La crise qui couvait au sein du MSP depuis déjà plusieurs années, et que les instances du mouvement ont tenté de minimiser même après l'épisode du 4e congrès où la guerre a été publiquement déclarée entre Bouguerra Soltani et Abdelmadjid Menasra a fini par s'amplifier. Ce dernier, qui accuse son vis-à-vis de violations du règlement intérieur de la formation politique, a lancé avant-hier son propre parti dénommé MPC (Mouvement pour la Prédication et le Changement). Dans le communiqué rendu public au terme de la réunion qui a consacré la naissance du MPC, Soltani est accusé d'avoir dévié le MSP de la ligne tracée par son prédécesseur, feu Nahnah, «ce qui laissé un sentiment chez ses enfants fidèles d'être des étrangers», le parti ayant perdu de sa crédibilité selon les rédacteurs du même communiqué. La réaction du chef de file du MSP ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué signé Soltani parvenu à notre rédaction, il est précisé que «cette étape est précédée par d'autres dont le but était de chercher à contourner les décisions des instances légales du parti.» Tout en s'appuyant sur les décisions du 4e congrès du MSP, Soltani accuse : «Celui qui est incapable de travailler dans un cadre institutionnel qui lui offre la liberté d'opinion n'a pas besoin de justifier son agissement en dehors de la légalité». Le chargé de communication du MSP, Mohammed Djemâa, que nous avons joint hier, va plus loin. «Cela fait une année qu'il boycotte les instances du parti. Il (Menasra, Ndlr) nous accuse de dérives, c'est plutôt lui qui a dérivé en faisant dans le travail fractionnel, contraire à l'éthiqssue. Il ne sait plus où il en est» a commenté notre interlocuteur qui rappelle que Menasra avait même émis des critiques en 2008 à l'encontre du président de la République, contre l'avis du parti, alors qu'il a fait compagne en sa faveur lors de l'élection présidentielle. «Il a fait un virage à 180°», a-t-il dit, expliquant qu'au contraire, depuis la disparition de Nahnah, le parti s'est renforcé. Il en veut pour preuve l'augmentation du nombre de députés du MSP, qui était de 38 pour atteindre 51 dans l'actuelle législature. «Nous avons aussi augmenté le nombre de nos élus locaux de 1100 à 2800. En termes de voix, nous sommes passés du simple au double pour atteindre presque le million» commentera Djemâa. Interrogé sur l'appel du groupe Menasra aux militants du MSP de joindre le nouveau parti, Djemâa estimera que leur action est vouée à l'échec. «Menasra continuera à être suivi par les mêmes personnes. Ce qui est sûr, c'est que 90% des militants sont contre son avis, mais il va tout de même continuer à faire de la diversion», dira encore le chargé de communication. Nos tentatives de joindre Menasra ou ses partisans pour recueillir leurs réactions suite aux déclarations des dirigeants du MSP sont restées vaines.