Homme de conviction, Barack Obama montre, chaque jour qui passe, son engagement à réconcilier l'Amérique avec le reste du monde, notamment, celui musulman. Aux promoteurs du clash des civilisations, il répond par : «notre humanité commune». C'est rare et courageux pour un chef d'Etat. Vendredi 10h 30, heure GMT. Oslo, capitale norvégienne. Le président du Comité du prix Nobel, le Norvégien Thorbloern Jagland, annonce l'attribution du célèbre prix Nobel de la paix pour l'année 2009 au président américain Barack Hussein OBAMA. Un choix que seuls les esprits étroits, notamment de ceux des extrémistes de tous bords, trouveront à redire. S'il y avait un postulant qui pouvait honorer et s'honorer de la plus prestigieuse des récompenses qui distingue les engagements, les actes et la sincérité d'un homme politique, aucun autre ne pouvait devancer ce président américain, si atypique, si courageux en ces temps de crise internationale multidimensionnelle. Dès son accession au pouvoir, OBAMA a vite fait de poser un geste d'une extrême importance : le dialogue interreligieux. Son discours adressé aux musulmans du monde entier à partir du Caire (Egypte), le 4 juin dernier, traduit sa volonté de briser la «théorie du clash des civilisations» à l'origine de bien de haines, de prétextes et de justificatifs des va-t-en guerre et colonisateurs. «Je suis venu au Caire en quête d'un nouveau départ pour les Américains et les musulmans du monde entier», a-t-il déclaré, avant de relever la responsabilité des dirigeants politiques pour «vivre ensemble notre humanité commune». De toutes les crises de ce début de millénaire, celle du religieux est de loin la plus complexe, la plus violente qu'affronte quotidiennement le monde d'aujourd'hui. Ainsi identifiée et prise en charge publiquement par le président de la première puissance mondiale n'est pas rien. C'est une révolution. L'engagement du président américain pour la paix n'est pas que discours. Il s'exprime par des actes concrets : retrait progressif des forces armées d'Irak ; fermeture définitive du pénitencier de Guantanamo en décembre prochain ; dénonciation de la colonisation israélienne en Palestine ; réactivation du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens... dans le même temps, cette «main tendue» à la paix n'est pas un aveu d'impuissance face aux promoteurs de la haine et des violences : intensification de la lutte contre le terrorisme international, notamment contre ses bases en Afghanistan et au nord du Pakistan. La tâche du président américain n'est pas aisée. Il fait front à d'innombrables adversaires tant en Amérique qu'ailleurs. Il doit convaincre que son combat contre le terrorisme international, particulièrement contre Al-Qaïda, n'est pas une guerre contre un pays musulman. Il doit convaincre que son engagement pour un monde sans armes nucléaires, comme il l'a proclamé lors de la dernière Assemblée générale de l'ONU, n'est pas une attaque contre l'Iran, pays à qui il répète le vouloir comme ami et partenaire et non comme ennemi. Ce n'est pas rien pour un Américain. Ce changement d'axe de la politique étrangère américaine, il l'a voulu et annoncé bien avant sa victoire électorale. Il l'a répété durant sa campagne électorale. «L'Amérique ne doit pas être seule à décider des affaires du monde», aime-t-il encore rappeler. Fini l'unilatéralisme américain au profit de la concertation internationale. Il joint le geste à la parole en annulant le fameux projet du bouclier antimissile en Europe que son prédécesseur justifiait par une menace nucléaire... iranienne ! Mais les guerres et les haines ont pour origine les inégalités, les injustices, la misère et l'exclusion. Aussi, le président américain ne ménage pas ses efforts pour peser sur la réforme de la Banque mondiale et du FMI. Les USA d'où est partie la crise financière internationale ont accueilli deux Sommet du G 20, même si beaucoup restent sceptiques quant à une vraie réforme du système financier international. En plus d'une caricature de ses adversaires le montrant avec un keffieh palestinien, OBAMO n'est-il pas traité de communiste chez lui ? C'est que l'homme dérange des intérêts obscurs et bouleverse des certitudes jusque chez lui. Vouloir assurer la gratuité des soins aux plus démunis aux USA, vouloir instaurer une aide sociale aux laissés-pour-compte ne lui vaut, certes, pas la sympathie des nantis et secoue bien des égoïsmes, mais qu'importe, l'homme a des convictions, a fait des promesses électorales et il le prouve chaque jour. Tout cela en quelques mois à la présidence du plus puissant pays du monde. Qui dit mieux pour mériter le Nobel de la paix 2009 ?