Dans n'importe quel pays,nous pouvons constater la coexistence de trois modèles économiques: - Le modèle de concurrence parfaite. - Le modèle de monopole privé. - Le modèle de monopole public. Le fait d'avoir trois modèles devrait nous inciter à rechercher: - S'il n'y a pas un modèle supérieur aux deux autres ? - S'il n'y a pas un modèle qui présuppose le chômage ? - S'il n'y a pas un modèle qui présuppose le personnel pléthorique ? - Si la création monétaire n'est pas la cause des crises économiques ? - Si les différences des salaires minimums entre les pays ne sont pas les causes de l'émigration économique et des délocalisations de production ? Pour répondre à ces questions nous allons recourir à la loi de l'offre et de la demande. En effet la loi de l'offre et de la demande est incontournable et finit toujours par s'imposer si les décisions prises lui sont incompatibles. Le modèle de concurrence parfaite permet théoriquement l'équilibre des marchés: - L'équilibre du marché des produits. - L'équilibre du marché des services. Il est possible de le constater à travers l'exemple suivant: L'EQUILIBRE DU MARCHE Pour le marché de concurrence parfaite, les quantités offertes (10000) sont égales aux quantités demandées (10000) au prix de 6. Supposons que l'Etat décide de protéger la production nationale par l'institution d'un impôt à l'importation, cela va permettre de limiter l'offre par rapport à l'offre du marché concurrentiel. Les quantités offertes seront de 9000 au lieu de 10000 pour un prix de 7. Les quantités demandées pour un prix de 7 sont de 9000. Il y a donc équilibre entre les quantités demandées et les quantités offertes. Apparemment il n'y a ni surabondance, ni pénurie et la loi de l'offre et de la demande est respectée. Poussons un peu plus l'analyse, pour une quantité de 10000 il nous faut 10 salariés. Pour une quantité de 9000 il nous faudra 9 salariés. Première conclusion: le monopole privé présuppose le chômage. Poussons plus loin l'analyse et comparons le marché de concurrence parfaite avec le marché de monopole privé. Dans le marché de concurrence parfaite: La valeur de la production est égale à: 10000 x 6 = 60000 Posons que les salariés sont rémunérés à 30000 et les propriétaires des moyens de production à 30000. Toute la production peut être consommée si tous les revenus sont dépensés. Dans le marché de monopole privé: La valeur de la production est égale à: 9000 x 7 = 63000 Comme les salariés sont au nombre de 9 au lieu de dix, ils seront rémunérés à 27000 au maximum et les propriétaires des moyens de production auront 63000 27000 = 36000, si toute la production est vendue. Les revenus des salariés leur permettent de consommer 27000 : 7 = 3857 Les propriétaires des moyens de production consomment au maximum 5000 x 7 = 35000. C'est-à-dire la même quantité que celle qu'ils consomment dans le marché concurrentiel: 5000 x 6 = 30000. La consommation de la production est de 27000 + 35000 = 62000, reste 1000 non consommées. Il est nécessaire de recourir à la banque et créer 1000 pour que toute la production soit écoulée. Cette création monétaire représente 1000 : 63000 = 1,58% de la valeur de la production. Au fil des années, l'opération se renouvelant régulièrement, le surendettement de l'économie devient inévitable. Comme conséquence du surendettement, il y a le non remboursement des dettes échues à la banque. Si le non remboursement prend de l'ampleur, c'est la banque qui devient incapable d'honorer les demandes des clients ayant des dépôts à vue et c'est la crise financière qui est suivie par la crise économique. C'est ce qui se passe depuis la première crise économique de 1816. Nous pouvons donc conclure que le super profit du monopole privé ne permet pas le plein emploi ce qui est corroboré par la réalité: il n'y a aucun pays qui assure le plein emploi d'une part et la crise économique revient régulièrement suite au surendettement, ce qui a pour effet d'accentuer le chômage d'autre part. Dans le marché de monopole public: Généralement, les entreprises publiques ne sont pas mises en faillite aussi bien dans les pays capitalistes que dans les pays en transition lorsqu'elles accusent des déficits successifs durant plusieurs années alors que les entreprises privées sont mises en faillite ou présentent des plans de restructuration pour à la fois diminuer le personnel et la