Le FLN réitère sa demande d'une révision de la Constitution qu'il veut «approfondie et qualitative» à même, dit-il, «de situer les insuffisances et de renforcer la construction des institutions de l'Etat». Réuni du 4 au 8 décembre à la mutuelle de Zéralda, le conseil national du FLN, instance suprême entre deux congrès, n'a pas réussi à fixer une date précise au 9e congrès du parti. La tâche ne lui revient pas. Elle incombe à son président, Abdelaziz Bouteflika, qui, pour l'instant, n'a pas jugé utile de la lui communiquer. Il a cependant laissé son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, lui arrêter une plage, celle du premier trimestre 2010. C'est-à-dire, a-t-il dit jeudi lors de la conférence de presse qu'il a animée à la fin des travaux du conseil national, «d'ici au 31 mars prochain. Si on dépasse cette date, demandez-nous des comptes». Belkhadem doit croiser les doigts pour ne pas se voir déjuger par le chef de l'Etat qui ne s'est jamais encombré d'un quelconque avis pour décider de quoi que ce soit. Le conseil national a certes organisé des débats où les courants qui ont toujours traversé le vieux parti se sont exprimés sans ambages. Il a même réussi à dépasser le clivage provoqué par le rapport sur «le message de novembre» auquel «les envolées» d'Abderazak Bouhara ont largement donné des élans réformateurs et modernistes. Mais l'instance suprême entre deux congrès s'est contentée à la fin de ces travaux de faire dans les généralités en préférant laisser les grandes questions politiques sans esquisses de réponses. La résolution politique qui a sanctionné sa session n'a ainsi porté que sur les grands principes pour notamment des grandes questions nationales qui font craindre l'avenir. Le FLN a réitéré quand même sa demande d'une révision de la Constitution. Pour rappel, Belkhadem a été le premier à défendre l'idée d'une révision de la loi suprême du pays à un moment où personne n'en voulait. Personne du personnel politique de service à l'exemple des partis politiques. L'autre révision de la Constitution voulue par Bouteflika Ahmed Ouyahia dont le FLN est l'autre incarnation du pouvoir, déclarait publiquement en 2008 qu'il était contre. Il est allé jusqu'à suggérer que s'il devait s'agir uniquement d'une révision de l'article 74 qui limitait jusque-là le nombre de mandats présidentiels, l'on n'avait qu'à le descendre au parlement pour le faire sans recourir à des subterfuges pour faire semblant de convoquer la légitimité. La révision a eu lieu comme l'avait défendue Belkhadem. Elle a permis l'amendement du fameux article et s'est contentée de saupoudrer d'autres d'insignifiants changements. Si Belkhadem a poussé le conseil national à redemander une autre, celle-là «profonde et qualitative», c'est que le chef de l'Etat la veut pour renforcer davantage son règne. Il se pourrait qu'il y introduise quelques nouveautés pour étonner. Il est possible qu'une prochaine révision de la Constitution appuie un amendement de la loi électorale ou autres lois de la République comme les deux codes communal et de wilaya qui coincent depuis longtemps dans les tiroirs du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Mais s'il est question pour le pouvoir bouteflikien de bouleverser les moeurs en matière d'élections et d'exercice du pouvoir, il est évident que Zerhouni prenne le temps qu'il faut pour un travail de pro. Le biométrique tel qu'il l'a conçu pourrait en être un premier indice. Il semble pour cela qu'au niveau d'El Mouradia, ce ne sont pas les idées qui manquent. Une alliance RND-PT, personne n'en imaginait la conclusion notamment à un moment où le microcosme algérois s'attendait plutôt à un changement de gouvernement qui serait marqué par le départ d'Ouyahia. L'embrouille avec Paris a certainement pesé sur les décisions qui devaient être prises à cet effet. Il reste que l'alliance en question est l'événement de l'année 2009 pour avoir «lié» politiquement deux personnages fondamentalement opposés, l'un éradicateur et libéral et l'autre réconciliateur et trotskyste. Le mauvais choix des hommes L'on s'attend cependant à ce que l'année 2010 force quelque peu la main au Président pour le pousser à opérer des changements puisqu'il est connu que dès son arrivée à la tête de l'Etat, il a toujours voulu se débarrasser des personnels qu'il a hérités de ses prédécesseurs. Même que ceux qui ont eu à le côtoyer, pensent qu'il a pris trop de temps pour le faire. Et quand il le fait, il fait de mauvais choix d'hommes. Mis à part cette demande d'une révision constitutionnelle, les instances du FLN ont épuisé leurs réunions organiques d'avant le congrès sans avoir marqué le temps et la scène politique par des revendications qu'exigent les dossiers de l'heure. Si son conseil national s'est largement étalé sur les derniers événements qui ont fortement secoué les relations entre l'Algérie et l'Egypte, et a accordé plus d'une page à parler de ce qui n'est qu'un match de foot, il s'est cependant contenté d'une simple petite ligne sur la corruption. Il a juste, en effet, inscrit dans l'avant-dernière page de sa résolution politique son appel «à une application de tous les textes de lois pour lutter contre». Il saluera les résultats de la tripartite et le relèvement du SNMG sans en commenter le faible niveau et la forte dégradation du pouvoir d'achat. La réconciliation nationale, la lutte antiterroriste, l'autodétermination du peuple sahraoui, la levée de l'embargo sur Ghaza, la condamnation du terrorisme israélien contre le peuple palestinien, l'appel à la libération du Golan syrien et des terres libanaises, la construction maghrébine, sont tout autant de points qui figurent dans la résolution politique du conseil national du FLN. Il ne soufflera pas mot sur le nomadisme politique et l'achat de mandats électoraux par effets de pratiques corruptrices. Il s'est aussi tu sur les exigences d'une relève politique. Il appelle ses militants, ceux qui le soutiennent, ceux qui l'apprécient et ses sympathisants, à plus de mobilisation pour réussir le 9e congrès. A une question si Bouteflika sera candidat du FLN en 2014, Belkhadem a lancé en riant «que Dieu lui prête vie». Il notera qu'en 2012, seront tenues les élections législatives.