De notre bureau : Exception n Difficile de concevoir – à quelques kilomètres de Blida et d'Alger – une femme s'occupant entièrement et totalement de dizaines de vaches. Et pourtant, c'est le cas de Nouzha Bendoumia, dans le centre de Halouiya, dans la commune de Soumaâ. «J'ai eu, sur conseil d'une vétérinaire, à fournir un dossier à l'Ansej et je me retrouve, trois années plus tard, à la tête de plusieurs vaches qui ont mis bas et je vois mon cheptel augmenter jusqu'à me donner des idées d'extension débouchant sur l'acquisition d'un terrain à cultiver en luzerne, maïs et autres aliments du bétail.» Elle ajoute avec un petit sourire en coin : «Il est permis de rêver, non ?» De père en fils et maintenant en fille, la famille Bendoumia se transmet son amour de la terre et de l'élevage. «Mon père avait trois vaches quand j'ai fourni un dossier à l'Ansej. Mes dix vaches laitières sont arrivées en janvier 2009 et aujourd'hui j'en ai seize dont six vont bientôt mettre bas.» Madame Nouzha, qui avait posé comme condition à son futur mari la poursuite de son activité, se plaint de l'absence d'une aide de l'Etat, une aide existant pourtant dans les textes. «En principe, je perçois six millions de centimes d'aide pour la naissance de chaque veau, mais 18 mois après, je n'ai toujours rien touché. A la direction de l'agriculture, on me dit que rien ne prouve que ces veaux sont à moi, mais il existe des fiches pour chaque bête et le traçage est suivi par mon vétérinaire. Les employés qui ne se déplacent même pas, n'ont donc jamais vu mon étable, mais derrière leurs bureaux, ils assènent des propos décourageants». Avec 17 vaches et 11 veaux, l'espace commence à manquer : «310 m2 pour abriter mes bêtes alors qu'il en faut au moins le double en espace couvert et les conditions de vie de ces bêtes influent négativement sur le rendement ; une vache a besoin de 200 l/jour d'eau pour son hygiène et sa douche en été afin de donner plus que s 16 litres de lait quotidiens» affirme, sûre d'elle, cette éleveuse passionnée. Abderrahmane le père, 58 ans, travaille également : «Je suis debout dès 4h du matin chaque jour que Dieu fait et je ne me plains pas parce que j'aime ces bêtes et que je suis né au milieu d'elles. J'aide ma fille maintenant et elle m'informe de la loi et des mesures d'aide auxquelles nous avons droit mais qui, malheureusement, ne sont pas appliquées sur le terrain. Avec une terre à cultiver – il en existe dans la région – et un tracteur, notre élevage créerait des emplois et participerait davantage à l'amélioration de la production. Nous achetons actuellement la botte de foin à 450 DA et le son à 2 800 DA le quintal parce que disponible seulement en 2e main. La carotte nous est d'un grand secours quant à l'alimentation de notre bétail», précise M. Abderrahmane. Une visite de la ministre chargée de la famille est prévue ces jours-ci et des promesses sont déjà données pour l'amélioration ou la prise en charge des revendications fort légitimes de cette jeune dame éleveuse de vaches. Ouled Yaïche : marché ou refuge de «voyous» ? Il est rare de passer devant la carcasse du futur marché sis à proximité de la cité des 1 024-Logements, à Ouled Yaïche, sans craindre pour sa vie, son porte-monnaie ou son portable. «Dégradation des conditions de vie, pis encore, absence de conditions élémentaires pour une vie décente : sécurité, hygiène, eau potable et routes bitumées», lance excédé Djamel, un des habitants, enseignant à la retraite. Un chauffeur-livreur prend le relais : «Il ne se passe pas un jour sans qu'on entende parler d'agression du côté du marché ; le chantier est un repaire de voyous que personne n'ose approcher.» Il est vrai que tous les bâtiments environnants sont vides. On dit que les agressions entre bandes à coups de pierres et de bâtons sont légion. Et nombre de véhicules stationnés dans le parking de la cité ont