Devant l'impasse que connaît le processus de réconciliation entre les factions palestiniennes, il peut paraître que la convocation d'élections présidentielles et législatives décidée vendredi par Mahmoud Abbas pour le 24 janvier 2010 soit la bonne solution qui, en donnant la parole au peuple, fera de celui-ci l'arbitre souverain des dissensions interpalestiniennes. Dans l'absolu, c'est la seule chose à faire, compte tenu de l'incapacité du Fatah et du Hamas à surmonter leurs divergences et à se réconcilier. Mais pour qu'elle soit possible à réaliser, faut-il que les factions antagonistes acceptent de jouer le jeu et d'aller à des élections libres et démocratiques. Ce à quoi le Hamas a d'ores et déjà refusé de souscrire en faisant valoir des arguments dont on peut évidemment accepter ou récuser le bien-fondé. Dès lors que le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza campe sur cette position, l'on ne voit pas comment Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne pourront organiser le scrutin annoncé avec la participation de l'ensemble du peuple palestinien. Si Abbas persiste malgré tout à l'organiser, le résultat en sera l'aggravation de la division interpalestinienne. Du point de vue d'observateurs et même d'acteurs de la scène politique palestinienne, l'initiative du président Mahmoud Abbas est précipitée, même si elle lui a été dictée par l'impératif de respecter le délai constitutionnel. Ils pensent en effet qu'il est encore possible de réaliser la réconciliation nationale souhaitée par l'ensemble des Palestiniens. Mais pas en mettant au pied du mur le Hamas, comme vient de le faire Abbas avec sa convocation d'élections présidentielle et législatives, dont il sait au demeurant qu'il ne pourra pas les organiser à Gaza sous contrôle de ce parti. Ce que faisant, le président palestinien donne l'impression d'être sous influence des autorités égyptiennes pour le moins, lesquelles, sous couvert de «médiation», ont mené le dialogue interpalestinien à l'impasse en exigeant que leur document de «réconciliation» soit signé avant le 15 du mois d'octobre. Pour des raisons que l'on ignore, le Hamas refuse d'entériner les accords tels qu'établis dans le document égyptien. La réconciliation étant une nécessité cruciale et vitale pour les Palestiniens, il aurait fallu peut-être prolonger encore le dialogue et non mettre la pression sur le Hamas et le pousser ainsi à se radicaliser. Si le scénario que Abbas veut réaliser le 24 janvier prochain va aller à son terme, aucune des factions palestiniennes n'en sortira gagnante. La représentativité de chacune en sera gravement affectée et la division du peuple palestinien irrémédiablement consommée. Au bénéfice de l'ennemi israélien, qui en prendra inévitablement prétexte pour faire valoir que les divisions palestiniennes justifient que l'Etat sioniste refuse dans ces conditions l'existence d'un Etat palestinien à ses côtés et que de toute façon il n'y a pas, côté palestinien, d'interlocuteurs représentatifs et crédibles avec lesquels négocier la perspective. Le Fatah et le Hamas sont collectivement responsables d'avoir fourvoyé le Mouvement national palestinien dans la désunion. Situation qui est un service inestimable rendu à Israël et ses alliés et un mauvais coup à la cause nationale de leur peuple.