Les deux présidents des syndicats autonomes de la santé, le SNPSP et le SNPSSP, formant l'intersyndicale des praticiens de la santé publique ont animé hier une conférence de presse à Hussein Dey. Le Dr Merabet et le Dr Yousfi ont révélé l'existence d'«une grave pénurie de vaccins pour enfants depuis trois à quatre mois au niveau des hôpitaux : il s'agit notamment du Tétra, qui prévient contre la coqueluche, la diphtérie, le tétanos et la polio, ainsi que le HIB préconisé dans le traitement de l'hémophélius B». Selon les orateurs, «cette pénurie engendre des dysfonctionnements du calendrier vaccinal qui risque d'avoir des conséquences néfastes sur la santé des bébés et des enfants. Ce sont des vaccins qui entrent dans le cadre des programmes de prévention». Le Dr Yousfi, qui est spécialiste en infectiologie, est formel : « Un enfant ou un bébé qui ne reçoit pas dans les délais ces vaccins est exposé automatiquement à toutes les maladies et les conséquences peuvent aller jusqu'à la mort ». Il a également affirmé que la pénurie ne concerne pas uniquement les vaccins, mais qu'elle touchait également les médicaments. Les deux responsables syndicaux ont, au cours de la conférence, dénoncé une nouvelle circulaire émise par le ministère de la Santé le 31 mars dernier et adressée à tous les établissements publics et privés. Il est question dans cette circulaire de nouvelles dispositions relatives à l'activité lucrative des chefs de service ainsi que des chefs d'unité. Dans une copie qu'ils ont distribuée aux journalistes, il est mentionné que «les dispositions de l'article 44 du statut de la fonction publique prévoient la possibilité pour les fonctionnaires appartenant au corps des enseignants de l'enseignement supérieur, des chercheurs, ainsi qu'au corps des praticiens médicaux spécialistes, d'exercer une activité lucrative à titre privé en rapport avec leur spécialité». Le document poursuit: «En attendant l'élaboration et l'adoption du texte réglementaire devant définir les conditions et les modalités d'application de cette disposition, les praticiens hospitalo-universitaires et les praticiens spécialistes de santé publique, y compris ceux occupant les postes de chef de service et de chef d'unité, sont autorisés à exercer dans les structures privées une activité lucrative les week-ends et les jours fériés. Les fonctions de chef de service et de chef d'unité n'ouvrent droit qu'à l'activité lucrative». En poursuivant ainsi: « L'exercice de l'activité lucrative à titre privé n'est pas cumulable avec l'exercice de l'activité complémentaire et ne doit en aucun se faire au détriment de la prise en charge des usagers du secteur public et porter préjudice à la continuité du service public. Les responsables syndicaux ne voient en cette circulaire qu'«un moyen détourné pour encourager le secteur privé sous la pression de certains lobbys ». Pour le Dr Merabet, président du SNPSP, «nous avons alerté sur la mort de la santé publique, on assiste à son enterrement». Et d'ajouter sur un ton acerbe: « On ne sait pas comment cadrer le ministre de la Santé, son ambivalence est déroutante. D'un côté, il lance un ultimatum aux cliniques privées pour les sommer de se doter d'autoclaves, alors que les hôpitaux publics n'en disposent pas ; d'un autre côté, il palabre sur la santé du citoyen alors que ce pauvre citoyen va devoir se tourner vers les cliniques privées pour se faire opérer à des prix faramineux que la sécurité sociale ne rembourse qu'à un niveau dérisoire et avec cette circulaire la situation va encore empirer». Abondant dans le même sens, le Dr Yousfi ajoute qu'«il y a un flou savamment entretenu dans cette nouvelle disposition. C'est entre l'activité lucrative et celle complémentaire, puisque c'est le même principe. Nous savons pertinemment comme ça se passe dans les hôpitaux et comment les malades sont détournés pour les cliniques privées». En enchaînant: «Barkat a fait ce qu'aucun de ces prédécesseurs n'a fait. En outre, il a piétiné le décret présidentiel de 2002 qui interdit ces pratiques». Les deux orateurs sont revenus sur le mouvement de protestation en indiquant que le ministre les a conviés pour débattre du régime indemnitaire, tel que publié officiellement pour les 12 et 13 avril en cours, une invitation qu'ils ont déclinée, ont-ils déclaré, «car les dés sont pipés et le jeu est verrouillé».