Au début de la semaine écoulée, un média de langue nationale avait rapporté qu'un ancien député, natif d'une région de l'ouest du pays, aurait eu l'idée de faire relancer les activités d'une ancienne zaouïa dont il est l'un de ses « héritiers » Ce qui est, en somme, tout à fait normal aux temps qui courentL'événement, en lui-même, ne constitue donc pas une actualité médiatique majeure par rapport aux autres faits et gestes, de toutes parts, rapportés au quotidien dans les journaux. A l'exemple de la progression du phénomène de la criminalité sous toutes ses formes, la résurgence du régionalisme pour des broutilles que d'autres veulent les amplifier, despotisme exalté ; le soi-disant retour aux sources qui ont abreuvé, par le passé, les initiateurs de l'unité d'action et du destin et autres slogans s'apparentant à ceux des anciens mots d'ordre à sens unique dont nous avons déjà subis et subissons jusqu'à l'heure actuelle leurs effets pervers, la résurgence du fétichisme sous d'autres apparences « évoluées » etc. Cette dernière ambiance délétère, polarise l'attention, à plus d'un titre, d'autant plus qu'elle est liée au totémisme défini comme : « un système social fondé sur une relation supposée entre les membres d'un groupe et un animal, un végétal ou un objet symbolisant un ancêtre ou un esprit protecteur », serait spécifique aux communautés maghrébines préislamiques voire antérieures aux autres religions monothéistes. Après plus de 14 siècles, il se trouve qu'il y a des gens qui sont encore à ce niveau-là ! Ainsi, ces intervenants, politiques et médiatiques, sont conscients des dangers de ce retour vers l'engouffrement cultuel, pour des raisons de misère morale, par réaction à l'encontre de la rapidité des bouleversements de l'environnement en général et, en particulier, du train de vie d'une minorité de gens, exacerbant ainsi les envies d'anciennes générations frustrées et, donc, tractant dans leur sillage celles du présent voire d'avenir. Qu'importe, semblent réagirent les semblables de l'ex député et, pour preuve, ils sont en train d'investir, avec le même état d'esprit, dans les affaires de toutes sortes et que, donc, l'ex élu n'est que dans son assiette et aspire, pareillement, d'exploiter ce soi-disant don «surnaturel » - attribué à la baraka et autres El gheith : secours - d'autant plus que cette tendance archaïque est largement médiatisée, actuellement, sans que personne ne sache, ou fait semblant du genre ni vu ni connu (1) devenu un leitmotiv de quelques hauts dirigeants de partis politiques, d'où ce soudain engouement tire ses sources et, pour quels intérêts, galope-t-il ainsi et, ce qui est plus lancinant, vers quels « nouveaux » horizons il est en train de nous mener. Par expérience, l'intelligentsia coloniale, du précèdent siècle, pourrait avoir les éléments de réponse à ce sujet ! Au fait, réellement, quelle est la différence entre colonisation de peuplement et d'exploitation ? La question mériterait d'être posée aux penseurs de l'ex Parti libérateur du pays, prenant récemment sur la question des virages à 180 degrés sur la question, d'autant plus que c'est sur sa propre initiative qu'un projet de loi, incriminant le colonialisme aussi bien de peuplement qu'au plan de l'exploitation escamotée-d'où est l'origine de l'injonction ?-d'après leurs dernières déclarations, est sur le bureau du gouvernement terriblement embarrassé. Drôle de coalition-de zaouïas ne pouvions pas nous empêcher d'ajouter-qui s'allie, chacun à sa guise et ses visées diamétralement opposées, à d'autres forces politiques ayant opté pour l'entrisme définitif. Une Zerda de chakhchoukha en perspective ! L'OCCUPATION COLONIALE AVAIT REUSSIE SON UVRE EN CONCENTRANT SES ACTIONS DE SPOLIATION SUR LES SOCIETES TRIBALISEES ET DIVISEES A l'occasion du 1er mai, date symbole liée à l'émancipation, des citoyens et citoyennes, de tous les jougs cultuels, culturels et socioéconomiques, d'ici et d'ailleurs, nous essayerons de relater, un tant soi peu, quelques principaux faits et gestes relatifs aux traits sociologiques des tribus précoloniales et coloniales, se transformant aux temps actuels en comportements sociopolitiques tels qu'observés dans les démarches et approches existentielles de la part des adeptes de ce genre cultuel, lié aux pratiques des zaouïas, d'essence rurale, pour en ce qui concerne la région maghrébine, notamment en Algérie, marquée par l'état d'esprit maraboutique d'autant plus qu'il rapporte gros, de nos jours, mieux que toute autre aptitude d'intellectualisme. A l'image de la sorcellerie et du charlatanisme ! Après les résistances populaires menées, au début de la colonisation française en Algérie, par des chefs de tribus turco maraboutiques contre les kouffar - impies - envahisseurs durant un demi-siècle, les officines militaro coloniales ont