La session ordinaire du conseil national du FLN poursuit ses travaux dans une ambiance tendue en raison du rapport très critique présenté par la commission « message de Novembre » que préside le sénateur Abderrezak Bouhara. Ce dernier, qui a critiqué la situation du parti, a provoqué la colère de son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. Se sentant visé directement par « les salves » de Bouhara, le SG du FLN est allé chercher ses partisans pour sonner la charge contre les rédacteurs du rapport. Reproche qui leur est fait : la commission a largement dépassé la tâche qui lui est assignée. « Votre commission n'est pas chargée d'élaborer un projet politique. Votre mission était de présenter un rapport sur le message de Novembre et le parti FLN », ont-ils critiqué. Mais le président de ladite commission, A. Bouhara, n'est pas prêt à abandonner la bataille. Soutenu par tout le canal historique du parti, il compte défendre bec et ongles son texte. Hier, dans les allées de la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda, où se tient le conseil national du parti, de nombreux militants sont venus lui exprimer leur soutien. Abderrezak Bouhara a proposé carrément une refondation du parti. « Il faut un autre Octobre 1988 au FLN si l'on veut réellement faire de notre parti une véritable force politique », a commenté un vieux dirigeant du FLN. La panique qui s'est emparée du secrétaire de l'instance exécutive du FLN, A. Belkhadem, trouve son explication également dans le fait que le « président d'honneur » du parti, Abdelaziz Bouteflika, « n'a pas apprécié le contenu du rapport de la commission que préside Bouhara », a assuré, sous couvert de l'anonymat, un membre influent de cette formation. Le chef de l'Etat suit de très près les travaux du conseil national de son parti. C'est lui-même qui a donné les grandes orientations des textes et avant-projets du 9e congrès, dit-on au FLN. Le secrétaire général de la présidence, Haba Okbi et néanmoins membre de l'instance exécutive du FLN, était présent avant-hier à l'ouverture des travaux du conseil national, histoire de veiller à la bonne application des « instructions » du chef. Ceci dit, certains militants tentent de ne pas se soumettre à cette règle. Comme c'est le cas des membres de la commission « des institutions » qui demande au président de la République de réserver plus de places aux femmes dans la désignation des sénateurs du tiers présidentiel « afin de renforcer les positions des femmes dans les institutions ». Cette commission, que préside Abdelaziz Ziari, président de l'APN, propose également une seule session du Parlement au lieu de deux, comme c'est le cas actuellement. M. Ziari a aussi émis dans son rapport beaucoup de remarques sur le fonctionnement des institutions (APC, APN, Sénat, Conseil constitutionnel) en mettant l'accent sur leurs insuffisances. Ces « propositions » n'ont pas été du goût du chef de l'Etat. « Il n'aime pas trop qu'on lui dicte la marche à suivre », a commenté un membre de cette commission.Ainsi, Abdelaziz Bouteflika ferait tout pour contrôler le FLN. Du moins, c'est ce qui ressort du contenu du rapport de la commission des statuts. Il est proposé l'instauration d'un poste de président du parti de plein droit et non pas honorifique ; il sera élu au congrès pour un mandat de cinq ans avec de larges prérogatives. Et pour éviter le scénario de 2003, le nouveau statut ferme le jeu : « Le président du parti est le candidat à l'élection présidentielle. » Le rapport prévoit également l'instauration d'un poste de secrétaire général comme organe, ce qui risque de provoquer des « interférences » dans les prérogatives des deux instances. C'est la critique qui est faite à cette proposition. Ainsi, les travaux du conseil national, qui prennent fin aujourd'hui, auront permis à la direction du parti de prendre la température qui règne au sein de l'ex-parti unique, à trois mois du congrès. On avance déjà la date du 19 mars 2010. Une date symbole !