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Béni Saf: La doyenne de la région n'est plus
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 20 - 01 - 2010

Ceux qui la connaissaient, l'avaient presque oubliée. Sinon beaucoup n'avaient jamais entendu parler d'elle. C'est K. Saïd qui nous a fait un petit portrait de celle qui fut tout simplement la grand-mère de sa grand-mère. Lui, il est le plus jeune de sa descendance et il a 35 ans. Il enchaîne, mon arrière-arrière-grand-mère s'appelait Bellabès N'bia, elle est décédée lundi passé à l'âge de 113 ans. Sur son extrait de naissance, il y a la mention: «inscrite en 1906 à l'âge de 10 ans». La défunte est ainsi née un jour de 1896 à Mâabad Kacem ou Djouâbrâa, qui veut dire les Joubert, du nom d'une famille de colons qui exploitaient cette ex-ferme située 10 km à l'ouest de Béni Saf.
C'est dans cette paisible bourgade que khalti N'bia a tout le temps vécu. Certes, continue Saïd, Jadda (ainsi il préférait l'appeler) avait perdu toutes ses dents, ses forces d'antan aussi mais elle avait conservé cette énergie qui lui permettait de «bouger» ici et là dans la maison. Jusqu'à il y a environ 5 années, elle était toujours là en train de s'occuper de son poulailler. Elle avait toujours cette passion d'élever des poules, des lapins, des pigeons. Elle avait gardait beaucoup de choses en mémoire, et à longueur de journées elle racontait tout ce qu'elle a vu passer ou se dérouler dans la région. Elle se souvenait de Mâabad Kacem, cet enfant du bled tombé sur le champ d'honneur. Cette ex-ferme surplombe la mer et une baie qui porte le nom de «la plage des Anglais». Dans le début du siècle dernier (1920-1930), des voiliers, battant le plus souvent pavillon anglais, venaient jusqu'à cette baie pour charger le minerai de fer à partir d'un quai construit par la compagnie Mocta-el-Hadid, société qui exploitait cette mine. Le minerai de fer était acheminé vers l'Europe. Khalti N'bia parlait souvent de ces bateaux à grande cheminée. Durant toute sa vie, elle n'a connu que la terre et les champs. Quant à ce qu'elle aimait manger, Saïd dira qu'on a toujours rapporté que si elle aimait goûter au poisson, grillé surtout, Jadda s'alimentait depuis belle lurette à base de lait et de pâtes alimentaires tel le coucous. De ses 3 mariages, feue Khalti N'bia a eu 18 enfants (peut-être un peu plus), qui compteraient aujourd'hui une soixantaine de petits-enfants, environ 300 arrières-enfants et au moins le double d'arrières-arrières-fils. On vous laisse le soin d'estimer la 5ème génération dont l'un des membres est aujourd'hui entraîneur d'un club algérois. Enfin, Khalti N'bia repose désormais au cimetière de Sidi Messaoud, non loin de Sidi Safi. Par ailleurs, une autre femme centenaire vit toujours à Sidi Safi. Elle devra avoir aujourd'hui 109 ans.

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