initié, sournoisement, un certain nombre de nouvelles lignées « confrériques » - en réalité disparates et antagoniques sciemment instituées dans ce sens - à partir notamment de 1890 (2) leur donnant de nouveaux attributs arrangeant les immenses intérêts de la colonisation de peuplement et d'exploitation. Ainsi, les « bureaux arabes » (3) initiés par des militaires ethnologues d'obédience coloniale avaient établi des nouvelles règles « identitaires » en terme de tribalisme exacerbé, sur la base de nouveaux cheikhismes combinés aux anciens sous influences des kébirs douars ainsi que caidales et autres bachaghismes. Le tout, selon les intérêts du/ou des maîtres du moment. Pratiquement, cela avait duré jusqu'a 1930 coïncidant avec le centenaire de la colonisation, célébré à Paris, avec son défilé clownesque de burnous en bleu, blanc, rouge. Et du vert ! Curieusement des couleurs qu'on retrouvait au sein même des mausolées zaouiaistes. Après, donc, l'avènement du front populaire en France et ses tendances plus ou moins humanistes, de jeunes élites algériennes polarisées, cependant, par le culte de la personnalité charismatique à l'allure d'un Raspoutine (1872-1918). Comme pour les autres pays du Maghreb et d'ailleurs. Ainsi, comme le signalait le défunt Malek Benabi, les élites algériennes en chrysalides ont mué sans crier gare de « la zaouïa maraboutique à celle politique » (4). En d'autres termes, que des mutations absurdes et précipitées. La zaouïa d'aujourd'hui constitue le creuset où s'entremêlent des gros intérêts de toutes sortes et, donc, les pratiques de ses préceptes sont à l'opposé de l'adoration mystique et désintéressée du Créateur telle que prônée, à l'origine, par le soufisme apparu au début du Xe siècle notamment par son théoricien et pratiquant l'Iranien Aboul-Hassan Elkhalijani, et affiné au XII é par l'Andalou Ibn el Arabi; et que ses préceptes sont, souligne-t-on, totalement débranchés des choses vaniteuses de la vie, et ce, tout en sachant que les monastères des autres religions constituent, de nos jours, également, de moins en moins, des lieux de sainteté ! Cependant, la liberté de la presse chez eux, dans tous ses attributs, rapporte librement toutes leurs frasques afin d'éclairer au mieux les sociétés civiles, et ce, pour qu'elles s'éloignent le plus loin.possible des risques et défigurations existentielles. FANTAISIES RETROGRADES DANS UN MONDE Où L'EDUCATION EST AU CUR DES DEFIS DU SIECLE PRESENT Comment peut-on concevoir réaliser une harmonie entre ce qui est archaïque et moderniste ? Comment peut-on obliger des jeunes gens, attirés irrésistiblement par les merveilles des nouvelles technologies d'information et de communication, tous azimuts, ainsi que d'autres découvertes toujours fantastiques, de croire aux derviches versés dans la « pensée » affabulatrice à l'image des slogans uniformises de l'ex parti unique d'ici et d'ailleurs ? A moins de vouloir les rendre schizophrènes. Et alors la, c'est un crime ! C'est comme au siècle passé, d'après le défunt Malek Bennabi, où l'on laissait les femmes balayer dos voûté un parterre poussiéreux alors qu'il aurait suffi de mettre un manche au balai pour que la femme se redresse, et ce, afin d'éviter tous les risques sur la santé des yeux, des poumons, etc. Et, surtout, que cette position relève des pratiques de l'esclavage. Aujourd'hui, l'on note que des médecins, des psychologues, etc. ils ont tous remarqué que les cartables de nos enfants sont exagérément lourds à porter et que, surtout, constituent de véritables dangers, démontrés scientifiquement, sur l'ossature des élèves en pleine constitution physique et mentale. Ainsi, ces jeunes innocents, au fil du temps, dégoûteraient de la scolarisation d'autant plus qu'ils ne sont pas assistés, pour une forte majorité d'entre eux, psychologiquement. D'où les déperditions conjuguées aux attirances contemplatives de l'imaginaire négatif et des tentations, fougue de jeunesse y aidant, vers les paradis artificiels avec tous les risques collatéraux. D'autant plus, que le poulain, tapi au fond de l'âme de chaque jeune d'aujourd'hui, ressurgira un jour ou l'autre à vive allure comme un cheval de course ne regardant que devant lui. D'où la nécessité de prévoir son champ de course sans barrières mystificatrices, puisqu'il serait vain de l'harnacher, en terme de blocage de ses aspirations, dans un siècle qui va plus vite vers la liberté et le progrès que par le passé. LA LIBERTE ET LE PROGRESVONT S'ANCRER QUAND LES GOUVERNANTS FONT CONFIANCE AUX VERTUS DE LA DEMOCRATIE Et, donc, qu'ils éviteraient tout amalgame entre les désirs et caprices personnels et l'avenir de toute une nation. En effet, celle-ci pourrait être éternelle en terme de continuité mais pour une génération nullement. C'est ainsi ! Par contre les vertus de la liberté de pensée