Le bureau exécutif national du MSP s'est réuni, hier, en session ordinaire et a appelé dans un communiqué «les militants à la prudence contre la campagne tendancieuses qui vise le parti». Selon le chargé de communication Mohammed Djemâa, que nous avons contacté hier par téléphone, «cette affaire est montée de toutes pièces. Ce sont les éléments de l'ex-FIS, qui sont toujours en activité à l'étranger qui sont derrière cette campagne. Ces activistes visent le parti pour ses positions contre le FIS et en faveur du pouvoir algérien dans les années 1990 ». Tout en ajoutant «que Boudjerra Soltani n'a reçu aucune convocation jusqu'à l'heure actuelle». Il s'agit pour lui des adeptes du «qui tu qui» qui ont actionné la machine depuis la capitale helvétique. Pour rappel, les responsables de l'ONG suisse de défense des droits de l'homme Track Impunity Always (TRIAL) ont accusé, il y a quelques jours, Boudjerra Soltani, président du MSP, d'avoir torturé un ancien officier et réfugié actuellement en Suisse, Anouar Malek. Selon le président de l'ONG Philip Grant, «le chef politique aurait dirigé et participé à une séance de torture le 1er juillet 2005, alors qu'il était ministre d'Etat. Il a soutenu que «cette séance de torture était dirigée contre Nouar Abdelmalek, qui était alors chef du service du Commissariat politique et qui avait refusé lui-même de participer à des séances de torture». Trial avait déposé le 12 octobre courant une plainte auprès de l'Office des juges d'instruction du canton de Fribourg (centre de la Suisse) après avoir appris que Boudjerra Soltani devait se rendre à Fribourg pour participer à une conférence de la Ligue des musulmans de Suisse le 17 octobre. Pour le porte-parole du parti, qui nie en bloc ces accusations, «Anouar Malek est utilisé par les éléments de l'ex-FIS. C'est un truand récidiviste qui a fait de la prison». Il affirme que l'ONG en question est douteuse et avait déjà causé des problèmes par le passé à l'ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar lorsqu'il s'était rendu en Suisse». Il indique également que le plaignant «a déjà causé du tort à des politiciens et des journalistes du journal El Khabar». Notre interlocuteur a déclaré que le leader du parti «était à Genève à l'invitation de la Ligue des musulmans de Suisse, pays qu'il a quitté à bord d'un vol d'Air Algérie en direction de l'aéroport Houari Boumediène comme programmé initialement en présence de l'ambassadeur et du Consul d'Algérie dans ce pays». Pour notre interlocuteur, «il y a un complot contre le parti qui vise à le discréditer aux yeux de l'opinion publique». Le responsable politique ne dit pas qui est derrière ce complot. C'est la presse française qui était la première à rapporter l'information de la fuite du président du MSP. Le chargé de la communication révèle que « durant la rencontre organisée par la Ligue des musulmans en Suisse, des individus qui se trouvaient dans la salle ont perturbé le discours du leader du MSP, l'accusant d'avoir trahi le FIS et de rouler pour l'armée algérienne. En le conspuant, ces individus ont appelé à rouvrir le dossier des disparus». Cette affaire pour le moins scabreuse et qui intervient au moment où la classe politique s'apprête à entrer dans des courses électorales, ne sert pas la cause du parti, qui se trouve ainsi sous les feux de la rampe mais de la plus mauvaise façon qui soit. Il y a quelques jours, l'avocat du plaignant, Me François Membrez, avait déclaré que son client «allait porter plainte pour violation du secret de fonction contre le Département fédéral des Affaires étrangères et contre le Département fédéral de la Défense». Il s'est indigné contre le fait que le leader du MSP avait pu «fuir» avant d'être interrogé par la justice suisse. Pour l'avocat, « l'information n'a pu sortir que du ministère des Affaires étrangères ou de celui de la Défense qui a saisi le juge de l'affaire en lui adressant une note pour «le mettre en garde contre une éventuelle manipulation».