «l'exploitation sauvage des bois précieux de la forêt de Honaine prend une allure dramatique qui, si elle doit se poursuivre au rythme actuel et surtout selon la manière dont cela se déroule, aura sans doute des répercussions gravissimes sur l'équilibre écologique dans cette région d'abord, sur celui de l'ensemble du pays, ensuite».