Depuis les années soixante du siècle dernier, l'industrie gazière a affirmé son rôle majeur comme source énergétique à l'échelle mondiale, avec le déclin progressif des réserves de gaz naturel dans les pays OCDE, à partir des années 1990, le GNL semble devenir un vecteur essentiel de la promotion de cette industrie gazière dans le monde, et son avantage découle de la flexibilité qu'il procure et qui permet aux utilisateurs l'accès à des sources lointaines par des voies libres et diverses, sans risque géopolitique, ajoutée à cela une demande croissante en énergie respectueuse de l'environnement, à noter aussi les progrès technologiques nombreux et essentiels qui ont élargi de façon spectaculaire les possibilités de transport de cette énergie. Sur le court terme immédiat, la chute du prix du gaz naturel sur le marché spot, a atteint des niveaux assez bas depuis le mois d'août 2009. L'énorme déséquilibre entre l'offre et la demande en gaz naturel explique en grande partie cette chute. Sur le long terme, le gaz naturel liquéfié est l'une des sources d'énergie qui croît le plus rapidement dans le monde. La demande globale en GNL devrait at teindre approximativement 470 millions de tonnes par an, d'ici 2030, ce qui représente une croissance de 200% depuis 2005, avec un volume de 470 millions pour le GNL. La montée des prix du gaz naturel reflète l'intérêt que portent les investisseurs à l'industrie du GNL, afin de répondre à la demande sans cesse croissante. Le prix a presque doublé entre 2004 et début 2009, en passant de $ 4.96 à $ 8.4, 103 de pieds cubes. La croissance de l'offre de gaz avait pris la forme d'un vif développement des échanges de GNL. 200 milliards de dollars par an de dépenses d'exploration et de production de gaz naturel devraient être engagés, chaque année, entre 2004 et 2030 ; à quoi il convient d'ajouter 100 milliards de dollars par an dans le transport. Cette situation avait provoqué l'envolée des prix et du coup le développement des marchés spot. C'est ce qui explique qu'on avait assisté à un passage d'un approvisionnement par projet (project supply), des contrats du type Sales and purchase agreements (SPAs), d'une durée de 20 à 25 ans, à un approvisionnement par marchandise (commodity supply), des contrats type SPOT, le GNL est en train de devenir une marchandise comme une autre. L'essor du marché du gaz, a conduit les pays exportateurs à investir fortement, afin d'accroître leurs productions, ainsi l'Algérie en 2008 a exporté 62 milliards de m3, a fixé pour objectif de porter ses exportations annuelles de gaz naturel à 85 Gm3, dont 55 de Gm3 de GNL à l'horizon 2012. Le Qatar a exporté en 2009, 106 milliards de m3, essentiellement en GNL, mais il a des visées beaucoup plus ambitieuses, avec un volume prévu de 125 milliards de m3. La Russie a prévu de livrer jusqu'à 90 millions de tonnes de GNL sur le marché mondial d'ici 2030, avait indiqué le président de Gazprom A. Miller. Aussi en 2009, la Norvège a élevé sa production de 13% avec 112 milliards de m3. Le plus gros des investissements a touché la chaîne GNL, alors que la chaîne de transport du GNL reste toujours coûteuse, on l'estime compétitive pour un prix de marché supérieur à 4 $/MBTU, au moment où les cours actuels se situent entre 3,5 et 4 $/MBTU. Le prix du gaz naturel, dans le cadre des contrats à long terme, évolue notamment en fonction des produits pétroliers, alors que les marchés «spot» du gaz naturel, (surtout celui du NYMEX), à New York, ont enregistré, entre l'automne 2005 et décembre 2007, une véritable chute des cours, qui sont passés pendant cette période de 23,5 $ à 7,5 $ par MBTU. D'une façon générale les cours du gaz naturel sont sujets à une forte saisonnalité (la demande augmente à l'approche de l'hiver). La chute du prix du gaz naturel sur le marché spot, a atteint son plus bas niveau en 7 ans, et cela depuis le mois d'août 2009. L'énorme déséquilibre entre l'offre et la demande en gaz naturel explique en grande partie cette chute, cette faiblesse des prix du gaz naturel sur le marché libre spot, peut être attribuée à trois facteurs : l le ralentissement de l'activité économique et ses effets à la baisse sur la demande de gaz naturel. A cet effet dans une étude de l'Observatoire Européen des Marchés de l'Energie, il été mentionné que la crise a provoqué une baisse mondiale historique de la consommation de gaz naturel, à hauteur de -3% pour 2009 ; l les stocks mondiaux plus importants que prévus ; l et plus particulièrement la hausse spectaculaire inattendue de la production de gaz aux Etats-Unis, de 3,7% en 2009, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction des gaz non conventionnels principalement en ce qui concerne le gaz de schiste. Les pays exportateurs de gaz naturel ont dû fournir des efforts et des investissements colossaux afin de faire face à la demande virtuelle attendue, à