et du progrès, dans tous les domaines, accompagneront toute société voulant se débarrasser de ses carcans. En effet, comment peut-on évoluer en encourageant les scories fatalistes, rétrogrades, qui ont engendré l'occupation coloniale ? L'Histoire, avec ses preuves écrites, est là pour témoigner. Leur comportement attentiste actuel confirme leur compromission ancestrale. Aussi, pour progresser vers l'avenir et laisser les faits historiques à l'Histoire, il suffirait d instaurer, intelligemment, le libre cours aux débats controversés dans un contexte serein et, surtout, débarrassé des louangeurs et autres ignares faisant avancer le ventre avant la raison. La compromission avant l'honnêteté. La décennie, de ce premier siècle du troisième millénaire, qu'on vient à peine d'entamer serait chargée d'événements inédits. Forcément ! Par conséquent, les nations qui sauront assurer leur envol, vers la liberté et le progrès, seraient prémunies des retours vers la case départ et, donc, l'immobilisme. A ce propos, un récit historique, datant de la période de la dynastie des Beni Hammad, rapporte qu'un troubadour, proche du maître de leur dernière citadelle, devinant la fin de leur présence, met deux pigeons, l'un avec ses deux ailes intactes, l'autre ses ailes sectionnées, sous un gros plat en bois creux. Il avait au préalable écrit un papier, mis également sous la gassaà, portant l'inscription suivante : « Celui qui s'envolera vivra des jours heureux, tandis que celui qui restera planté au sol subira les affres de la rapacité des autres animaux ». Dont celle du genre humain !!! Notes 1- Un khammès gardien d'une mule, appartenant au propriétaire des lieux, ne pouvant pas empêcher des nomades de la lui voler au cours de la nuit se disculpa en les termes suivants : « Je n'étais ni endormi ni réveillé, et la mule c'est comme elle s'est envoler accompagné par un Djinn » !. 2- Au préalable les sénatus-consultes coloniaux des décennies précédentes avaient préparé le terrain, pour ainsi dire, aux nouvelles zaouïas maraboutiques selon des critères agraires mûrement étudiés et appliqués, selon grosso modo les intérêts des zaouïas turco rurales, au fur et a mesure de l'implantation des colons et de l'allégeance des « élites indigènes ». A titre d'exemple, dans une des régions d'Algérie, les services militaires « ethnologues » ont promu des zaouïas portant des patronymes animaliers et d'errants alléchants pour le monde rural notamment. Souvent, ces Sidi ont pour compagne une Lala aux dons, également, surnaturels d'où l'association souvent comique personnifiée en : ki Lala ki Sidi. « C'est du kif-kif » Aussi, les quatre marabouts instaurés par la colonisation, en plus de ceux vénérés par les grandes tribus de Sidi Derradj au nord du Hodna et Sidi Nail a son sud dont les mausolées ont été rasés, ont remplacé carrément ces derniers fondés durant la présence ottomane. Pour cristalliser leur baraka au sein des tribus, reconstituées selon la formule « diviser pour régner », on racontait que l'un d'eux est arrivé à faire arrêter d'un seul coup, afin de faire sa prière, la micheline AlgerDjelfa transportant l'Alfa : une richesse pour la papeterie d'ici et de métropole de l'époque. Ainsi, cette publicité saugrenue lui aurait permis d'étendre son champ d'action zaouiste des palmeraies oasiennes aux succulentes dattes, en passant par la steppe centrale alfatière et ses agneaux dodus, jusqu'aux monts des oliviers et de karmouss en Kabylie ou le terme zouaoua, apparu tout au début de la colonisation, avait une connotation toute particulière. Par contre, les autres n'ont pas réussi à mystifier leurs clientèles. Deux des trois marabouts sont morts dans le dénuement total et ont servi de cimetières, non moins vénérés post-mortem, a l'image de ceux de la fin de période turco-zaouiste. 3- Parmi les membres de ces « bureaux arabes », nous trouvons un ou deux interprètes, pour la plupart des juifs connaissant la langue arabe et les interdépendances des tribus insoumises mais résignées par la force des lâchetés. Ces interprètes, n'hésitaient pas de dénature les noms de familles, de tribus, de lieux dits, selon les convenances des chefs militaires de ces « bureaux arabes ». Et d'éventuelles dépossessions agraires ! Il y'avait des SNP - sans nom patronymiques -, de bélier - Boukebech -, Benaouda - fils de la jument -, Tabag El Kalb - épaule du chien - et Gharbi, Chergui, Sahraoui, etc. etc. Des noms parfois dégradants voire de servilités. La colonisation, c'est également l'humiliation au tréfonds de l'individu. Durant la révolution, l'on avait installé le 2 è et 5 é bureau, lieux de supplices et d'interrogatoires. Ainsi est la colonisation. Défiguration identitaire au début, torture des corps et des âmes à la fin. Et vice-versa ! 4- « Les conditions de la renaissance » de Malek Bennabi.