la coalition de droite met un terme à 20 ans de pouvoir de la «concertation de gauche» Le miracle n´a pas eu lieu ce 17 janvier pour la «Concertation de gauche» qui a géré pourtant avec bonheur le Chili pendant vingt ans. Ce soir-là, très vite, la sanction est tombée: Sebastian Piñera, l´homme de la «Coalition pour le changement» de la droite décroche la présidence de la République en battant de trois points Eduardo Frei, un démocrate chrétien membre de la Concertation. Beau joueur, celui-ci, accompagné de son épouse et de ses quatre filles, se rendra très vite au bunker de son rival pour le féliciter publiquement devant les caméras du monde entier, rassurant ainsi toute la société sur la bonne santé de la démocratie chilienne suffisamment mûre pour accepter une alternance au pouvoir quoique, probablement, il y aura une certaine continuité de la politique socio-économique garante de la stabilité. Il était à peine 18h.15 lorsque les chiffres publiés par le ministère de l´intérieur encouragèrent les partisans de Piñera à laisser éclater leur joie à la porte de l´hôtel Crown Plaza de Santiago où se trouve le commandement électoral de la Coalition pour le changement. Pour sa seconde tentative d´occuper la présidence du pays - la première ayant été sans succès en 2005 face à Michelle Bachelet - Piñera va concrétiser le rêve de toute une vie non seulement avec les voix de droite mais sans doute avec toute une frange de l´électorat de centre-gauche qui souhaite de nouveaux visages à la tête de l´état. Et pourtant la présidente sortante Michelle Bachelet jouit jusqu´à ce jour d´un taux favorable à sa gestion, dépassant 80%, un record historique pour la politique chilienne. La droite remporte sa première victoire depuis 52 ans car il faut remonter à septembre 1958 pour enregistrer celle du conservateur Jorge Alessandri sur... Salvador Allende. «Nous avons obtenu un grand et légitime triomphe» déclara Sebastian Piñera. «Viennent des temps meilleurs pour le Chili...Nous demandons à nos compatriotes une opportunité pour les accompagner dans leurs rêves et leurs luttes afin de démontrer que les choses peuvent se faire d´une meilleure façon...». Sans excès le président élu, multimillionnaire de son état, propose de nouvelles perspectives, encouragé sans doute par ses propres réussites dans les affaires dans un pays où la politique sociale n´a jamais étouffé les initiatives économiques privées ou publiques.» C´est vrai que le Chili n´est pas le plus grand pays, ni le plus riche, ajoutera-t-il, mais nous devons nous engager à en faire le meilleur...Quoique nous ayons des différences légitimes, nous avons tous un seul pays.» La victoire de la coalition de droite met fin à un cycle de la transition démocratique mené depuis 1989 par la gauche qui avait opté pour un modèle libéral avec un fort contenu de mesures sociales. Le pays jouira au cours de deux décennies d´un taux de croissance remaquable envié dans toute la région où la pauvreté n´est pas absente. Reconnaissant sa défaite, Eduardo Frei, un sénateur qui présida également le pays de 1994 à 2000, prit note que «la majorité des citoyens ont accordé leur confiance à Sébastian Piñera pour qu´il conduise les destinées du pays au cours des quatre prochaines années, et je lui souhaite la réussite de sa gestion...Ceci n´est qu´un arrêt sur le chemin...Notre recherche pour atteindre chaque jour une meilleure justice sociale sera présente à chaque coin du pays» déclara-t-il dans un message aux 48,3% des électeurs qui l´ont appuyé. Pour triompher dans ces élections Piñera n´a pas manqué de s´inspirer des recettes et de la mystique de la Concertation de gauche. Son discours promettait le changement mais dans la continuité. Tout en se préoccupant des droits de l´homme la concertation n´eut aucun complexe d´emprunter à la dictature son modèle économique libéral. Consolidée, elle put imposer un socialiste à la tête de l´Etat avant de faire élire pour la première fois dans l´histoire du pays une femme - Michelle Bachelet - comme Présidente. En matière de politique extérieure la géographie impose des priorités. Avec leur 4000 kms de frontière commune le Chili et l´Argentine ne négligent pas leurs relations. Piñera affirme respecter les options populistes de La Présidente Cristina Kirchner sans ignorer les différences idéologiques. Après avoir reçu les félicitations de son puissant voisin par delà les Andes, Piñera promet que l´Argentine sera parmi les premiers pays qu´il visitera une fois installé le 11mars sur le fauteuil présidentiel. Mais il se sent plus à l´aise dans ses projets avec le Brésil, le Mexique ou la Colombie. Avec son voisin du nord, le Pérou il aimerait établir le dialogue pour dépasser le contentieux des frontières maritimes qui est actuellement en cours d´examen à la Cour internationale de La Haye. Mais le noyau dur des relations régionales est constitué par le Vénézuela et la Bolivie. Avec le premier les malentendus idéologiques sont évidents. Quant à la Bolivie et ses légitimes réclamations de débouché sur l´océan pacifique, Piñera hérite d´un dossier qui a survécu à tous les gouvernements qui se sont succédés. Mais par delà les affaires en cours sur le plan régional, Piñera bénéficiera de 24 traités de libre commerce signés au cours des ans par les gouvernants de la gauche. Ce sont là des instruments favorables au développement économique du Chili qui compte d´atouts incontestables face à l´Amérique du Nord dans son ensemble et à Communauté européenne. Homme d´affaires avisé qui a prouvé ses capacités de gestionnaire, le Président élu Sébastian Piñera aura quatre années pour faire fructifier la bonne image que possède le Chili sur le plan international.