L'Angola est cette autre destination sur laquelle l'Etat braque ses efforts comme il a eu à le faire pour le Soudan tout en se préparant pour prendre en charge celle de l'Afrique du Sud. C'est sur instruction du président de la République que la compagnie Air Algérie se démène pour organiser de nombreux vols aériens à destination de l'Angola, ceci pour permettre aux supporters de l'équipe nationale d'assister aux matchs qu'elle va entreprendre au titre de la Coupe d'Afrique des nations (CAN). Le déplacement vers l'Angola est donc devenu l'autre affaire d'Etat après celle décrétée au lendemain de la rencontre du Caire. Le pont aérien Alger-Khartoum en a été véritablement une dont la concrétisation a même nécessité la mobilisation de moyens de transport militaires. Luanda connaîtra, en évidence, moins d'engouement de la part des supporters non pas parce qu'ils ne voudraient pas y aller mais les moyens exigés leur sont bien plus lourds à supporter. Près de 200.000 dinars pour les besoins du change, bien que la décision soit une première dans l'histoire de la Banque d'Algérie et des devises du pays, peu nombreux sont les Algériens qui les ont sous la main dans ces moments de crises déclarées et latentes. A moins que de nouveaux sponsors se déclareraient en dernière instance et viendraient prêter main-forte aux organisateurs officiels. Mais les moyens déployés pour atteindre Khartoum et surtout de la plonger aussi facilement dans l'euphorie d'El Khadra, restera une exception que des considérations éminemment politiques liées à l'histoire récente de la région, auront exigée. Pour l'instant, la compagnie Air Algérie n'a d'yeux que pour l'Angola. Une énième occasion pour son staff dirigeant de mettre de côté la résolution des nombreux problèmes qui entravent son bon fonctionnement. Au diable les retards des avions qui ont de toujours laissé en rade des milliers de passagers, le manque de confort et autres vol de bagages. Il faut croire que le PDG d'Air Algérie a été instruit pour réussir des opérations de charme envers les Algériens auxquels les gouvernants veulent absolument faire croire que le football édifie les Etats et les Nations. D'ailleurs, tellement qu'il a bien géré l'opération Khartoum, Wahid Bouabdellah est donné pour remplacer le ministre des Transports. Aux dernières nouvelles, l'offre lui aurait été faite il y a quelque temps mais il l'aurait déclinée parce que, aurait-il dit, « je me sens bien là où je suis ». Si son maintien est décidé, il le sera surtout pour qu'il réussisse le déplacement en juin prochain vers l'Afrique du Sud où l'équipe nationale participera à la Coupe du monde. Toutes ces compétitions sont une véritable aubaine pour le président de la République et son staff. Elles tombent à point nommé pour faire le bonheur de foules mal loties. Le football est devenu un peu comme la religion, il peut occuper les foules pendant longtemps. «Après juin, la neige va fondre» Il est d'ailleurs connu que le régime politique algérien s'est toujours arrangé pour que le peuple s'enlise dans des problèmes qui doivent l'essouffler. L'histoire aura retenu les lendemains du 5 octobre 88, l'avènement du multipartisme, la révolte des islamistes sous la bannière du Fis, les longues années du terrorisme, enfin tout ce qui a été pour frapper les esprits, fragmenter la cohésion sociale et fatiguer le peuple. Il est clair que le rattrapage de tout ce gâchis consommera bien des générations. Ces nouvelles compétitions footballistiques pour l'équipe nationale coïncident avec le lancement d'un nouveau programme économique et social marquant le troisième quinquennat présidentiel de Bouteflika. Programme pour la réalisation duquel il est alloué une enveloppe de 150 milliards de dollars. Ceci, sans compter les multiples rallonges qu'il va accorder au fur et mesure qu'il (re)visite le pays ou pour répondre à des besoins de revalorisation d'autorisations de crédits. Le cas de l'autoroute Est-ouest en est un parfait exemple quand on sait qu'elle est construite sur fonds publics alors qu'elle devait l'être sur fonds concurrentiels privés et ce conformément à la norme universelle qui exige que ce soit ainsi pour les grands projets. De 11 milliards de dollars initialement, les ressources qui