production. Pour les entreprises publiques la diminution du personnel est difficile à réaliser sur le plan politique et les négociations finissent généralement par l'acceptation du personnel pléthorique dans le cas où la production est diminuée, ou la subvention du prix dans le cas du maintien de la production. Au fil des années l'on se retrouve avec des entreprises publiques ayant un personnel pléthorique et des prix subventionnés. Les déficits de ces entreprises sont pris en charge par le Trésor public, et donc par le budget de l'Etat. Si le budget de l'Etat dégage un excédent suffisant pour prendre en charge le déficit de ces entreprises, et donc l'Etat ne recourt pas à la banque, il n'y aura pas d'impact sur le surendettement. Par contre, si le budget de l'Etat est déficitaire et doit prendre en charge les déficits des entreprises publiques, le surendettement de l'Etat ajouté au surendettement de l'économie va accélérer la crise financière qui est suivie par la crise économique. Nous pouvons donc conclure que tout déficit, aussi bien des entreprises publiques que du Trésor public, précipite la crise économique. La comparaison de ces trois marchés nous pousse à conclure que le marché de concurrence parfaite est le meilleur dans la mesure où il permet: - Le plein emploi. - D'éviter le chômage dû au monopole privé. - D'éviter le personnel pléthorique dû au monopole public. - D'éviter le déficit structurel du budget de l'Etat qui ne peut plus recourir à la création monétaire. En effet, l'Etat comme l'entreprise ne doivent pas être structurellement déficitaires. Si nous optons pour le marché de concurrence parfaite, il nous faut mettre en place les solutions qui permettent de stopper la création monétaire sans entraîner une crise financière. Posons: Le PIB d'un pays est égal à 1000. La banque reçoit en dépôts à terme 300, en dépôts à vue 250 et en remboursement des dettes échues 400. 1° Si la banque prête uniquement les dépôts à terme c'est-à-dire 300, il est certain qu'elle n'a pas créé de nouvelle monnaie, mais l'économie va souffrir du manque de liquidité car les remboursements sont de 400. En effet, même dans le cas où les clients dépensent tous leurs dépôts à vue, les remboursements étant supérieurs aux dépôts à terme le PIB sera consommé pour : 1000 - 400 + 300 = 900. Il y a sous-consommation, ce qui va pousser les producteurs à diminuer la production et c'est la récession. 2° Si la banque prête les remboursements, c'est-à-dire 400, il est certain qu'elle n'a pas créé de nouvelle monnaie, deux cas sont possibles: a) Les clients dépensent tous leurs dépôts à vue: le PIB sera consommé pour 1000 - 400 + 400 = 1000 b) Les clients dépensent 230 de leurs dépôts à vue: le PIB sera consommé pour 1000 - 250 + 230 = 980. Deux décisions sont possibles: - Créer de la monnaie en courant le risque de tomber à nouveau au bout de quelques années dans une crise financière qui sera suivie par une crise économique. - Ne pas créer de la monnaie et il y aura une déflation de 2% au maximum due à une meilleure productivité qui sera profitable à la population dans son ensemble dans le cas où toute la production est consommée. Si une partie va alimenter les stocks, la déflation sera moindre. D'ailleurs beaucoup de pays ont réussi à maintenir le taux d'inflation à 3% durant des années consécutives, comme l'inflation est due à deux causes: la rareté du produit et trop de monnaie en circulation, la création monétaire est nécessairement inférieure à 3%. Diminuer la valeur ajoutée de 1% à 3% ne va pas appauvrir les propriétaires des moyens de production ou les salariés. Par contre, ce qu'ils gagneront c'est le plein emploi et l'absence de crise économique durablement. Maintenant que nous avons trouvé comment cesser toute nouvelle création monétaire, il nous reste à trouver comment éviter les délocalisations et l'émigration économique. Actuellement, d'un pays à l'autre les salaires minima varient dans des proportions de 1 à 10 voire 15. Or le simple fait que la variation soit du simple au double incite aussi bien les producteurs à délocaliser la production dans les pays où le salaire est plus faible que l'émigration économique vers les pays où les salaires sont élevés. Avec un salaire moyen mondial, il peut être mis fin à la délocalisation de la production et à l'émigration économique. Généralement dans les pays où