été «visités» il y a un mois. Le jardin faisant face au marché, censé être un espace de détente pour les familles, n'est plus que l'ombre de lui-même : allées non tracées, arbres desséchés, bancs arrachés, ordures ménagères non ramassées... «Personne ne peut laisser ses enfants dans ce semblant d'espace vert qui aurait coûté plus de deux milliards de centimes», révèle un ancien employé à l'APC. Un immeuble, juste à l'une des entrées de la cité, a été pourvu d'une «rallonge» servant de commerce et personne pour y mettre fin. Une certaine anarchie règne, même s'il est relevé depuis quelques jours la pose de bordures délimitant les futurs trottoirs. Un lycée «patrimoine», l'ombre de lui-même Le lycée Ibn-Roch à Blida, lieu de scolarisation de nombre de leaders politiques algériens dont Amara-Rachid et Benyoucef-Benkhedda, devait être rénové grâce à une manne présidentielle depuis plus de trois ans mais les travaux n'ont pas encore commencé. Renseignement pris, l'entreprise attend toujours le départ de certains occupants afin d'entamer les travaux dans leur globalité. Des logements d'astreinte sont occupés et les résidents n'ont pas où aller. Plus de vingt salles de cours sont vides depuis maintenant deux ans quand les élèves ont été répartis à travers d'autres établissements avec leurs enseignants. Cela crée d'autres problèmes, dont certains sont pratiquement insolubles. Le peu de salles encore ouvertes à l'enseignement, dans la cour dite «grise», fonctionnent pratiquement au ralenti avec une sensation du «provisoire qui dure», selon un enseignant qui explique : «Il n'y a pas d'eau courante et les enfants, de jeunes lycéens, nous en veulent, à nous, les enseignants, de les embarquer dans un semblant d'aventure pendant que leurs camarades sont ailleurs», dira une enseignante âgée. Avec un effectif réduit au tiers du nombre initial, les problèmes auraient dû diminuer mais tout semble surréel, les beaux couloirs connus des anciens, les salles de cours de la partie sud de l'établissement et les remises et dépendances ayant abrité l'internat sont interdits d'accès mais point encore de travaux. La situation au lycée Ibn-Rochd semble échapper à la direction de l'éducation nationale du fait de l'obligation d'attribution de logements au personnel résident et ce qui devait être une défense du patrimoine national se transforme en banal scandale de chantiers à délai élastique. Quand l'habitat fait des siennes Deux cas étranges permettent de toucher du doigt les problèmes au quotidien vécus par des citoyens qui se disent incompris par l'administration. D'abord, la dégradation des habitations à la cité Aboudi II, un ensemble de 54 logements LSP réceptionné en 2004 et qui se voit confronté à deux dangers majeurs : risque d'effondrement des murs et des plafonds et d'électrocution à cause des infiltrations d'eau. Les problèmes d'étanchéité surgissent un peu partout. Les habitants de la cité Aboudi – pourtant un exemple de prise en charge quant à l'environnement avec des allées verdoyantes, un gardien et l'aménagement d'espaces pour les enfants – sont désespérés. «L'humidité est apparue dans nos appartements depuis 2006 et les alertes communiquées à l'organisme assureur sont restées suite», déclare une habitante avec documents à l'appui. Les eaux pluviales pourront accentuer davantage les dégâts et les fuites alors incontrôlables, provenant des fissures et de l'état défaillant d'étanchéité, aboutiront à plus de sinistres. Ailleurs, à la cité Tayane, c'est un immeuble en chantier, avec quatre étages, qui est contesté par les riverains pour cause de réel danger d'effondrement. Les autorités locales ont été avisées, entre autres la Duch, l'APC, le wali, mais à ce jour, toujours aucune réponse alors que, à l'œil nu, on peut mesurer les dangers. Pourtant, le Plan d'occupation des sols n'autorise à cet endroit que la construction de R+2.