Le FLN instaure le prix Mohamed El Ichaoui pour récompenser les journalistes dont les travaux portent sur la Guerre de Libération nationale. Fidèle à lui-même, le FLN a convoqué l'histoire pour fêter la Journée internationale de la liberté de la presse. Au niveau de son siège de Hydra, sur les hauteurs de la capitale, l'ex-parti unique a tenu à réunir à cette occasion, comme l'a signalé le chargé de la communication «moudjahidine, militants, cadres de la Nation et un grand nombre de journalistes venus de l'ensemble des médias nationaux». Le secrétaire général du parti a demandé à l'assistance d'observer une minute de silence à la mémoire des journalistes Baya Gacemi, Mohamed Issami et Mohamed Laghouati, décédés ces derniers jours. Il rendra aussi hommage à tous les journalistes qui «à travers le monde, combattent pour la liberté de la presse et le respect des droits de l'homme.» Il saluera «les journalistes qui ont couvert les récents travaux du FLN (congrès) avec professionnalisme et respect des règles de l'éthique.» Abdelaziz Belkhadem convoquera ainsi, en premier lieu l'histoire pour rappeler que l'esprit de la lettre de Novembre repose sur l'éthique et le respect des libertés ( ). La liberté d'expression ne doit pas naître du néant mais doit s'inspirer de la réalité. Elle ne peut être crédible que si elle s'éloigne du subjectivisme ( ). Elle ne doit en aucun cas être un instrument de destruction et de désordre ( ).» Le SG du FLN estime que le code de l'information actuellement en révision «doit protéger et redonner confiance aux journalistes.» Au passage, il fera référence aux campagnes médiatiques déclenchées en France à la suite de la projection d'un film qui met en évidence les méfaits du colonialisme. «Un film les pousse à parler des croisades, ils les évoquent à chaque fois. Ils se targuent d'être les défenseurs et les garants des droits de l'homme et des libertés mais l'esprit colonial est toujours présent chez eux. Que penseraient-ils si l'on ouvrait les archives ?» s'est-il interrogé. Il rappellera à ceux qui «pensent que le colonialisme a ses bienfaits» qu'«ils ne peuvent changer l'histoire, la page du colonialisme restera à jamais écrite avec ses tortures, son napalm, ses violences et ses atteintes aux libertés et droits de l'homme.» Belkhadem ne manquera pas de souligner pour les besoins de la mémoire que « les Algériens exigent de la France coloniale des excuses et des indemnisations pour tout ce qu'ils ont subi.» Il ouvrira quelques autres pages d'histoire, cette fois celles qui gardent intact le souvenir du premier journaliste algérien qui a dactylographié la lettre du 1er Novembre, le chahid Mohamed El Ichaoui «torturé 16 jours après le déclenchement de la Guerre de Libération nationale.» Chahid que le Professeur Chaulet a connu durant l'hiver 53-54 «quand il écrivait à partir de la France.» Grand défenseur de la cause algérienne, spécialiste en phtisiologie, le professeur Chaulet racontera El Ichaoui, ce journaliste de la première heure qu'il disait qu'on l'appelait «Ho Chi Minh» du leader vietnamien «parce qu'il avait le même front et les mêmes yeux.» Chaulet a été convié à la cérémonie organisée par le FLN au même titre que la famille du chahid notamment sa sœur et son neveu. La famille a tenu à remettre à cet ami de l'Algérie une lettre qu'il avait écrite à Ichaoui lorsque celui-ci était détenu à la prison de Tizi Ouzou. La famille du chahid a aussi remis des documents historiques au SG du FLN qui promet de les déposer aux archives nationales. Désormais, chaque année, le FLN décernera le prix Ichaoui aux meilleurs travaux de journalistes sur la Guerre de Libération nationale. Son SG assure la corporation que l'instauration de ce prix profitera à ceux des journalistes qui oeuvreront pour la reconstitution de la mémoire. «Des structures seront installées prochainement pour fixer les critères qui permettront de participer au concours que le FLN organisera chaque 3 mai, Journée de la liberté de la presse, pour récompenser le meilleur travail dans ce sens,» a dit Belkhadem.