L'élargissement de la procédure d'externalisation du visa aux consulats de France à Oran et à Annaba se fera avant la fin de l'année 2010. C'est ce qui a été affirmé hier par l'ambassadeur de France au cours de la conférence de presse. «Les trois prochaines orientations que nous voudrons avoir, c'est d'étendre ce dispositif si possible à Oran et à Annaba pour les faire profiter des mêmes conditions en terme de gestion des dossiers et de délais qu'Alger», a-t-il indiqué. Selon les diplomates français, le dispositif VisasFrance s'installera donc à Oran et à Annaba «avant la fin de l'année 2010». L'ambassadeur pense même «qu'on pourrait imaginer d'étendre ce dispositif en dehors des consulats. Encore une fois, je pense trop, pourquoi ne pas envisager d'avoir à terme des points de collecte à Timimoun, Djanet et Tamanrasset ?» Comme deuxième orientation, Xavier Driancourt évoque «l'introduction de la biométrie qui existe déjà à Oran et à Annaba mais pas à Alger à cause de questions juridiques compliquées». Troisième et dernière orientation, «l'implantation du dispositif VisasFrance dans les anciens locaux, avenue du 1er Novembre, que le Consulat général de France a quittés il y a 15 ans». Locaux de 8.000 m² qu'il faut, dit-il, «réaménager, avoir les autorisations des autorités algériennes pour ce qui est de la sécurité et la protection et les rendre antisismiques parce qu'ils ont été touchés par le séisme de 2003, ce qui exige des financements». Mais avant, l'ambassadeur de France a commencé par «un petit point sur l'opération de visa un an après son externalisation par le Consulat général au niveau d'Alger». VisasFrance, ce prestataire de service auquel le Consulat général de France a confié le traitement des dossiers de demandeurs de visa, fêtait hier sa première année d'activité en Algérie. «De notre point de vue, c'est une très belle opération, une expérience efficace», estime Xavier Driancourt qui note que «le choix de ce mode de fonctionnement s'explique par le fait que la question des visas est quelque chose d'extrêmement important qui est au coeur des relations algéro-françaises». En 2005, la France a délivré 131.705 visas aux Algériens sur 266.000 demandes, soit, dit-il, «un taux de refus de 48,6%». En 2008, il y a eu 132.135 visas délivrés sur 210.659 demandes (dont 60% d'Alger, 21% d'Oran et 19% d'Annaba). Soit un taux de refus de 35,5%. Ces demandes qui sont de même niveau que celles marocaines mais bien en deçà de celles tunisiennes. «L'accueil est plutôt favorable» Pour Driancourt, la société prestataire a de l'expérience dans le domaine de l'informatique et de la gestion des flux des personnes, de la gestion des dossiers, de délais... Ce que l'administration n'est pas toujours capable de bien faire. C'est, dit-il, pour que «l'Algérien soit le mieux servi possible». L'autre élément qui justifie ce choix aux yeux de l'ambassadeur «on n'a ni pétrole ni gaz, dit-il, et qu'en revanche, on a beaucoup de déficit budgétaire. On a ainsi moins de moyens humains et financiers. Donc, on a fait appel à la société pour prendre le marché sur la base d'un cahier des charges pour un service beaucoup plus personnalisé, beaucoup plus sympathique que ce que nous faisions dans notre Consulat général». Ce qui est constaté du côté français, dit-il, «c'est que l'accueil est plutôt favorable, les files d'attente sont plus fluides, les rendez-vous personnalisés». En terme de services, renchérit le PDG de Telesmart, «la population nous le dit, c'est assez satisfaisant. C'est, pour moi, une expérience très positive.» L'ambassadeur rappelle au passage que «la décision de délivrer les visas relève du Consulat général de France à Alger et reste une décision de souveraineté française tout comme l'est celle du Consulat général d'Algérie à Paris». «L'Algérie d'il y a dix ans n'est pas la même que l'Algérie d'aujourd'hui», fait remarquer Driancourt. Il souligne qu'entre 2005 et 2008, «il y a eu baisse de la demande». Il donne les caractéristiques des dossiers: «plus de 90% sont des demandes de visa de court séjour (visites familiales, professionnelles ou touristiques).» L'ambassadeur affirme qu'«on a délivré 32,53% de visas de circulation (2 à trois ans pour une période de 90 jours sur une année), soit à peu près un tiers des demandes». Il explique que «ces gens-là font des allers et retours donc, ils n'ont pas besoin de refaire des demandes de visa dans l'année». C'est, selon lui, ce qui explique la baisse de la demande. Le Consul général constate pourtant «une reprise de la demande au regard de la diminution forte et régulière qu'il y a eu depuis janvier 2003, date de l'augmentation des frais de visa». Il en veut pour preuve «sur les 9 premiers mois de 2008, la demande a augmenté de 3%. Une première, depuis 2003 !» Reprise qui prouve, selon lui, que «les frais de visa ne sont pas un barrage et son externalisation n'est pas une contrainte». A ceux qui estiment, en effet, que les frais de visa sont exorbitants, le Consul général répond «il n'y a pas aujourd'hui de réflexion au niveau des pays Schengen pour les réviser (...). Et les 23 euros fixés pour le traitement du dossier, c'est un prix plancher. Nous avons demandé à notre prestataire de recevoir des dossiers gratuitement particulièrement ceux relevant de la coopération civile, militaire et économique.» «Nous voulons attirer les meilleurs étudiants» A propos de l'exigence de la réservation d'hôtel pour les journalistes, Heude rassure «c'est lorsqu'il s'agit d'une première demande, sinon, vous précisez seulement que vous êtes journalistes». En 2008, en outre, 5.500 visas de long séjour ont été délivrés pour des étudiants conformément, explique le Consul général, à un dispositif spécial qui passe, dit-il, «par le centre culturel français à Alger». Avec la précision qu'il n'y a pas de quota pour les visas étudiants, «si nous avions 10.000 bons dossiers, nous aurions délivré 10.000 visas». C'est, confie-t-il, «une des instructions de la diplomatie française d'attirer les meilleurs étudiants francophones. C'est une orientation nouvelle et importante prise ces dernières années. L'Angleterre l'a fait pour attirer et embrigader les meilleurs étudiants anglophones, nous avons dit qu'il faut faire la même chose pour développer l'attractivité française et faire rayonner la culture française. L'étudiant ne peut travailler que pendant un laps de temps. C'est extrêmement encadré.» Orientation qui, explique Heude, n'a rien à voir avec le concept de l'émigration choisie ou le pillage des cerveaux. «Ce n'est pas du tout une politique qui se fait au détriment des Etats d'origine», rassure-t-il. Interrogé sur les causes d'un refus de visa, il explique que «l'obtention du visa pourrait être aléatoire, l'instruction du dossier n'est pas une science exacte, on l'aurait su et ça nous aurait facilité la tâche. Dans le refus d'un visa, il y a une part de subjectivité mais nous avons des critères à savoir les ressources, la situation professionnelle... Les situations difficiles sont celles des primo demandeurs, nous essayons d'analyser le risque migratoire.» En 2002, rappelle-t-il, «le taux de refus par Nantes était supérieur à 80%, aujourd'hui, c'est un peu plus de 30%». Il rappelle en même temps les voies de recours, «celles juridictionnelles, la commission de recours qui siège à Nantes et le Conseil d'Etat». «C'est de plus en plus encadré par une jurisprudence et par l'UE», dit l'ambassadeur pour sa part.