Tragique et émouvante affaire, hier, devant le tribunal criminel d'Oran. Presque toute une famille était au box des accusés pour le meurtre prémédité de la chair de sa chair, sa fille. M. M., l'accusé principal, l'aîné d'une fratrie de deux frères et la défunte soeur, comparaissait sous la charge d'homicide volontaire avec préméditation. Sa mère et son frère, eux, étaient poursuivis pour le délit connexe de non-dénonciation de crime. L'épouvantable fratricide eut lieu au village d'Oued Tlélat, le 3 mars 2009. Ce crime d'honneur, du moins selon la défense, a pour toile de fond une relation illégitime entre la victime et un homme. La liaison était sur toutes les lèvres, et, commérage aidant, la conduite déshonorante de la jeune femme a fini par atteindre l'oreille de son frère aîné. Fou furieux, celui-ci se mit à épier sa soeur, même entre les quatre murs de la maison. Persuadé du comportement indigne de sa soeur, il décida d'en finir une fois pour toutes. Le 3 mars 2009, tard dans la nuit, à l'aide d'une barre en fer, il la tabassa à mort, sous le regard impuissant de sa mère et de son petit frère. Ces derniers n'appelèrent la protection civile que le lendemain, après avoir pris le soin de nettoyer toutes les traces de sang. Il y eut en vérité un double crime, puisque la victime était enceinte de trois mois. C'est cette grossesse hors mariage que la défense voulait comme preuve irréfutable de la version du crime d'honneur. Le représentant du ministère public a requis la perpétuité contre l'accusé principal et trois ans de prison pour sa mère et son frère. A l'issue des délibérations, l'accusé principal a été condamné à 20 ans de réclusion. Mère et frère seront acquittés.