Cette année à Béni-saf, la célébration de la Journée mondiale des zones humides n'a pas été un vain mot. L'exposition suivie d'une conférence animée à la maison de jeunes et de la culture vulgarisation furent pour le public une occasion inespérée pour redécouvrir ce patrimoine culturel et historique qui est l'île de Rachgoun. L'île de Rachgoun (26 ha) est située à quelques brasses au nord-ouest de Béni-saf. Elle est visible à partir de toute la façade maritime de la région. L'idée de la classer au statut de réserve naturelle maritime a émergé en 2000. En juillet 2008, la DGF (Direction générale des forêts), qui se voudrait proposer l'île de Rachgoun comme zone humide ou site RAMSAR, avait confiée une étude d'expertise à un chercheur algérien de l'université de Guelma, en l'occurrence le Pr Samraoui Boudjemaa. Cette mission consistait à observer la biodiversité de l'île. Pour note, un site est considéré comme zone humide ou site d'importance internationale que s'il abrite des espèces vulnérables, menacées d'extinction ou gravement menacées d'extinction ou de communautés écologiques menacées. Le site devrait cependant contenir un exemple de représentation rare ou unique de type de zone humide. Le chercheur, lors de son expédition scientifique sur l'île de Rachgoun, avait relevé que le site abrite un grand nombre d'espèces (faune et flore) que l'on ne trouve pas beaucoup ailleurs, et dont certains sont en danger de régression, voire de disparition. Ce missionnaire, qui n'est autre que l'ex-directeur du laboratoire zone humide de l'université de Annaba, avait aussi relevé que l'écosystème de l'île est en déséquilibre à cause d'une surpopulation de goélands et de la présence d'une décharge à ciel ouvert. Dans son constat, il décrit l'île de Rachgoun comme un site fabuleux mais mal en point et menacé, que la présence du Goéland «coffee» en grand nombre est une catastrophe écologique. Son observation ne s'était pas limitée uniquement sur l'étude de l'activité de ces espèces qui envahissent ces décharges à ciel ouvert mais surtout leur expansion. Les oiseaux se nourrissaient aussi en terre pleine et reviennent sur l'île. Cette interface entre le milieu marin et le terrestre confirment que les décharges jouent un rôle très important dans la dynamique de cette population et leur explosion. Cette dernière a des retombées néfastes sur la disparition des espèces rares et endémiques de la Méditerranée. Dans son constat, il saccorde à confirmer que l'île de Rachgoun présente un patrimoine maritime d'une richesse considérable. Il ajoutera que ce site historique demeure un trésor en sommeil, exposé à l'usure et à la détérioration qui ont atteint un seuil critique. L'île, surmontée d'un célèbre phare, a été tout le temps livrée à elle-même, et n'a cessé de subir d'année en année des dégradations. Des braconniers usaient leur matériel pour venir à bout d'espèces rares. Plusieurs d'entre elles, comme le dauphin, le phoque-moine ou encore la tortue marine ont disparu à cause de l'homme et de ses manœuvres. Lors de son passage dans la région, en 2006, la fondation Nicholas Hulot en avait tiré la sonnette d'alarme. L'urgence, avait recommandé Samraoui, est de mettre en place un plan de gestion ou d'aménagement et de lancer un projet de préservation et de mise en valeur de ce site marin. L'objectif de la mise en évidence de ces sites est de centrer les efforts de conservation sur ces zones particulièrement à la fois riches et fragiles. On peut les classer et ça leur confère d'un statut d'importance internationale. Samraoui est formel : classé comme site d'importance internationale, l'île de Rachgoun peut devenir un patrimoine culturel et touristique promotionnel si les responsables des secteurs liés à ce patrimoine national attachent de l'importance à la réhabilitation de cette île. C'est là une richesse précieuse et irremplaçable, qui peut en devenir un atout essentiel pour développer le tourisme côtier dans les années à venir. Les gens viendront trouver ce qu'ils ne peuvent trouver ni en Espagne ni nulle part ailleurs. Avec l'île de Rachgoun, il faudrait obligatoirement y inclure le pin de sucre, ce rocher en forme de nid, et l'embouchure de la Tafna, deux autres sites à classer comme zones humides d'importance internationale.