les salaires sont élevés, la part des salariés est supérieure à 50% de la valeur ajoutée alors que dans les pays où les salaires sont faibles, la part des salariés est inférieure à 50% de la valeur ajoutée. En adoptant le principe du partage de la valeur ajoutée en deux parts égales entre les propriétaires des moyens de production d'une entreprise et ses salariés, nous résoudrons en même temps les problèmes de délocalisation, d'émigration pour raisons économiques et les problèmes de déficit des entreprises. Nous pouvons conclure qu'il suffit que le pouvoir en place, s'il cherche l'intérêt de toute la population, n'a qu'à décider de ne pas accorder de monopole, de ne pas subventionner ou taxer les produits, de ne plus fixer les salaires et enfin de ne plus créer de monnaie nouvelle. C'est vrai qu'actuellement tous les pouvoirs fixent les salaires, imposent les produits ou les subventionnent et exercent le monopole sur l'importation comme sur l'exportation et créent régulièrement de la nouvelle monnaie. Le pouvoir, en respectant le laisser-faire, le laisser-aller, évitera les conflits sociaux et n'aura plus à défendre les intérêts d'une classe contre l'autre puisque la valeur ajoutée est partagée équitablement entre les deux classes. Au contraire les intérêts des deux classes deviennent convergents. - 1) La suppression de la création monétaire permet d'éviter les crises économiques à jamais. - 2) La suppression du monopole ajoutée à la suppression de la création monétaire permet le plein emploi permanent. - 3) Le partage de la valeur ajoutée en deux parts égales entre les salariés et les propriétaires des moyens de production (privé ou public) permet à l'entreprise d'être toujours excédentaire à partir du moment où la valeur ajoutée est toujours positive - 4) Comme les prix sont déterminés par le marché concurrentiel et que la valeur ajoutée est partagée en deux parts égales, tout le capital sera avancé par les propriétaires des moyens de production aux salariés jusqu'à satisfaction totale de la demande des salariés. - 5) Toute la production est consommée et ne nécessite pas obligatoirement l'existence d'un marché extérieur. S'il y a échange avec le marché extérieur, en l'absence de création monétaire, aucun pays ne peut se permettre un excédent structurel de sa balance des paiements comme un déficit structurel de sa balance des paiements. Ainsi l'économie reviendra à son point de départ, c'est-à-dire à l'économie qui était en vigueur au début du quatorzième siècle: en effet le monopole a commencé à dominer l'économie au début du dix-neuvième siècle, avec sa domination, les crédits à l'économie sont devenus nécessaires pour la consommation de la production. Ces crédits sont basés sur la création monétaire, c'est ce qui explique que les crises économiques reviennent régulièrement depuis 1816. Avant la révolution industrielle le prix de marché concurrentiel dominait l'économie, et les crédits étaient essentiellement accordés à l'Etat et ce depuis le début du dix-septième siècle. Le surendettement de l'Etat était résolu par la dépréciation du papier monnaie. Avant le dix-septième siècle, la création monétaire légale n'existait pas. Pour les salaires, des tarifs légaux ont été institués par le roi Edouard VI en 1349 en Angleterre et par le roi Jean en France en 1350. Auparavant, les salariés recevaient la moitié de la valeur ajoutée que ce soit dans l'agriculture ou les métiers. La fixation du tarif légal ajoutée à la fixation du volume d'heures de travail a eu pour conséquence la surexploitation des salariés depuis le quatorzième siècle jusqu'au dix-neuvième siècle. A partir du vingtième siècle, les luttes des salariés ont permis de diminuer le volume horaire journalier de travail, mais à cause du monopole exercé par l'Etat qu'il soit capitaliste ou socialiste, les salariés continuent de subir les crises économiques et sont mis au chômage, de même que certains entrepreneurs sont mis en faillite du fait que le pouvoir décide de fixer les salaires et les prix des produits. Nous pouvons donc conclure que la suppression du monopole économique de l'Etat est la solution idoine pour réaliser le plein emploi avec une distribution des revenus qui ne lèse aucune des parties: que ce soit les salariés ou les propriétaires des moyens de production. * Economiste, ancien étudiant de l'Université de Constantine