titre d'exemple le Qatar est parvenu, grâce à un volontarisme prononcé, à engager le développement de son gaz naturel, en lançant des unités de GNL permettant de valoriser ces généreuses ressources dont il dispose. Contrairement à la Russie qui, non seulement sa première cargaison de GNL date d'avril 2009 à partir du champ de Sakhaline-II, mais elle vient de reporter à une date ultérieure le démarrage des projets GNL de Shtokman. Même si le GNL est un moyen de transport, le gazoduc est l'outil stratégique de la Russie, sa géographie lui permet de livrer le gros de son gaz naturel en Europe et en Asie sans emprunter la mer pour le transit, alors que l'Algérie est l'un des rares pays qui combine les deux modes de transport le gazoduc et le GNL. Cependant et concernant la situation actuelle que connaît le marché du gaz naturel, nous n'avons ni tous les éléments pour en juger de la situation, ni le recul nécessaire, mais nous pensons que la réaction des marchés est démesurée, et que ça ne reflète pas l'effet des fondamentaux du marché, mais on nous annonce que les exportations mondiales de gaz naturel ont diminué. Selon le rapport 2009 de AIE, «A l'échelle mondiale, la part du gaz non conventionnel passe de 12% en 2007 à 15% en 2030. Ce résultat est toutefois entaché d'une incertitude considérable, surtout après 2020». Si on interprète cela avec un peu d'optimisme, on peut dire que la baisse future des approvisionnements de gaz naturel mettra implacablement la pression à la hausse sur les prix du gaz naturel lorsque le marché se rend compte de l'ampleur du déficit de l'offre. Quant à l'OPEP du gaz et malgré la flexibilité du marché que le GNL est en train d'engendrer progressivement, à travers le marché du spot, le niveau de coordination entre les pays se limite au Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), en vertu de l'accord conclu en décembre 2008, à Moscou. La plupart des compagnies gazières des pays exportateurs de gaz naturel, sont à capitaux étatiques majoritaires, donc la décision de la réduction de l'offre est non seulement une décision économique, mais aussi politique. Qu'en est-il dans la réalité ? Pour le moment les stratégies de ces pays ne convergent pas encore, les deux grands pays producteurs, (excepté la Norvège qui n'est pas concernée), le Qatar et la Russie ont eu des attitudes assez floues par rapport à la question, il y a eu beaucoup plus de concurrence et de compétitivité que de coopération, la Russie utilise cette OPEP du gaz, comme un étendard qu'elle agite pour titiller l'Europe à des fins de politique étrangère. Il est à remarquer que la Russie qui n'a pas écarté cette option, ne juge pas utile de faire partie de l'OPEP du pétrole alors que le principe est le même, et les enjeux sont identiques, d'autant qu'elle est le deuxième producteur mondial de pétrole. Du côté de Qatar, nul ne peut ignorer lexcès d'offre de quantités GNL provoqué par la production massive de Qatar qui par la voix de son Emir refuse de diminuer sa production afin de freiner la dégringolade des prix du gaz naturel. Un cartel, suppose un certain esprit de solidarité, chose qui n'a pas été vérifiée entre la Russie et l'Algérie dans le domaine énergétique, malgré le mémorandum de 2006 basé sur un échange d'actifs quand Gazprom, a écarté la candidature de Sonatrach du projet de GNL de la Baltique, malgré son expérience. Le volume des exportations de gaz de l'Algérie se réalise sous forme de contrats à long terme, est estimé à 80% dont le prix est indexé sur les prix du pétrole et le fioul, lorsqu'il s'agit des contrats à long terme, l'Algérie a toujours défendu le principe de la clause «take or pay», même si en pleine euphorie de la montée du prix du gaz, elle a mis en place une stratégie de commercialisation à la faveur des marchés spot. Certainement ces pays auront plusieurs cadres de discussion et de concertation, pour discuter de la situation du marché gazier, ils ont à relever le défi de deux hypothèses: * Favoriser les contrats à long terme avec la clause «take or pay», ce qui peut arranger les affaires de ces pays à terme, donnant ainsi moins de chance à la possibilité de toute cartellisation, du moins tant que la situation actuelle du marché perdure, où chaque pays va faire cavalier seul en mettant en avant tout ce qu'il a comme atouts à travers une stratégie de différenciation du produit ; * Les pays exportateurs de gaz naturel, il est de leurs intérêts de dépasser leur égoïsme étroit et adopter une attitude plus active en favorisant l'émergence d'une OPEP du gaz, afin d'agir sur les mécanismes de loffre et de la demande. * Maître de conférences Université en sciences économiques. Responsable de léquipe de recherche «Economie, environnement et problématique du développement durable dans les pays du Maghreb », Laboratoire de Recherche sur les Economies euro-méditerranéennes «LAREEM»