lui ont été allouées ont dépassé les 16 milliards de dollars sans que personne ne trouve à redire. Dans ce profond enchevêtrement d'affaires douteuses, celle de Khalifa aurait été une exception qui confirmerait la règle d'un vouloir de faire et de laisser faire. Mais « après juin, la neige va fondre » dira un ancien responsable de la présidence de la République. Conscient des maux qui rongent le pays, il se demande jusqu'où pourrait aller le pouvoir pour pérenniser son règne. « Même la victoire pour la qualification au Mondial, on l'a volée, ou plutôt importée », a-t-il lâché en rappelant que « les joueurs de l'équipe nationale sont venus de clubs étrangers et sont même nés pour leur grande partie à l'étranger ». Il note à juste titre que les joueurs concernés ont regagné l'équipe nationale après autorisation de leurs clubs. Le foot reste ainsi malade tout autant que les autres domaines. Des noms pour le tiers présidentiel ? Au-delà de quelques dossiers qu'on veut instruire «au grand jour» mais sans vraiment en dévoiler les véritables facettes, aucune institution n'est habilitée à demander des comptes à qui que ce soit. La Cour des comptes n'a plus ce rôle là depuis longtemps. Ses personnels vivent dans un état végétatif sans pareil. L'institution n'a eu droit ni à une réforme de ses services et de ses missions, ni à un redéploiement de son encadrement. Et bien que les esprits doivent être, selon une logique de pouvoir, tournés vers Luanda qui verra ce lundi la première entrée de l'équipe nationale sur le terrain face au Malawi, ceux à l'écoute des arcanes d'El Mouradia laissent filtrer, encore une fois, de nouveaux bruits de changements. A les entendre, la composante du tiers présidentiel doit être annoncée incessamment. Pour convaincre, on parle même « d'enquêtes déjà faites » sur des personnes bien connues du sérail. Il est lancé dans la mêlée des 24 sénateurs attendus à ce titre, l'écrivain Rachid Boudjedra, l'actuel responsable des scouts, Nouredine Benbraham, l'actuel DG de l'APS, Nacer Mhel, l'ancienne ministre de la Recherche sous Benflis, Hamou Boutlilis, le P/APC d'Alger, Taieb Zitouni. Il est aussi attendu un changement de walis, de chefs de sûreté de wilaya, de PDG des banques et bien sûr de gouvernement. La nouveauté serait le départ de Benbouzid, le ministre de l'Education nationale. « A sa demande », dit-on. Est-ce possible ? Il faut juste reconnaître que Benbouzid n'est pas le seul responsable à avoir failli à sa mission de réforme. Il répond comme tous les autres d'un système défaillant dans sa globalité. Un système qui se tait sur les nombreuses pratiques de corruption qui minent ses parties les plus infimes. Amar Ghoul serait aussi partant. Il est dit que «pour cette fois, beaucoup d'enquêtes ont été faites sur des jeunes cadres, de surcroît compétents en prévision de ces changements». Il est difficile de croire que le pouvoir se tourne enfin vers la compétence qu'il a toujours ignorée, et osera au moins une fois dans l'histoire de ce pays, la regarder en face, l'interroger et la faire véritablement participer dans la construction des institutions de l'Etat. Ouyahia partira aussi selon nos sources. L'embrouille avec Paris n'étant plus un problème, le Premier ministre se verrait remplacer par Belkhadem. Du déjà dit, certes, mais l'on continue de le distiller. Pour l'heure, le microcosme algérois s'est trouvé une autre affaire à mâcher, celle mettant en avant de nombreux cadres de Sonatrach qui auraient trempé dans des affaires de gré à gré. En plus, l'autre grande rumeur, après celle d'un parti pour Saïd Bouteflika, son entrée prochaine dans le comité central du FLN. Encore faut-il que le président du parti, Abdelaziz Bouteflika, daigne fixer une date précise pour le 9e congrès. En attendant, les autres partis se voient aujourd'hui contraints de s'arrêter devant les dégâts qui leur ont été occasionnés, qui par les derniers résultats des sénatoriales, qui par une dissidence de leurs rangs, qui par une déstabilisation par le pouvoir de l'argent... Jusqu'à ce qu'El Mouradia décidera d'en démêler les écheveaux, l'opinion publique continuera d'être alimentée de rumeurs même si ceux qui craignent l'imprévisibilité de la nature pensent que le temps joue contre tous.