Aujourd'hui, ça ne peut échapper à personne. L'état du marché couvert du centre-ville constitue, chaque jour plus, un danger réel pour ceux qui le fréquentent. Rouvert depuis à peine 5 mois, après avoir été fermé pour cause de travaux de rénovation qui auraient coûté plusieurs millions de dinars aux pouvoirs publics, voilà que cette bâtisse commence à s'abîmer de partout. Le sol, les murs, les vitres, tout est en train de rompre, notamment sur l'entrée Est du marché. L'observateur peut constater que le sol s'ouvre de plus en plus, les murs craquent, les fissures s'écartent et les vitres volent en éclat. Tout le monde craint qu'un jour, tout va subitement s'écrouler. Un marchand a eu l'ironie de la semaine: «On dirait que le marché est hanté. De temps à autre, on entend des craquements provenir du sol ou parfois du toit». Un autre d'ajouter «ça devient très sérieux et les choses semblent traîner. Il faut que les responsables concernés prennent en urgence les dispositions qui s'imposent pour sauver le marché sinon d'éviter une catastrophe». La catastrophe, elle est aussi sociale. Tous ces gens peuvent perdre leur gagne-pain quotidien. Il est cependant juste qu'une commission technique soit passée, voilà deux semaines. On a placé des plaques-témoin en plâtre sur des fissures pour suivre leur évolution. Cependant depuis, plusieurs ouvertures sont devenues importantes et les plaques presque toutes tombées. L'affaissement du sol est visible sur toute la partie extérieure du marché. Le sol est aujourd'hui en dénivellement. Ce qui peut expliquer qu'un glissement du terrain a eu lieu et que le sol risque d'encourir des poussées d'attraction voire contraignantes, un phénomène physique qui peut faire rompre brusquement toute cette partie de la bâtisse. Et là tout dépendra de la position du centre de gravité. L'origine de ce glissement du terrain, des importantes fuites d'eau qui se sont déclarées au niveau des canalisations du réseau d'AEP (eau potable) datant de l'ère coloniale. Certains témoins parlent de plusieurs mois, le temps du jaillissement de ces eaux à partir du sous-sol. D'autres affirment que le marché repose sur un ancien lit d'oued, un remblai de sable qui ne tiendrait pas à un fil quand les eaux sont entremêlées. On a critiqué aussi la façon d'intervenir sur une ruelle adjacente alors que l'assise du marché était en train d'être surchargée par la construction de locaux. Une contrainte physique qui a favorisé ce basculement. Autrefois, les lieux accueillaient un stade de basket-ball où les gradins étaient uniquement en charpente de bois. Ensuite quand on avait décidé d'en faire un souk hebdomadaire, les stands étaient démontables. Mais la réalité est que tout le monde a peur. Les citoyens résidant ou activant sur les rues adjacentes (El-Quots et Larbi Tébessi) ont aussi peur pour leur bien et même pour leur peau. Ils viennent d'écrire au wali pour lui demander d'intervenir avant que ça soit trop tard. Notons au passage, que voilà déjà quelques années, une autre artère - Bentalha Driss - mitoyenne aussi avec le marché, avait subi le même sort causé par les eaux souterraines. Une rangée de maisons fut, sur le coup, menacée dont certaines avaient subi d'importants dégâts sur leurs murs. Toutes les canalisations avaient été alors refaites. Aujourd'hui l'on craint que cela arrive à d'autres sinon que le marché soit encore une fois fermé au public, et ce à la veille de la période estivale. Ce marché qui est, pour une bonne partie de la population, les estivants aussi, un repère social où chacun trouve ses habitudes et ses comptes. L'avenir nous dira à quoi il faudrait s'en tenir.