L'ordinateur est en panne », « Il y a une déconnexion du système », « Il faut voir un autre bureau ! », « Patientez ! ». Le citoyen a droit chaque jour ou presque à ces réponses quand il se présente aux bureaux de poste pour retirer de l'argent. Le désagrément atteint parfois des proportions insupportables. Résultats : des files ininterrompues devant les guichets de poste, mécontentement, altercation avec des guichetiers. Que ce soit dans les grandes villes ou dans les bourgades les plus reculées du territoire national, le constat est le même. La situation s'amplifie à l'approche des fêtes religieuses, comme c'est le cas ces derniers jours. A trois jours de l'Aïd El Adha et du nouvel an, les agences postales de la capitale sont submergées de monde. La coïncidence de cette fête avec la fin du mois semble compliquer davantage la mission des agents d'Algérie Poste. C'est la faute à qui ? « Les pannes sont devenues un mode de fonctionnement de nos postes », nous a déclaré Ali, fonctionnaire dans une administration, rencontré au bureau de poste de Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger. Vieux, jeunes, hommes, femmes, enseignants, étudiants, ce bureau affiche quotidiennement complet. Des centaines de personnes viennent, dès 8h et jusqu'à 18h, y constituer de longues files d'attente. « Je suis ici depuis plus d'une heure. Il y a beaucoup de monde », a ajouté notre interlocuteur, l'air un tantinet blasé. La même scène est constatée également à Bouzaréah, à Alger-centre ou au niveau de l'agence postale de la place du 1er Mai. Pourquoi on n'arrive toujours pas à résoudre ce problème ? Que font les responsables d'Algérie Poste pour remédier à cette situation ? Au niveau de la direction générale de cette institution publique, on reconnaît les faits et affiche une volonté d'améliorer le service. « Il est vrai que ces pannes causent un désagrément pour le client, surtout pendant la grande affluence. Mais nous faisons le maximum pour résoudre les problèmes dans les meilleurs délais », a affirmé Mlle Ghania Houadria, directrice générale d'Algérie Poste. Selon elle, l'entreprise a le plus grand réseau informatique du pays et compte 3300 bureaux de poste répartis sur tout le territoire national. « Tous les bureaux sont reliés au système central qui connaît, comme toute infrastructure, des perturbations dues à différentes raisons : intempéries, travaux. Toutefois, nous effectuons des interventions rapides et nous réglons le problème dans les six à dix minutes », a-t-il expliqué. Les bureaux de poste, a-t-il souligné, effectuent 1,5 millions d'opérations CCP/jour, mais quand ce chiffre est dépassé, à l'occasion notamment des jours de fête, le réseau est saturé et les pannes surviennent inévitablement. Afin d'alléger les souffrances des citoyens, la direction d'Algérie poste a entrepris, selon elle, plusieurs actions, dont le prolongement des horaires de travail, la sécurisation de certains bureaux par des liaisons satellites et l'ouverture des bureaux de postes durant les week-end (jeudi et vendredi). Selon elle, le réseau de l'entreprise n'est pas configuré pour des situations de rush. Mais, les citoyens se plaignent de ce problème quotidiennement et leur malheur s'exacerbe à chaque fin de mois, période de virement des paies au niveau de toutes les administrations et entreprises publiques. Le comportement des guichetiers mis en cause C'est notamment les retraités qui en souffrent le plus. Pour qu'ils retirent leur argent, la majorité d'entre eux font le déplacement jusqu'à la Grande Poste, à Alger-centre. « Les micro-ordinateurs dans d'autres bureaux ne fonctionnent que rarement », a lancé Mohamed, la soixantaine, qui a fait le déplacement de Chevalley, sur les hauteurs d'Alger, jusqu'à Alger-centre. Pour mettre un terme au marasme des citoyens, la direction d'Algérie Poste, a déclaré la première responsable de l'entreprise, compte généraliser la carte monétique pour toutes les opérations de retrait. Cette option permettra également, a-t-elle précisé, de résoudre la question de la confection des carnets de chèques. Un autre problème soulevé par de nombreux clients de cette entreprise. Mais, il ne faut pas blâmer uniquement Algérie poste. Le citoyen, selon M. Boufennara, chargé de communication d'Algérie Poste, a sa part de responsabilité. Selon lui, beaucoup de gens ne s'adressent pas à l'agence de leur quartier et préfère faire le déplacement aux grands centres urbains, créant ainsi une situation de saturation au niveau des bureaux de poste. C'est le cas, a-t-il indiqué, dans les zones rurales où les citoyens, dans le but de garder leurs opérations secrètes, préfèrent retirer de l'argent dans les grandes villes. Le phénomène qui est aussi le plus contesté par la population est le comportement des guichetiers. Selon certaines personnes, les agents ne respectent pas le client. « J'ai assisté à maintes reprises à de telles situations où la femme au guichet traite brutalement les clients. Elle rejette les chèques sans explication. Et si le client insiste, elle quitte son poste et ne revient travailler qu'après 5 ou 10 minutes, sans plus », a attesté Hamid, jeune étudiant à la faculté des sciences humaines de Bouzaréah. Cela n'est pas de l'avis de la directrice de l'entreprise, qui dira que la grande partie de ses employés ont une attitude irréprochable. « Mais dans notre règlement intérieur, de tels comportements sont sanctionnés au troisième degré, c'est-à-dire le licenciement. Nous l'avons déjà fait. A chaque fois qu'un citoyen apporte des preuves qu'il a été maltraité par un agent, celui-ci sera licencié. Il n'y a aucune raison pour maltraiter un client. D'ailleurs, le receveur est là pour interdire de telles pratiques », a-t-elle renchéri en précisant qu'Algérie Poste fera le maximum dans les jours à venir pour améliorer la qualité de son service.